A propos d’adduction – pigeon voyageur
L’adduction c’est faire prendre au pigeon un nouveau logement.
Ce peut être simplement changer un pigeon de colombier, mettre un pigeonneau récemment sevré au colombier des jeunes. Ca c’est le plus quotidien. Mais convaincre un adulte étranger récemment introduit de rester à sa nouvelle demeure est beaucoup plus délicat.
Le problème a toujours les mêmes bases. Tout d’abord, dans le colombier même, la possession d’une nichette, d’un perchoir ou d’une case selon l’âge. Ensuite la discipline des repas et très utilement la création du réflexe conditionné « sifflet repas ». Enfin la sexualité en ce qui concerne les adultes. Tout cela comme première condition. Ensuite il y a les relations de l’extérieur. Un pigeon ne peut revenir au colombier que s’il l’a situé dans l’espace. Il est un peu comme un enfant analphabète dans une ville inconnue. Cela suppose d’abord une cage de trappe (un grand spoutnik) qui lui permette de voir les alentours au moins devant le colombier, pendant quelque temps. Après, ce sera du doigté. Le soir, « à la brune » est un moment favorable, les pigeons ayant peu tendance à s’éloigner. On lâche le pigeon à adduire avec les autres, si possible sur une « pointe de faim » qui incite à rentrer après quelques minutes au sifflet.
C’est le moment le plus délicat.
En fin d’année, il est fréquent de voir revenir des pigeons perdus au cours de la saison. La raison est toute simple.
Celui qui a récupéré (?) ce pigeon, l’a adduit (les veufs qu’on accouple sont plus faciles à adduire) mais l’a séparé de sa femelle pour l’hiver.
On ne doit jamais séparer de sa femelle un pigeon adduit, ou alors, il faut le tenir enfermé au colombier.
Le pigeon adulte adduit restera toujours un instable. La moindre contrariété peut provoquer son retour à son ancien colombier. C’est dire que son exploitation sportive sera toujours aléatoire.
Tous les amateurs ont entendu raconter l’histoire d’un pigeon qui s’est rendu, lors d’un concours, dans un colombier étranger et qui, rendu à son propriétaire, retourne au concours suivant dans son colombier d’adoption.
Son nouveau propriétaire, après quelques semaines, le rejoue et le pigeon tombe à son colombier initial. Inexploitable. Donc supprimer, ou, si c’est un tout bon, mise à la reproduction. En tout cas, finis les concours.
On assiste un peu au même scénario dans les colonies où les pipants sont trop nombreux. Tout pipant ne possédant pas sa nichette ou sa planchette disparaîtra au toit ou au premier entraînement. Voilà une des raisons d’éviter la surpopulation et en particulier de baguer tout et n’importe quoi.
Dans ma propre colonie, de par la répartition nécessaire de mes colombiers, je suis amené chaque fin de saison à adduire les rescapés de ma sélection de yearlings, de leur colombier de jardin d’origine (ils y ont été adduits au sevrage après avoir été élevés en volière) où ils ont été entraînés un peu l’année de leur naissance et sérieusement comme yearlings, au colombier de grenier où ils feront carrière de veufs.
Tout d’abord, dans ma région qui fourmille de chasseurs virulents et pas du tout colombophiles, il est illusoire de continuer à lâcher ses pigeons pendant la saison de chasse. Ils resteront donc enfermés au colombier tout l’hiver mais disposant d’une grande cage extérieure, permettant de situer les environs. Chaque yearling est accouplé autant que possible avec la femelle qui occupait la case (accouplée à son prédécesseur perdu ou éliminé pour résultats insuffisants). Ils vont y élever un jeune puis resteront accouplés jusqu’en février, les œufs pondus étant systématiquement remplacés par des œufs de plâtre. Fin février séparation des sexes, les femelles mises en cases individuelles et réaccouplement fin mars pour mise au veuvage sur œufs de 8-10 jours. C’est au moment de la chasse à nid qu’a lieu l’adduction.
Elle se passe en général bien.
Tout mâle réfractaire à l’adduction est en fait victime d’un « caïd » qui a pris 2 cases.
Après un bain forcé énergique (la tête plusieurs fois immergée dans l’eau froide presque jusqu’à pamoison) ce caïd remis dans sa case s’y tiendra tranquille.
Je voudrais terminer par un conseil aux débutants. La plupart craignent de sevrer les pipants trop tôt. C’est une erreur. Si on nourrit les reproducteurs à la case dès que les pipants ont une quinzaine de jours, en quelques jours ils sauront manger seuls et pourront être sevrés. Juste vérifier au bout de 2 jours, qu’ils savent boire, en leur mettant la tête dans l’eau. Sevrés trop tard, ces pipants seront trop forts et suivront leurs congénères à la volée avant d’avoir pris une nichette et fait connaissance de leur environnement. Beaucoup alors se perdront au toit.
[ Source: Article édité par Dr. Vét. JP. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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