Accoupler et Elever – pigeon voyageur
C’est très en vogue pour l’heure d’enlever les premiers œufs des producteurs pour les passer ailleurs. On obtient ainsi trois à quatre jeunes hâtifs des producteurs et on pourra vérifier plus intensément ce que valent les uns et les autres.
Novembre et le début de décembre ont bénéficié d’un climat quasi estival. J’ai réunis les producteurs et les futurs veufs le 25 novembre. A l’exception de quelques couples qui donnent régulièrement des jeunes valables toutes les autres unions ont été défaites. Une partie a été éliminée après sélection et remplacée par des nouveaux venus à l’élevage. Ceux qui pouvaient rester en place ont eu un nouveau partenaire. Je n’accorde plus beaucoup de temps aux accouplements. Je ne crois pas à la réalité des accouplements « judicieux». Mon élevage n’admet que des pigeons qui ont prouvé leur talent dans les concours ou des descendants de ceux-ci. Ce doivent être de plus des sujets qui tombent bien en main. Je n’admets des pigeons présentant des défauts au colombier d’élevage. Je ne dirai pas que j’ouvre la porte et laisse faire, mais je n’obtiendrai pas de meilleurs jeunes si je mets trois jours plutôt que trente secondes à former les couples. Comme vous savez, les éleveurs avaient été pré-accouplés au début du mois de novembre. Lorsque de nombreux couples sont modifiés, beaucoup de pigeons doivent changer de casier et cela pose problème lors des pré-accouplements. Les couples qui ne se trouvent sont isolés alors au colombier des jeunes, qui est vide à ce moment. Une fois seuls ils ne mettent pas longtemps pour trouver la flamme et s’unir. Une fois là, j’enferme un pareil couple pour une nuitée dans un casier au colombier d’élevage. Le lendemain ils sont libérés durant toute la journée pour se « faire» à leur casier. Les autres mâles – dont les femelles ont été retirées – sont alors enfermés au casier à leur tour. Le pré-accouplement nécessite pas mal de travail, mais on s’en trouve fort bien récompensé au moment des accouplements définitifs.
Les veufs
Plus de quarante veufs occupent les quatre cages dont les portes restent ouvertes. J’y libère les femelles et je laisse faire. Elles peuvent choisir leur partenaire. Toujours avec les portes ouvertes. Quelques » anciens» ont pris deux casiers obligeant l’un ou I[autre nouveau-venu de rester au sol. Je n’interviens pas dans l’immédiat. Lorsque je procède aux accouplements définitifs en avril je mets de l’ordre dans la maison et je ferme les portes pour quelques jours. J’enferme alors alternativement les mâles qui prétendent occuper deux ou trois casiers et ceux auxquels les casiers sont destinés. Ils ne sont libérés simultanément que lorsque je peux rester au colombier. Dès qu’un imposteur s’attaque au casier d’un voisin je lui inflige une petite correction et cela porte. Après deux, trois interventions il n’insiste plus et le problème est résolu. Mon meilleur veuf, le 036/99, s’est approprié le casier d’un voisin. Je laisse faire provisoirement et j’hésite même à le corriger en avril. Il est fort probable que je laisserai le 036 occuper les deux casiers qu’il veut siens et que j’enlèverai l’autre occupant du colombier.
La ponte
Malgré les bonnes conditions climatiques mes pigeons n’ont pas pondu aisément. Le 16 décembre, soit plus de trois semaines après les accouplements j[en étais à 70 % de pontes. Un amateur qui avait accouplé à la même date que moi m’apprenait le 10 décembre que tous les œufs étaient dans les plateaux. Je me suis demandé si je devais douter de ce qu’il me racontait ou de moi-même. Cela ne m’a pas empêché de dormir. Mes pigeons affichent une parfaite condition. C’est peut-être propre à la souche. Je vis quasiment chaque année le même scénario, mais je dispose toujours du nombre voulu de pigeonneaux à la sortie. Vers le 20 décembre, alors que les œufs sont couvés depuis une dizaine de jours, j’enlève ceux des éleveurs que je peux passer à des yearlings futurs veufs. Les éleveurs restent en couples, même le couple dont la femelle venait de pondre son deuxième œuf et dont j’ai passé les deux ailleurs. J’avais agi de la même manière I[année dernière et la deuxième ponte s’était passée bien plus rondement que la première. Tous les plateaux qui avaient été piratés avaient à nouveaux des œufs après quinze jours.
Alimentation et soins
Lors des accouplements j’en suis toujours au mélange mue. Les pigeons ont tendance à s’empâter l’hiver et la graisse entrave le bon déroulement des accouplements. Je ne vois aucune raison de passer au mélange élevage au moment ou avant d’accoupler. Le mélange élevage est au menu lorsque les œufs doivent éclore. Le colombier d’élevage est pourvu d’une mangeoire à remplissage automatique. Il est difficile d’y ajouter de la levure de bière, de l’huile d’ail ou autre chose de ce genre. Mes éleveurs reçoivent une alimentation adaptée, ajoutée de grit, de pierre à picorer et de vitaminéral tout au long de l’année. Je les vaccine une fois l’an contre la paramyxovirose et contre la paratyphose. Lorsqu’ils ont des jeunes au nid je fais une cure de 7 jours contre la trichomoniase. Rien de plus dans l’année pour les éleveurs. Ils ne reçoivent même pas de vitamines. J’attache plus d’attention aux veufs et aux femelles voyageuses. Lors de la grande mue et durant l’hiver, je leur présente régulièrement de la levure de bière, de la Naturaline, du vinaigre de pommes et, surtout durant la mue, du Sedochol de temps à autres. L’élevage d’hiver terminé, les veufs passent pour près de deux mois en volière. Les femelles voyageuses séjournent également en volière et plus longtemps. Durant leur séjour en volière les pigeons de concours doivent se satisfaire d’eau claire et de graines.
Un faux pas
Je me dois de vous raconter comment j’ai été victime d’un énorme faux pas. Comme à l’habitude j’avais accouplé mes éleveurs et futurs veufs à la fin du mois de novembre. Ayant parfaitement réussi l’année d’avant à passer les œufs de mes meilleurs éleveurs sous des futurs veufs yearlings, je tenais à répéter cela cette année. Comme je ne pouvais mettre la main sur une petite caisse ou une boîte pour y poser les œufs, j’ai cru qu’un petit panier (de deux) rempli de copeaux pouvait faire l’affaire. Après les avoir marqués prudemment un à un j’ai posé les oeufs dans le panier. L’accident est survenu à mi-parcours entre la volière et le colombier de veuvage. Je ne sais comment, mais le petit panier s’est ouvert comme par un déclic, projetant une dizaine d’œufs au sol. Plus de la moitié étaient cassés, d’autres fêlés. Ils n’ont pas tous subi le même sort, heureusement. Je me demande toujours comment ai-je pu être tête en l’air à ce point et comment le panier a pu s’ouvrir? Faut-il en être à mes années de pratique colombophile pour commettre pareille boulette? Je puis vous certifier que cela ne m’arrivera plus, même si je devais encore jouer à pigeons dans deux cents ans !
Pointage à l’électronique
On n’a pas fini de discuter au sujet du pointage électronique en Belgique et il ne faut s’attendre à ce que cela finisse avant peu. L’électronique n’est toujours pas autorisée en vitesse, mais nous pouvons l’installer pour le fond et le demi-fond. Il n’est pas possible d’arrêter le progrès et la modernisation. De prime abord cela semble compliqué, mais une fois que nous nous y serons faits les préjugés seront vite oubliés. Les pays voisins ont déjà vécu cela. Je me suis laissé tenter et j’ai commandé un appareil. On viendra l’installer à la fin du mois de mars. D’ici à cette date les veufs et les femelles voyageuses séjourneront en volière. J’ai l’intention de ramener les veufs et leurs femelles au colombier le 28 mars – après les petits travaux – et de les laisser couver cinq à six jours avant d’engager le veuvage. La bonne condition se manifestera un peu plus tard que les années précédentes. Normalement les pigeons auraient dû revenir au colombier à la mi-mars, mais j’ai préféré attendre que l’installation soit terminée.
Les pigeonneaux
J’ai pu sevrer 66 pigeonneaux hâtifs. A ce jour, fin mars, tout se passe bien. Sept jeunes ont trouvé la mort dans les câbles à haute tension. Il est top tôt pour se dire satisfait (quand même), mais je crois que le plus grand danger sera passé d’ici deux à trois semaines lorsqu’ils seront habitués. Je n’ai perdu que deux jeunes au toit et j’en ai écartés quelques-uns qui ne me plaisaient pas à 100 %. Il en reste une cinquantaine actuellement. La soixantaine du deuxième tour commence à déployer les ailes; mais sans prendre contact avec les câbles. J’ai constaté à répétition qu’il faut qu’ils tapent quelques fois dedans, avec le mal que cela provoque, avant qu’ils connaissent le danger et l’évitent. Il y a quelques jours j’ai décelé une légère atteinte d’adenovirose chez les jeunes du deuxième tour. Quelques-uns avaient vomi et j’ai trouvé des mauvaises fientes dans deux, trois casiers. J’ai ajouté sans tarder du Cosumix à l’eau de boisson (1,5 g au litre) et nourri avec du mélange diète uniquement durant cinq jours. Après deux jours un jeune gisait mort au sol, avec le jabot plein d’eau. Après trois jours les autres ne présentaient plus aucun signe alarmant. Il est possible que l’épidémie a été rapidement réduite parce que je leur avais injecté par deux fois de l’E.D.S. auparavant. Je croise les doigts pour que le pire soit passé.
[ Source: Article édité par M. André ROODHOOFT – Revue PIGEON RIT ]
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Pré-Accouplement – pigeon voyageur
Conseil n°19 – pigeon voyageur