laile de pigeon
1 octobre 2021 Par admin

Questions difficiles au sujet de l’aile de pigeon

laile de pigeon

La Rédaction m’a demandé de traiter une série de questions au sujet de l’aile posées par un lecteur. Le lecteur en question s’attend très probablement à recevoir une réponse précise et a être fixé définitivement sur la question de l’aile. Je m’empresse de déclarer qu’être fixé définitivement sur la question des ailes, est impossible. Croire le contraire, c’est nier d’avance toute possibilité de progrès dans ce domaine tant controversé.
Le pigeon actuel est tellement différent de celui d’il y a un siècle, que personne n’est autorisé à affirmer que d’ici fort peu de temps. (peut-être) des changements au moins aussi importants ne seront pas observés dans nos cultures.
Comparez seulement les caroncules du pigeon actuel et les bordures de ses yeux, avec celles des pigeons d’avant et même d’après 1914. Plus de bordures roses ni surtout rouges. Plus de « gros nez » non plus, même chez les sujets de plus de cinq ans.
L’élimination des fortes caroncules et des bordures chargées, s’est faite rapidement. Pourquoi n’assisterions-nous pas, tout au moins progressivement, à de profondes modifications dans l’aspect des ailes?



Il n’est pas indispensable, pour arriver à de telles modifications, de chercher à les obtenir par des accouplements effectués dans ce but. La seule élimination par le panier des oiseaux les moins doués, est capable d’apporter les modifications qui donneront à nos pigeons les ailes les mieux adaptées à nos exigences dans le domaine sportif.
A force de trier par le panier et de se montrer de plus en plus féroce dans la suppression des moins doués, on finit par ne plus permettre qu’aux mieux adaptés de se reproduire entre eux. Ce qui rend possible une évolution de plus en plus rapide qui transformera sans doute les ailes de nos favoris de manière à les rendre de plus en plus rapides et endurants.
L’amateur qui a posé ces questions a tenu à préciser quelques points sur lesquels chacun sera d’accord.
Inutile de nous appesantir là-dessus. Examinons plutôt les questions auxquelles il désire obtenir des réponses précises. La première concerne la vitesse par vent chassant et par vent debout. La deuxième a trait au long cours, également par vent chassant et par vent debout.
A mon sens, ces questions sont mal posées. Le bras, l’avant-bras et la main du pigeon sont des composés de leviers. L’intérêt du colombophile consiste à raccourcir le bras et l’avant-bras, et à allonger la main au maximum. Plus le bras sera court (ce n’est pas aisé à mesurer, mais un trieur habile le sent sans mesure) et plus l’oiseau pourra mouvoir facilement ses ailes. C’est ce que j’ai fait remarquer il y a près de 40 ans déjà, dans mon premier livre intitulé « Comment lutter contre les professionnels ». Au point de vue pratique. l’avant-bras auquel sont attachés les rémiges secondaires (arrière-aile) est assez facile à mesurer et sa longueur est proportionnelle à celle du bras. Plus l’avant-bras est court et plus le bras l’est généralement aussi, Les exceptions (s’il y en a) doivent être rarissimes. Quand à la main ou si l’on préfère -l’extrémité digitée », elle sera d’autant plus longue que l’oiseau sera fin voilier.
Pour la vitesse comme pour le fond, par vent chassant comme par vent debout, le pigeon à aile longue sera avantagé sur le pigeon à aile courte, si les autres valeurs rentrant en ligne de compte — muscles, coeur, système respiratoire — sont proportionnellement développés. Car, il ne faut jamais oublier qu’il y a d’autres éléments qui entrent en ligne de compte quand il s’agit d’apprécier un pigeon.
A chaque concours, des problèmes se posent qui sont toujours différents et que l’oiseau doit résoudre par des moyens appropriés qui ne sont pas seulement le moyen de ses ailes. La longueur de celles-ci ne fait pas seule leur perfection. Il y a des ailes longues qui sont moins favorables au vol rapide et soutenu que des ailes moyennes et même courtes. Leur conformation, la qualité de leurs rémiges, c’est-à-dire principalement leur texture et leur souplesse, importent souvent plus que leurs dimensions.
L’arrière-aile, dans la mesure du possible, doit être étroite, d’autant plus étroite que l’oiseau est petit. Une arrière-aile large est théoriquement favorable à la sustentation, mais défavorable à la vitesse du vol. En général, les pigeons à arrière-aile large ou, si vous préférez, profonde, sont des sujets lents, qui prennent leur temps mais qui peuvent tenir l’air durant de longues heures. Au long cours, ils se classent habituellement lorsque les vitesses moyennes sont plutôt restreintes, et lorsque les rentrées se font le lendemain du lâcher. Par vent debout, en vitesse, en demi-fond et même au long cours, les oiseaux à aile courte mais bien ventilée, même s’ils ont l’arrière-aile plutôt profonde, sont en mesure de lutter avantageusement avec leurs concurrents aux ailes longues. Le vent de bec leur impose un rude effort mais si cet effort n’est pas trop prolongé, il constitue le seul élément atmosphérique favorable à leur déplacement.
Par contre, le vent de queue leur impose un travail dont ils sortent rapidement fourbus. Les autres questions faites ne sont guère mieux posées. Et tout d’abord la première: « Etes-vous d’accord pour que les trois dernières rémiges primaires soient de la même longueur? » Cela ne signifie pas que ces rémiges soient également longues (ce qu’on pourrait prouver le mieux en les conservant lorsqu’elles tombent), mais que, l’aile étant déployée, leur extrémité soit sur une même ligne.



Depuis des dizaines d’années, trieurs et colombophiles recherchent cette disposition particulière. A tort ou à raison? Dans une certaine mesure « à raison ». Dans une autre, « à tort ». Parce qu’un pigeon dont les trois dernières rémiges semblent de même longueur, présente ce qu’on a appelé « une fin d’aile » bien ventilée. Mais il existe une autre disposition qui serait encore plus favorable: la longueur de la huitième dépassant celle de la neuvième et la longueur de celle-ci, celle de la dixième. Toujours « en apparence » et l’aile ouverte, bien entendu. Cette disposition, je l’ai observée pendant la guerre chez le fameux « Lwange » (le sot) de Pierre d’Andenne et, il y a plus de 20 ans, chez une extraordinaire pigeonne de M. Laurent de Bouilon. Cette femelle venait de remporter un prix de tête, contre tous les professionnels et les veuveurs du pays.
Passons, si vous le voulez bien, à la dernière question: « Etes-vous partisan des trois grandes intervalles se présentant entre les quatre grandes (disons dernières) primaires, l’aile ouverte? »
Il n’y a plus personne, je pense, qui différera d’avis sur ce point essentiel. La Nature, désireuse de faciliter l’échappement de l’air à la relevée de l’aile, a d’ailleurs voulu que les dernières rémiges pivotent sur leur base dans ce but. Plus l’écart sera grand entre les dernières pennes de l’aile et plus aisément l’air pourra s’échapper.
Voyons enfin les questions suivantes: « Etes-vous d’accord que la septième primaire soit plus grande que la sixième, en un mot que le décalage entre la sixième et la septième soit plus grand que pour les autres primaires? » « Etes-vous d’accord pour la largeur de la plume ne soit pas trop grande à la base? » « Quel arrondi préférez-vous pour les quatre ultimes primaires? »
Ces questions sont notoirement inspirées par ce qu’on nomme « la théorie de l’aile ». Elles pour-raient être posées avec plus de précision sans doute, mais chacun les comprendra.
Je ne ferai aucun mystère à confirmer que je suis d’accord, sur ces points. avec mes amis Somville et Vanderschelden. Sur la plupart des autres points également. Ce qu’ils nomment « l’arrondi », des dernières pennes ne peut, évidemment, que rendre aisé le moyen de déplacement le plus rude qui soit: le vol ramé qui est le vol du pigeon.
Qu’il y ait, selon moi, d’autres points à considérer que ceux qui concernent l’aile et l’arrière-aile du pigeon, je n’en ai jamais fait mystère non plus.

Henry Landercy


Notice :

aile pigeon frères Janssen dArendonk

Cette photo de l’aile déployée d’un magnifique mâle provenant des colombiers des frères Janssen d’Arendonk. Une arrière-aile compacte, les plumes très près les unes des autres et bien protégées par dessus. Les pennes de l’aile s’emboîtent à merveille . dans la partie inférieure de celle-ci. Les dernière pennes, admirablement dessinées, les extrémités arrondies et écartées, favorisent par leur écartement et leur souplesse ce brassage de l’air indispensable à un vol rapide.

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  • La question de l’aile fera encore couler beaucoup d’encre. On peut se demander si l’essentiel, notamment que « la fonction crée l’organe n’est pas souvent oublié? Le pigeon, qui est obligé de suivre le vol de ses concurrents tout en étant handicapé par son aile, va « dans la mesure du possible » combler cet handicap par un développement extraordinaire de sa puissance cardiaque respiratoire et musculaire. Ce développement, il ne l’atteindrait pas s’il avait une aile qu’on nomme « parfaite ».

[ Source: Article édité par M. Henry Landercy – Revue PIGEON RIT ] 

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