Beaucoup d’appels, mais peu d’élus – pigeon voyageur
Nous devons étudier et connaître l’organisme et le tempérament de chaque pigeon et tirer parti de cette connaissance, en engageant chaque pigeon aux distances qui lui conviennent le mieux.
Paavo Nurmi (1), le fameux recordman de sport pédestre, déclarait il n’y a pas bien longtemps à un chroniqueur sportif, que le raisonnement et la réflexion sont absolument nécessaires dans le sport et que l’étude de son propre organisme joue un rôle capital dans toutes ses tentatives de record. C’est pour ce motif qu’à chacune de ses courses il serrait un chronomètre dans sa main, afin de régler son allure, et il avait tellement approfondi son organisme, qu’il savait fort bien à quel moment et dans quelle mesure il pouvait en exiger l’ultime et décisif effort. Ainsi s’explique-t-on aussi que les athlètes impulsifs et tout en nerfs sont plus vite usés que ceux qui dosent et calculent chaque effort. Nous autres, colombophiles, nous ferons bien d’aller prendre des leçons dans le monde des athlètes, car de nos jours un pigeon doit être éduqué comme un vrai athlète, pour encore pouvoir se défendre convenablement. La pratique du sport colombophile en est devenue d’autant plus compliquée et difficile, mais par contre dans notre sport, chaque peine qu’on se donne, est également récompensée. Que nous enseignent les premières lignes de cette petite causerie ? Que nous devons étudier et connaître l’organisme et le tempérament de chaque pigeon et tirer parti de cette connaissance, en engageant chaque pigeon aux distances qui lui conviennent le mieux. Eh bien, beaucoup de voyageurs de valeur n’ont pas l’occasion de montrer leur valeur sportive, parce qu’on ne les enloge pas aux.distances qui leur conviennent.
Aussi, n’hésitez pas d’essayer à de plus longues portées tels pigeons qui reviennent dans un bel état de fraîcheur et qui sait, vous dénicherez peut-être dans ce lot un champion. Ainsi, un de mes amis parvenait difficilement à glaner un petit prix. Sur mes instances, il envoya en deux bonds ses pigeons à Bordeaux et y remporta un brillant résultat. Peut-on s’imaginer combien de forts et extras pigeons ont été impitoyablement sacrifiés parce qu’ils ne se classaient pas dans les prix d’un concours de 100 km ? (2)
Le mois de juillet se prête pour juger de la spécialité individuelle de chaque pigeon. Car, c’est là la tâche de tout amateur d’étudier ses pigeons et de les classer d’après leur force et leur endurance. Trop souvent on claque de bons pigeons, parce qu’on demande d’eux un travail excessif, tandis que les autres n’ont pas l’occasion de montrer leur force. Oui„ des bons pigeons il y en assez, mais bien souvent l’amateur n’en retire pas ce qu’il a de bon dans le ventre. Plusieurs lecteurs nous ont demandé notre avis sur la question du jeu avec les pigeonneaux. En règle générale, je puis hardiment avancer qu’il est radicalement à déconseiller de beaucoup jouer avec des pigeonneaux « travaillés », si on veut en faire plus tard de bons vieux. Par « travaillés » je veux dire: accouplés ou excités au moyen de petites graines. Chaque amateur verra bien de lui-même ce qui convient le mieux à sa race. Certaines races se développent lentement. C’est dans cette catégorie de pigeons qu’on a souvent de grandes pertes à déplorer quand on les joue comme jeunes. D’autres pigeons sont précoces et de ce fait très aptes à concourir comme jeune, c’est dans leur jeune âge qu’ils remportent leurs plus beaux résultats, auxquels la plupart du temps ils ne savent plus prétendre par la suite.
Le « tôt mûr, tôt pourri » s’applique parfaitement à nos pigeons. En conséquence, ne vous étonnez pas si je conseille de calmer l’ardeur de vos pigeons, si vous pensez en faire plus tard des champions (3). Voici notre méthode personnelle, appliquée aux jeunes de l’année. Tout d’abord nous dénichons les meilleurs (à notre idée), que nous entraînerons quelques fois jusque 100 km. Tous les autres sont confiées au panier et joués 5 à 6 fois. Nous conservons encore de ce lot ceux qui reviennent le mieux et le plus frais, si toutefois ils ne sont pas porteurs de grands défauts. Bien souvent après cette élimination il n’en reste plus guère beaucoup, heureusement ce n’est pas la quantité qui compte, mais bien la qualité !
On remarque chaque année que grand nombre de pigeons sont mis hors de combat aussitôt que les poquettes et le muguet jaune font leur apparition durant les concours des jeunes. Il est plus facile de prévenir une maladie que de la guérir, c’est pourquoi je conseille aux amateurs qui sont ennuyés par le jaune ou les poquettes, de bien purifier le sang de leurs jeunes.
Le meilleur remède sera de donner de l’eau additionnée de levure pendant trois jours. On délaie un peu de levure de bière dans l’eau de boisson en proportion d’une cuillerée à café par litre d’eau (4).
Beaucoup de colombophiles ignorent les soins dont ils doivent entourer leurs pigeons au retour des concours. La plupart constatent, se dépêchent vers le local avec leur appareil et se préoccupent le moins du monde s’ils sont bien soignés. Les retardataires tout spécialement sont négligés. Cette manière de faire constitue une grave erreur et il est fort compréhensible que de tels pigeons reprennent difficilement la forme. Voici comment nous procédons:
1) Quand nos pigeons rentrent de voyage, ils ne peuvent pas s’épuiser à nourrir leur jeune, car nous aurons eu soin de gaver nous-mêmes les jeunes avant le retour des parents.
2) Par temps chaud nous évitons de donner de la boisson trop froide. Au contraire, en vue du retour, nous ajoutons toujours un peu de miel à la boisson que nous aurons fait fondre dans de l’eau tiède. Le miel efface en peu de temps toute trace de fatigue (5).
3) Comme nourriture, on leur sert du froment, maïs, de l’orge et un peu de riz, du colza et de lin. Le pain grillé n’est pas non plus à déconseiller. Mais jamais des féveroles, à moins en toute petite quantité le soir, quand le concours n’a pas été des plus dures (6). Voulez-vous une recette meilleure que toutes les pilules de vitesse, pilules réconfortantes et tout le saint tremblement réunis ? Faites un mélange composé de la sorte: une cuiller à soupe de miel, deux biscottes et un jaune d’oeuf. Bien mélanger le tout et le faire griller un peu sur le feu. Servez cela en toute tranquillité comme dessert à vos pigeons.
Noël De Scheemaecker
Notices :
- (1) Paavo Nurmi, coureur de demi- fond de réputation mondiale au cours des années ’30 et ’40 du siècle passé, est venu décrocher deux médailles d’or et une d’argent aux Jeux Olympiques d’Anvers en 1920. Le Finlandais remporta même cinq médailles d’or à Paris en 1924 et il s’en tint à une médaille d’or et deux d’argent à Amsterdam en 1928. Paavo ne put participer aux Jeux de Los Angeles en 1932, sous prétexte qu’il avait déjà remporté douze médailles aux Jeux précédents. Malgré quoi nous continuons de prétendre « qu’il est plus important de participer que de gagner ! Nurmi a aussi établi un record mondial légendaire sur le mile (1609 m) en 4’10 » 4/10 en 1923.
- (2) Ce que Noël De Scheemaecker écrivait ici, est toujours d’actualité. Il ne faut pas tester un pigeon de fond en vitesse ou en demi-fond, mais sur ses distances.
- (3) Septante ans plus tard, les joueurs de fond se contentent toujours de dresser leurs jeunes, sans plus.
- (4) Des pigeons porteurs de poquettes virus) ne peuvent être guéris avec un médicament ou un vaccin. La vaccination est seulement préventive et elle doit se pratiquer avant que le virus soit dans le corps. En 1934 on conseillait de donner de la levure de bière, aux pigeons qui avaient des poquettes. Le produit est toujours efficace de nos jours. Il permet aux pigeons de combattre le virus et de bâtir une immunité.
- (5) Riche en glucose le miel présente l’avantage d’être rapidement absorbé par le sang. Actuellement les préparations d’électrolytes contiennent jusqu’à 90 % de glucose.
- (6) Le froment, l’orge, le riz et les petites graines sont toujours les principaux composants du mélange (dépuratif) que nous donnons aux pigeons au retour des concours.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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