Bilan à la fin d’une saison – pigeon voyageur
La saison touche à sa fin. Beaucoup d’amateurs ont déserté les concours. D’autres veulent encore une .dernière fois éprouver les ailes, soit à Bourges et Angoulême, avec les pigeonneaux, soit dans les concours régionaux où il y a parfois beaucoup à gagner. Mais à notre avis le jeu est devenu d’importance secondaire en cette période de l’année. Toute notre attention doit être concentrée sur 1968, et cette fin de saison, nous semble le meilleur moment pour préparer la saison prochaine.
TROIS QUESTIONS
Tout colombophile doit, dès à présent, se poser trois questions. Leurs réponses lui permettront de faire le bilan de la saison qui s’achève, mais aussi d’établir les possibilités de celle à venir. Et d’abord il faut prendre conscience des pertes que l’on a subies, et par la même occasion se demander si les produits des producteurs ont donné satisfaction. Ensuite, il faudra bien réfléchir et se demander Si la réponse aux deux questions précédentes ne va pas de pair avec l’installation du colombier : « Est-ce que cette installation est bien telle qu’elle devrait être ? »
Ici, le véritable amateur doit se garder des excuses faciles, en cas d’échec. L’on attribue par trop facilement la perte de pigeons ou d’argent au temps. Restons objectifs, même lorsqu’il est question de nos propres pigeons. Il est vrai que nous avons connu en cette saison beaucoup de concours par temps défavorables : chaleur, vent de face, etc… Mais les véritables journées de catastrophe telles que nous les avons connues jadis nous furent épargnées.
Au risque de nous mettre en désaccord avec quelques-uns, nous osons affirmer que c’est une véritable année de colombophile qui touche à sa fin ; une vraie saison pour séparer l’ivraie d’avec le bon grain. En effet, durant la plupart de ces samedis et ces dimanches les pigeons eurent à faire la preuve de leur valeur réelle. Bien sûr, il y a eu des accidents, comme c’est le cas chaque année. Il y a eu d’imprévisibles malchances. Tout cela est vrai, mais dans l’en-semble l’année était normale. Je veux dire que les colombophiles qui ont subi de lourdes pertes doivent avoir le courage de s’en prendre à eux-mêmes et de faire leur mea culpa. Ne devons-nous pas nous demander dans ces cas-là si nos pigeons étaient bien préparés, s’ils étaient bien dressés et entraînés et s’ils avaient été rationnellement nourris. Et en cas de réponse négative nous sommes seuls responsables de nos pertes, et il vaut alors mieux nous efforcer d’améliorer, avec un nouveau courage et avec la patience nécessaire, notre façon d’agir, afin de réparer en 1968 ce que nous avons gâché cette année.
AMELIORER LE COLOMBIER
J’ai moi-même consacré beaucoup de temps, d’argent et de soin à mes colombiers. Ils sont aussi bons que j’ai pu les faire. Durant ma vie, j’ai pu visiter des centaines dé colombiers variant entre celui du grand champion et celui du simple colombophile. J’en ai vu de mauvais, de bons, et de très bons. Je n’ai pas encore trouvé l’installation idéale. Je dis cela pour rendre clair que dans la plupart des colombiers bien des choses peuvent souvent être améliorées. Le principal, c’est l’aération, car plus que de n’importe quoi d’autre le pigeon a besoin d’oxygène. Cette aération doit pouvoir être réglée de telle manière que les pigeons restent hors du courant d’air. Le meilleur système me semble une circulation d’air qui prend sa source à la façade au niveau du plancher qui mène l’air au-dessus des casiers vers une sortie.
On peut réaliser cela avec de vieilles tuiles — entre lesquelles il reste généralement suffisamment d’interstices — ou bien au moyen d’un tuyau d’aération ou d’une réserve d’air au-dessus du colombier, isolé dans la partie supérieure au moyen de lattes. Là-dessus, on peut installer des plaques de triplex lesquelles plaques devront pou-voir glisser de telle manière qu’on puisse ouvrir ou fermer. Afin de protéger les pigeons du courant d’air, il est souhaitable de faire un colombier aussi profond que possible. C’est pourquoi on donnera la préférence au colombier installé dans un grenier plutôt qu’au pigeonnier de jardin, et l’on ,choisira le toit pointu plutôt que le toit plat. Il est évident que nous devons nous adapter aux circonstances, mais le vrai colombophile est toujours suffisamment ingénieux. Le principal est que l’air frais arrive de manière continue et en quantité suffisante dans le colombier, que l’air vicié soit éconduit, et que les pigeons n’aient tout de même pas à souffrir des courants d’air.
Nous devons aussi vérifier si nous n’avions pas un trop grand nombre de pigeons réunis dans un espace réduit, car le meilleur système d’aération est le plus souvent impuissant contre la surpopulation. Là aussi, nous devons loger nos pigeons avec mesure. Enfin, les variations de la température jouent un rôle important. Vérifiez si votre colombier est suffisamment isolé. Il faut, bien entendu, veiller, comme nous l’avons déjà écrit précédemment, que les pigeons ne puissent pas picorer ces produits synthétiques isolants« Ce sont des poisons dont ils sont souvent friands, et il faut donc recouvrir de bois les plaques isolantes en produit synthétique. Dernière recommandation pour votre colombier : évitez l’abondance de verre. Je préfère en avoir un peu trop peu qu’un peu trop.
Utilisez cette période pour visiter le colombier d’un copain, d’un voisin ou d’un ami. Celui qui a l’intention de construire intelligemment une habitation s’efforcera de regarder le plus de maisons possibles avant de commencer à la sienne. Agissez de même pour vos pigeons. Par l’observation chez autrui, l’on apprend souvent bien des choses, car là aussi l’expérience est le meilleur guide.
NE PAS NEGLIGER LES TARDIFS
Il se peut aussi que nous ne soyons pas satisfaits des produits de nos propres éleveurs. Il faut alors que nous cherchions du renfort, et pour bien des amateurs les pigeonneaux tardifs constituent alors une solution.
Je sais ce que beaucoup diront : « Oui, mais dans ce cas-là nous perdons encore un an de plus. » Ils semblent oublier que la PATIENCE est la première condition pour réussir dans le sport colombophile. A cela s’ajoute que l’on peut souvent obtenir les pigeonneaux tardifs à bien meilleur compte, ce qui constitue tout de même un argument intéressant pour le simple colombophile. Nous lui conseillons d’acheter seulement chez un colombophile connu et dont chacun sait qu’il possède de bons pigeons. C’est à dessein que nous utilisons les mots «de bons pigeons» et non race, parce que bien des colombophiles qui ont bien joué durant une, voire deux saisons, se permettent déjà de parler de « Leur » race et même à en faire la publicité. Il n’y a pas tellement de races pures dans chaque région, province, ou même pays. Ce sont pour tant les pigeons de ces colombiers-là qui donnent le plus souvent les meilleurs résultats à l’élevage ou avec ses Propres pigeons. C’est exprès que je ne cite pas de noms pour ne pas être soupçonné d’intentions publicitaires. Le mieux serait évidemment que l’on puis-se acheter un couple de pigeons de reproducteurs hors-ligne, mais dans ce cas il faut disposer d’un portefeuille bien garni. Il n’est pas difficile de comprendre que chez les grands champions les meilleurs pigeons d’élevage valent leur pesant d’or. Nous sommes au courant de sommes fabuleuses offertes pour de pareils pigeons, et pour-tant les candidats-acheteurs ont dû rebrousser chemin les mains vides.
C’EST LE MOMENT DE COMBLER LES PLACES VACANTES
Il se peut que sur votre colombier pour veufs des brèches aient été battues sans que pour autant vous ayez à douter de la valeur de vos propres pigeons. A vous alors de décider de combien de pigeonneaux tardifs vous avez besoin. Comprenez bien que nous ne faisons aucune publicité pour la vente : il va de soi que celui qui peut se débrouiller avec les pigeons qui sont en sa possession ne doit pas aller chercher ailleurs.
Mais à ce propos, voici un conseil qui vaut de l’or : les places vacantes sur le colombier doivent être comblées maintenant. Les pigeons perdus de ceux qui seront mis au colombier d’élevage doivent être avantageusement remplacés durant l’arrière-saison. Faisons la comparaison avec une équipe de football. Lorsqu’en cours de saison les dés sont jetés, alors le bon manager mettra en jeu durant les derniers matches de nouvelles forces qu’il espère pouvoir utiliser soit comme centre-avant ou arrière-droit durant la saison suivante. Ceci, afin de les essayer et les habituer à des places où ces nouveaux joueurs devront briller à la saison suivante. La même chose se passe dans un pigeonnier. Mettez dès à présent les yearlings ou les jeunes pigeons que vous avez choisis pour compléter votre équipe de veufs dans les casiers vides. Donnez-leur la chance d’y prendre place dès à présent. Ce faisant, vous vous éviterez bien des difficultés au début de la saison prochaine. Les nouveaux venus auront ainsi largement le temps de s’habituer à « leur » habitation, et lorsqu’en 1968 les concours débuteront le pigeon y sera attaché au point qu’il ne sera pas question de bagarres ou autres difficultés d’adaptation.
N’ABANDONNEZ PAS VOS PIGEONS A LEUR SORT
Il est malheureux qu’il existe encore toujours un grand nombre de colombophiles qui, une fois le dernier concours terminé, ne s’occupent plus de leurs pigeons, les délaissent. Ce n’est jamais le cas pour les véritables colombophiles que ne deviendront jamais ceux qui agis-sent de la sorte. Une des conséquences néfastes’ de pareille négligence est que les pigeons finissent par chercher leur nourriture où ils la trouvent, aux champs, ou même dans les gouttières. Nous ne nous étendrons plus sur les dangers que ces endroits présentent car chacun les connaît, soit par expérience propre, soit par des nouvelles concernant l’un ou l’autre empoisonnement en masse. Le pire des raisonnements serait celui-ci : « Tu ne m’as tout de même rien rapporté ; débrouille-toi maintenant pour trouver ta pitance ailleurs ». C’est là le meilleur système pour gâcher d’avance la saison sportive qui vient.
En conclusion, je voudrais vous raconter brièvement comment je m’y prends. A la fin de juillet, ou au début d’août, j’accouple mes pigeons, du moins si j’ai décidé de ne plus concourir. La date dépend un peu des concours que l’on a prévus dans son programme. Là où c’est possible, il faut laisser la voie libre à la nature, ce qui signifie un colombier ouvert là où c’est souhaitable. Cela est évidemment à déconseiller dans les villes et près des grandes voies de circulation, vu des gaz d’échappement sur les toits et le dépôt dans les gouttières dont vous savez qu’elles sont un grand danger pour nos pigeons. Car nos pigeons cherchent partout, surtout quand ils ont des jeunes, et peuvent avoir à souffrir de ce qu’ils ont trouvé sur un toit ou dans une gouttière. Dans ce dernier cas, nous devons nous borner à laisser nos pigeons s’envoler régulièrement et à les-faire rentrer tout aussi régulièrement.
Le problème de la mue se pose évidemment, de même que celui de la séparation, mais cela sera pour une prochaine fois, car trop de bonnes choses à la fois finissent par saturer.
[ Source: Article édité par M. Gust Ducheyne – Revue PIGEON RIT ]
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