causes des échecs en colombophilie (1) – pigeon voyageur
Le sport colombophile est un commerce pour un nombre de plus en plus élevé d’amateurs. lis gardent un très grand nombre de pigeons avec l’espoir de remporter plus de prix et de pouvoir vendre plus de pigeons. C’est en fait un mauvais calcul à long terme et dans la plupart des cas la cause d’une chute lente mais certaine.
Débutant:
Voilà déjà quelques années que je fréquente les colombophiles et que j’entends leurs commentaires sur tel ou tel amateur. J’ai appris notamment et ce n’est pas joli du tout! que le colombophile a du plaisir à raconter l’échec de tel ou tel champion. Les exceptions sont rares…
Victor:
A propos d’échecs, je vais te dire une chose, cher ami. Si jamais tu avais la chance qu’on dise de toi que tu as « mal joué » à tel ou tel concours, réjouis-toi, car c’est une preuve que ton insuccès est l’exception. Quand on ne parlera plus de toi… alors tu seras à plaindre beaucoup plus! Mais en fait, qu’as-tu dans la tête en me parlant d’échec. Aurais-tu peur de la saison prochaine?
Débutant:
Mais oui, c’est d’échec que j’avais l’intention de te questionner. J’ai observé qu’il y avait deux sortes d’échecs. Le premier est celui qu’on remarque à peine. Celui qui arrive sournoisement, progressivement. On voit p.ex. un grand champion descendre du haut de l’échelle, marche par marche. Cela peut prendre des années, mais la chute lente vers le bas ne semble pas pouvoir être arrêtée. Pour un autre champion la chute est brusque, et l’on se demande pourquoi?
Si jamais j’arrive sur les plus hautes marches de l’échelle en colombophilie, j’aurais peur de retomber, lentement ou brusquement.
Tu as quelqu’expérience vécue au long de ta carrière colombophile. Dis-moi ce que celle-ci t’a appris sur les causes de ces échecs.
Victor:
Très intéressante question. Tu as très bien fait de parler de chutes lentes et de chutes brusques. Car les causes en sont manifestement différentes.
La cause principale d’une chute lente, progressive, il faut la chercher chez le pigeon, qui perd petit à petit ses grandes qualités. Mais quelles sont les grandes qualités du bon pigeon? Il y a la vitesse, l’endurance, l’orientation, le mordant. Ce n’est donc pas si simple. Et il faudrait maintenant rechercher ce qui est à la base, c.-à-d. là où les causes principales de la « vitesse », de « l’endurance », de « l’orientation », du « mordant ». Il faudrait des livres entiers pour approfondir la recherche sous tous ses angles. Et là, cher ami, je dois bien avouer que cela me dépasse, car les mystères de la nature sont insondables. Plus on avance, plus on voit surgir des points d’interrogation!
Débutant:
Bonne affaire, maître, car cela nous permet de dialoguer encore pendant des siècles pour les lecteurs de « Pigeon Rit ». Le pigeon, lui, pourra continuer à « rire » de notre acharnement à perser son mystère!
Victor:
Soyons sérieux et parlons de la chute brusque des succès. Il y a deux causes: le colombier en premier lieu. La santé générale des pigeons en second lieu. Mais les deux vont parfois de pair. Le colombophile devra y réfléchir. J’ai vu deux grands champions belges, avec une renommée internationale, chuter brusquement, d’une saison à l’autre, après avoir modernisé leur « vieux » colombier. Circonstance aggravante chez l’un de ceux-ci; le changement avait été effectué dans le but de pouvoir jouer avec un plus grand nombre de pigeons.
Erreur fatale, car la surpopulation est toujours un handicap. Tout d’abord il y a la qualité moyenne des pigeons qui diminue, et d’autre part, chaque pigeon dévore de l’oxygène. La forme diminue, la résistance aussi… et les maladies s’installent comme p.ex. le coryza herpétique. Finis les succès. Cela va très vite.
Débutant:
A t’entendre parler ainsi j’ai l’impression que tu attaches beaucoup d’importance à la « résistance » du pigeon, et donc à tout ce qui peut handicaper cette résistance.
Victor:
En effet. Car ne crois-tu pas que tous les pigeons, de par la promiscuité, doivent subir les attaques de toutes les maladies? Pourquoi les uns y résistent-ils? Et les autres pas?
Débutant:
Cela doit dépendre à mon avis, de la race des pigeons.
Victor:
Tu as raison, en partie. Mais ce n’est pas simple du tout. Je ne conteste pas qu’il y a des pigeons d’une résistance extraordinaire aux maladies. Mais ils sont rares.
Crois-moi. La grande majorité succombe à la maladie parce que, d’une manière ou d’une autre, le colombophile commet des fautes. Je vais t’expliquer. La plus grande faute consiste à augmenter le nombre des pigeons dans le but de remporter plus de prix, et ainsi de pouvoir vendre éventuellement plus de pigeons. Mais c’est un mauvais calcul.
Si nous observons les tout grands de la colombophilie belge, les Bricoux, Duray, Fabry, Havenith, c.-à-d. ceux qui furent champions pendant de très longues années, nous constatons que ceux-ci ne conservaient qu’un nombre limité de pigeons.
Si on les compare aux « champions » actuels, la différence est énorme. Aux yeux de ces derniers les Bricoux, Duray, Fabry, Havenith sont des « petits » champions.
Débutant:
Voilà donc, d’après toi, la grande cause de la chute libre d’une colonie: l’accroisement du nombre de pigeons.
Victor:
Oui, car on constate alors: diminution de la résistance aux attaques contre la santé, par la surpopulation. Diminution de la sévérité d’une sélection qui n’est plus basée sur les résultats. Car, cher ami, n’oublions pas que celui qui réduit le nombre de ses pigeons, en augmente automatiquement la valeur moyenne.
Débutant:
La diminution de la qualité du colombier, et l’augmentation du nombre de pigeons sont donc deux facteurs de chute libre d’une colonie. Cela je l’ai bien compris. On a déjà parlé maintes fois du colombier, situation, matériaux, aération etc… Tu m’as même dis un jour qu’en mettant les 100 meilleurs pigeons du monde dans un mauvais colombier, les succès seraient nuls.
Mais, ce qui m’intéresse maintenant c’est de connaître des défauts qui s’emparent sournoisement d’une colonie, qualités de vitesse, d’endurance d’orientation, de mordant s’effritent. Comment s’en recompte?
Victor:
Voilà tout un programe Nous commencerons la prochaine fois par examiner deux premiers points: la perte de vitesse – les pigeons ne se classent plus en tête – et la perte d’endurance – les pigeons se fatiguent trop vite! Pourquoi ? Nous verrons cela une prochaine fois.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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