Ce que 1937 nous enseigne pigeon voyageur
7 mars 2021 Par admin

Ce que 1937 nous enseigne – pigeon voyageur

Ce que 1937 nous enseigne pigeon voyageur

Chaque année, après la saison sportive, mon frère et moi, nous nous livrons à une sorte de « consultation » tels des médecins qui se trouvent en présence d’un cas grave et qui se demandent comment le malade pourra être guéri. Chez nous, heureusement, il n’y a pas de malade, mais nous demandons quelles sont les leçons de la saison écoulée. L’année 1937 nous a appris beaucoup de choses, d’autant plus que nous avons pris part, assez souvent, à des épreuves de fond. L’ami Frans Van Mol que je considère comme un connaisseur au sens d’observation aigu et qui a certainement une manière personnelle et très juste de voir les pigeons, me disait dernièrement encore : « Eh bien, qu’est-ce que vous pensez de mes canards?
Ils me gagnent encore de nombreux prix de tête et pourtant ils n’ont pas la puissance. C’est le caractère et rien d’autre… » Je suis allé voir ses pigeons et j’ai constaté qu’en effet, ils ne sont pas vraiment forts, c’est-à-dire, qu’ils n’ont ni la musculature ni la puissance de constitution, mais je défie le premier venu de prendre un oiseau sur son nid, quand il couve ou qu’il a des jeunes. Ce sont des pigeons qui ont un incroyable mordant. Et ce n’est pas un hasard, car Frans Van Mol a cherché à avoir des sujets de cet acabit, c’est-à-dire qui seraient capables de s’épuiser jusqu’à leur dernier souffle pour réintégrer leur colombier. Il a réussi et les résultats ne se sont point faits attendre. Mais, il le reconnaît lui-même : par temps dur, la force de volonté ne sert à rien, si la force réelle manque et c’est cela qui, chez ses pigeons, fait défaut. Il le reconnaît d’ailleurs quand il dit : « Etes-vous avancé d’avoir un fort pigeon s’il ne donne pas la pleine mesure de sa force ? Je parle, bien entendu, des concours où la rapidité de vol joue le rôle principal et non des concours de fond, des concours où seuls les premiers classés remportent des prix intéressants, comme c’est le cas dans la région gantoise et un peu partout maintenant. »
L’année 1937 a été une année de désastres, caractérisée par un temps irrégulier et un manque de vent debout, c’est-à-dire de vrai temps de pigeon. Ce fut une année excellente pour les oiseaux remplis de mordant, comme ceux de Frans Van Mol, et elle nous a appris cette grande réalité, que beaucoup d’amateurs ont mal joué pour la simple raison qu’ils ont négligé de donner du mordant à leurs pigeons.
Elle nous a appris qu’il vaut mieux avoir un oiseau qui rentre fatigué tout en gagnant un prix de tête qu’un sujet qui rentre toujours trop tard et qui paraît n’avoir jamais volé (1).
Chers lecteurs, lorsque vous accouplez vos pigeons, veillez à ce que l’un des deux conjoints soit volontaire, entêté, tenace. Vous vous tromperez rarement et vous ferez des prix de tête. 1937 a confirmé ce que nous avions écrit naguère : à savoir que le mauvais temps ne provoque pas plus de pertes chez les veufs que chez les pigeons au naturel. Au contraire. Il reste pourtant des colombophiles qui se méfient du veuvage, rien que parce qu’ils redoutent de perdre de bons pigeons. Et quand ils essaient, ils laissent leurs meilleurs sujets au naturel. Il va de soi qu’ils ne réussissent pas au veuvage. Il est cependant vrai qu’on perd vite un veuf par mauvais temps, mais c’est un veuf qui manque d’expérience. C’est ainsi qu’on a perdu d’innombrables pigeons en mai, à cause du temps désastreux et parce que ces oiseaux n’avaient pas assez voyagé comme jeunes ou comme yearlings. C’est pour ce motif qu’il est à conseiller de lancer au moins une ou deux fois à cent kilomètres les jeunes mâles qu’on se propose de jouer au veuvage. Si l’an prochain on a soin de les entraîner d’abord jusqu’à 100 km au naturel, on ne les perdra pas plus aisément que les autres pigeons qui ne sont pas veufs. Nous avons cependant remarqué que les jeunes veufs doivent être traités fort prudemment, lorsqu’ils ont été pris une fois dans le mauvais temps.
On dirait qu’ils ont perdu confiance en eux-mêmes, et il est à conseiller de leur faire refaire une paire d’étapes à 40 ou 50 km, avant de recommencer à miser sérieusement sur de tels individus.
Le meilleur amateur est celui qui commet le moins d’erreurs en soignant ses pigeons (2).
Mais ce n’est pas toujours facile parce que les circonstances de jeu varient d’une année à l’autre. 1937, avec ses désastres du début de la saison, nous a appris qu’il s’agit alors d’attacher la plus grande importance à la dépuration des pigeons. On nous a demandé à plusieurs reprises d’aller voir les colombiers d’amateurs dont les pigeons étaient absolument hors forme. Presque toujours la cause était la même : après un désastre, le manager avait négligé de « ramener les pigeons dans leurs plis ». Au contraire, il avait nourri trop fort, espérant remettre ainsi ses voiliers en forme dans un délai très court.
Après un concours difficile, il faut, avant tout en surtout, dépurer le pigeon (un jour du sel de Carlsbad et un jour du lait dans la boisson) et pendant la semaine, nourrir légèrement (maïs, pain, froment, riz, colza et pois. Leur donner encore du thé d’orties blanches durant une couple de jours, ou une décoction de salsepareille rouge. Oui, il est à conseiller vivement d’accorder un repos aux pigeons, durant la saison sportive, repos que nous appellerons la semaine de la dépuration, et durant laquelle les pigeons seront traités comme il est dit plus haut. C’est à la couleur de la chair que l’on remarque que les pigeons ont besoin d’une telle trêve. Au lieu d’être rouge et de laisser voir les artères, la chair est d’un gris bleuâtre, signe de sang impur. Nous pouvons dire que la moitié, au moins, des colombiers ont été mis hors forme parce que les managers ont négligé de suivre le conseil donné plus haut, surtout après une série de mauvais concours, comme nous en avons eus cette saison (3). Mais ce que 1937 et ses temps capricieux nous ont appris surtout, c’est le grand rôle joué par le colombier lui-même dans le maintien de la forme des pigeons. Nous avons répété à satiété que 80% des pigeonniers sont mauvais, en ce sens qu’ils sont trop exposés aux variabilités de la température, ce qui rend impossible la persistance de la forme chez les pigeons. C’est pourquoi le principal souci du colombophile doit être d’isoler le pigeon du « climat extérieur ». Il faut donner beaucoup d’air, mais beaucoup de bon air sec, c’est-à-dire venant des côtés est et sud.
Fermer du côté nord et ouest, et principalement couvrir les murs de bois (4).

Noël De Scheemaecker


Notices:

  • Il ne suffit pas pour les athlètes d’avoir du caractère, il en faut aussi pour nos pigeons. Le pigeon qui a du caractère vole jusqu’au bout de ses forces pour rejoindre son habitat. Il se manifeste dès qu’il a un nid qu’il défend avec ardeur. Mais pour triompher dans les concours il faut plus, comme la forme, la puissance et un bon sens d’orientation.
  • (1) Il y a septante ans les champions savaient si bien que ceux de nos jours, combien est importante la motivation du pigeon dans la préparation d’un concours. On peut même supposer que ce « secret » permettait à l’époque de dominer les concurrents.
  • (2) Noël De Scheemaecker a raison de prétendre qu’un pigeon qui a perdu confiance suite à une étape éprouvante met du temps pour la retrouver. Nous entendons toujours le même langage au lendemain d’une étape pénible. Tout aussi judicieuse est la remarque « le meilleur amateur est celui qui commet te moins d’erreurs en soignant ses pigeons ». Cela fait encore et toujours la différence entre les champions et les moins bons.
  • (3) Noël De Scheemaecker a probablement repris du réputé champion liégeois Georges Fabry ce qu’il écrit concernant le repos accordé au cours de la saison sportive. Fabry prétendait qu’on ne peut pratiquer meilleur dopage au cours de la saison des concours qu’en accordant une semaine de repos.
  • (4) Noël De Scheemaecker était convaincu de l’importance des qualités du colombier pour la santé et la forme des pigeons. Ayant visité à peu près un millier de colombiers et ayant dû déplacer le sien sept fois, il parlait d’expérience.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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