Ces cracks qui font plus rien – pigeons voyageurs
Chaque colonie comporte quelques pigeons qui font sa gloire plus ou moins grande.
Certains sujets sont de grande renommée et tous les amateurs les connaissent alentour, voire sur le plan régional, national, international. Chacun d’entre nous a quelques noms en tête.
Ces sujets exceptionnels ont une carrière d’une durée fort variable.
Si quelques-uns résistent et restent redoutables jusqu’à 7-8-9 ans, d’autres sont des « feux de paille » et disparaissent de la compétition avec une ou deux saisons. Bien sûr, il ne s’agit pas de disparition au concours mais d’une incapacité à faire des prix dès le début de la saison alors qu’ils brillaient la saison précédente. Pourquoi et comment? Y a-t-il des signes avant-coureurs qui permettent à l’amateur d’avoir des craintes quant à l’avenir de ces pigeons?
Il ya d’abord l’embonpoint.
Certains pigeons, en particulier ceux qui ont connu un concours très dur, qui ne reprennent jamais leur poids normal. Généralement, ils ont mué plus lentement, leurs fientes sont irrégulières, quelquefois le plumage reste médiocre. On a souvent évoqué des problèmes cardiaques à l’origine de ces désordres. C’est rarement vrai et il est facile de les reconnaître: le pigeon a du mal à roucouler et a la voix éraillée. Beaucoup plus souvent, il s’agit d’une atteinte rénale. Lorsqu’on supprime un pigeon rentré maigre après plusieurs jours d’errance d’un concours difficile, on trouve toujours des reins soit rouges et gonflés soit blancs et rabougris.
Ces pigeons même suralimentés, traités avec des médicaments adéquats (toniques rénaux) resteront hors d’état. Les mâles peuvent passer à la reproduction s’ils le méritent par leur origine et leur passé sportif. Pour les femelles, c’est moins évident, souvent elles rentrent stériles ou très peu productives.
Ces pigeons montrent plus ou moins leur déchéance. Ce n’est pas toujours le cas. Ou bien les symptômes sont plutôt discrets.
Certains accidents, toujours possibles, en particulier par vent debout où les pigeons volent bas, passent inaperçus et n’en laissent pas moins des traces incompatibles avec un effort prolongé. Certains accidents à l’aile par exemple, laissent des traces sportivement graves.
Il ya aussi les problèmes liés à l’orientation. Si ce qu’on nomme globalement la santé a un rapport direct avec les performances, certains microbismes, certaines viroses, éventuellement certains parasitismes sont strictement inapparents à l’amateur et ne peuvent être diagnostiqués que par l’homme de l’art et le laboratoire. Certes, il n’y a pas que le crack de la colonie qui en est victime. Encore que c’est lui, qui par le travail qu’on lui demande se fatigue le plus, donc est plus vulnérable. Des maladies comme la circovirose, l’ornithose, la candidose, la paratyphose salmonellose à ses débuts, sont sans symptômes et l’amateur voit, sans comprendre, ses résultats s’effondrer et en particulier ceux de ses meilleurs pigeons. Faut-il dire alors que l’affaire doit être mise dans les mains d’un homme de l’art de haute compétence. Ce n’est qu’à ce prix que l’amateur peut espérer s’en sortir. Le crack de la colonie en est le phare.
S’il continue à briller, tous les autres pigeons sont évalués par rapport à lui. Mais s’il ne fait plus rien et qu’aucun autre n’émerge, au moins honorablement, que faut-il en conclure: qu’aucun des autres n’est valable ou que quelque chose frappe toute la colonie? L’amateur devra alors faire un tour d’horizon. Attitudes de ses pigeons, petites anomalies, tout peut avoir de l’importance, tout comme la moindre modification au colombier. Souvent en voulant améliorer, on fait une erreur. On ne change rien dans un colombier où on fait des prix. Si seul le bon pigeon ne connaît plus les succès de l’année précédente, le problème est uniquement physiologique. Nous éliminerons évidemment d’abord toute cause mécanique, évoquée plus haut, conséquence d’un accident passé inaperçu ou considéré à tort comme bénin. Comme je l’ai dit plus haut, l’effort physique prolongé et répété a des conséquences physiologiques et cela pour deux raisons. D’abord la préparation à cet effort exige des réserves énergétiques importantes. La ration est donc, dans ce but, très riche en protéines pour assurer une masse musculaire suffisante et en graisses source d’énergie (les oiseaux transforment leurs graisses en énergie, leurs réserves en glycogène étant faibles et très rapidement consommées après l’envol). Ce régime a deux conséquences physiologiques: la dégradation des protéines y compris la masse musculaire dans les concours de grand fond produit des urates, travail rénal. La transformation des graisses en énergie (vol) produit de l’acide lactique en un cycle très complexe. Elle se fait grâce, entré autres, à la lipase secrétée par le pancréas. La fonction de filtre du sang exercée par le foie expose cet organe à nombre d’agressions d’origine interne ou externe (empoisonnements). Mais on voit que les organes les plus exposés sont les reins. C’est pour cela qu’on peut dire que les bons pigeons qui, par définition, ont une longue carrière « s’en vont par les reins ». Que faire alors?
C’est simple dans son principe: réparer les reins. C’est compliqué dans la méthode car ce sont des organes, d’abord difficiles à atteindre par un médicament, qui subit de multiples attaques tout au long de sa progression dans l’organisme: les sucs digestifs, la bile, les diastases, le filtre hépatique que nous venons d’évoquer etc. Et il faut qu’au terme de son « voyage » dans l’organisme, le produit (ou ce qui en découle) soit encore efficace au niveau des reins. D’abord il faut un régime reposant pour les reins, c’est-à-dire ce que les colombophiles appellent un régime « dépuratif » très pauvre en protéines et en graisses, et distribué par une main légère: le pigeon doit être tenu très léger pendant plusieurs semaines.
Ensuite on lui donnera des produits adaptés à ces problèmes rénaux. Eventuellement des antibiotiques du type Tétracycline (Terramycine – Auréomycine Doxycycline). Et aussi des médicaments protecteurs tels que le Nephryl (1 g par litre d’eau pendant 5 à 7 jours) et les Thés à plantes dépuratives multiples (Boldo ,- Salsepareille Lespedeza – Orthosiphon).
Les anabolisants?
En ce qui concerne le doping les stéroïdes anabolisants sont interdits. Si l’effet doping de la cortisone a été prouvé et que cette substance – sous toutes ses formes – doit être mise en évidence et ses utilisateurs pourchassés, a t’on avant de les rechercher, prouvé l’effort dopant des anabolisants? Ces preuves doivent être faites d’abord et si les résultats démontrent leur effort dopant, alors il faudra les rechercher. Sinon c’est jeter l’argent par les fenêtres. Pour ma part, trois saisons consécutives d’essais sur mes propres pigeons m’ont convaincu de l’effort doping nul des anabolisants. Cela mérite d’être précisé!
[ Source: Article édité par Dr. Vét. JP. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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