Coccidiose chronique – pigeon voyageur
On a coutume de dire, de nos jours, que la coccidiose n’est plus un problème et que de nombreux remèdes – efficaces – éliminent ce parasitisme sans difficulté chez le pigeon. C’est – en gros – vrai. Cependant, malgré ces anticoccidiens puissants, on assiste dans certaines colonies, tout au moins à certaines époques de l’année, à des crises aiguës, avec leur cortège de symptômes et déconvenues. Rappelons-les: les coccidies suivent un cycle compliqué qui va de l’oocyste mûr absorbé avec une graine ou dans de l’eau de boisson non renouvelée journellement à l’adulte éliminant la génération suivante d’oocystes. Entre deux le parasite s’est multiplié dans la paroi intestinale, y créant des dégâts (inflammation – mort de cellules nobles de la muqueuse digestive – infections microbiennes surajoutées) dont les symptômes extérieurs sont: diarrhée par mauvaise assimilation de la ration et multiplication des microbes intestinaux « opportunistes » (ils profitent de l’état intestinal pour devenir virulents), soif par inflammation et mauvaise assimilation de l’eau absorbée, amaigrissement par mauvaise assimilation de la ration. difficulté à reprendre du poids après élevage ou voyage. Ces symptômes sont bien visibles, d’abord sur les pigeonneaux au plateau: crise « des 10 jours » avec diarrhée intense (autour du plateau) et amaigrissement. (S’ils ne maigrissent pas, il s’agit d’une cause alimentaire, souvent excès de sel). Ajoutons que cette coccidiose peut très facilement être liée à la trichomonose en même temps.
Si l’on n’intervient pas très rapidement, on va avoir un élevage médiocre: mauvais plumage – mauvaise ossature -intestin fragile donc mauvaise assimilation des aliments. Le pigeon fera peu de réserves et se « dégonflera » à la moindre fatigue. Le traitement doit être non seulement immédiat mais encore répété.
En effet les anticoccidiens classiques (sulfamides) ne sont actifs que sur la phase troisième de l’évolution du parasite (Schizontes 2). Un traitement de 3 jours suffit donc. Mais ensuite des parasites à une phase moins avancée vont avoir évolué (ils sont devenus Schizontes 2), et il faudra, après un arrêt de 2-3 jours, refaire 3 jours de traitement. Et puis après un arrêt similaire, refaire un rappel de 2-3 jours. Ainsi on aura agi sur tout le cycle parasitaire et on aura vraiment « nettoyé » le pigeon. Il existe actuellement des produits agissant sur plusieurs stades du parasite à la fois. Ils sont censés éviter les rappels. L’expérience montre qu’ils nettoyent le pigeon, disons utilement, pour une quinzaine de jours, 3 semaines au plus, mais qu’après ce délai la maladie réapparaît. Car… les pigeons se sont réinfectés.
En effet, des myriades d’oocystes restent sur le sol. même le mieux entretenu. Un pigeon malade de la coccidiose (avec symptômes nets) élimine chaque jour 50 à • 100.000 oocystes dans ses fientes. Même si le nettoyage quotidien en enlève 98%, il en reste assez pour réinfecter un pigeon, ou aggraver le parasitisme qui l’infecte déjà. Pour devenir dangereux, les oocystes doivent subir, dans le colombier, une maturation. Une sorte d’incubation à l’air libre. Cette incubation doit se faire avec une certaine humidité et une certaine température. En hiver, lorsqu’il fait froid, la maturation est beaucoup plus lente qu’au printemps ou en été. C’est pourquoi l’élevage d’hiver se passe souvent mieux. La période la plus délicate est souvent l’automne où il fait encore bon et où il fait souvent humide. C’est là qu’on déplore les plus fortes coccidioses. Lorsque, comme moi, on a fait des milliers de recherches microscopiques de coccidiose, on s’aperçoit que pour certains colombiers, sous surveillance médicale par ce fait même. on trouve toujours des oocystes de coccidies dans !es fientes et ce en nombre tout à fait anormal (quelques oocystes sont considérés comme normaux et sans importance). Pourtant les traitements sont faits régulièrement et juste après. le parasitisme a disparu. Un mois après, tout est à refaire. Que se passe-t-il donc?
Nous avons vu que la maturation de l’oocyste dans le colombier, exigeait une certaine humidité. C’est-à-dire de l’air stagnant. La visite d’un certain nombre de ces colombiers « à coccidiose » montre qu’il s’agit toujours d’installations où l’aération laisse à désirer.
La plupart sont très bien entretenus et c’est la preuve qu’une bonne hygiène – par ailleurs toujours souhaitable -ne suffit pas à tenir les pigeons hors de portée des maladies. Encore faut-il que les conditions de vie y soient normales. Par conséquent, en cas de coccidiose fréquente, tenace, récidivante, il faut modifier le colombier, en particulier par une bonne aération dynamique (la fumée d’une cigarette…). Bien entendu, après une coccidiose sévère, puisqu’on sait le sol, les cases etc. infestés d’innombrables oocystes en attente, une désinfection énergique s’impose.
Aucun produit chimique n’est efficace. Seule la chaleur violente de la lampe à souder ou du pistolet à air brûlant (4-500°C) assure leur anéantissement. C’est une corvée, mais elle est payante.
Doct. Vét. J.P. Stosskopf
CYCLE DES COCCIDIES.
Un pigeon avale un oocyste > celui-ci, digéré, libère des sporozoïtes qui pénètrent dans les cellules de la paroi intestinale > le parasite s’y développe et s’y divise plusieurs fois donnant des Schizontes > ce Schizonte donne des mérozoïtes qui pénètrent profondément dans la paroi intestinale. Ces mérozoïtes donnent des Schizontes II.
Ceux-ci se divisent et donnent des gamétocystes mâles et femelles > Après fécondation > oocystes éliminés avec les fientes.
Ce cycle est au minimum de 6 jours, ce qui est tout de même très court. Un seul oocyste mûr peut donc produire, en l’espace d’une semaine, de très nombreux parasites.
Et un pigeon peut avaler beaucoup d’oocystes dans un colombier « à coccidiose ».
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
La coccidiose – pigeon voyageur