Le problème du colombier pour un débutant – pigeon voyageur
Débutant:
Je sais que tu as eu plusieurs colombiers, situés dans des endroits différents. Tu es donc bien qualifié pour me donner quelques conseils pour le colombier que je compte construire dans ma nouvelle maison où j’ai l’avantage de pouvoir disposer d’un assez grand jardin. C’est là que j’ai l’intention de le construire, à moins que le grand grenier dans ma nouvelle demeure te paraisse plus indiqué. Mais cela ne plairait pas à ma femme!
Victor:
Je connais ta nouvelle maison. Ton grenier serait l’idéal pour tenir des pigeons, mais je comprends le point de vue de ta femme. Il faudra donc construire ton colombier dans le jardin, où tu pourras sous certaines conditions, avoir un excellent colombier.
Débutant:
Et quelles sont ces conditions?
Victor:
Je vais te raconter toute l’histoire des différents colombiers où nous avons joué. Je commencerai par notre colombier miracle à Wilrijk, dans lequel tous les pigeons étaient des champions. C’est une curieuse histoire. Nous avions à Wilrijk deux colombiers absolument identiques, séparés par un espace de deux mètres, et avec une baie vers l’est. Dans chaque colombier une douzaine de casiers, avec comme éclairage un lanterneau d’un mètre carré, pourvu sur les côtés de trous d’aération. Nous pouvions, par un triplex coulissant, fermer le lanterneau pour protéger les pigeons contre les grandes chaleurs causées par l’ensoleillement, ou contre le refroidissement pendant la nuit. Nous disposions d’une bonne circulation d’air, au-dessus des casiers, vers le grenier derrière les colombiers, où nous pouvions ouvrir une fenêtre donnant vers l’ouest.
Dans le premier colombier tous les pigeons étaient toujours en grande forme et remportaient facilement des premiers prix à l’Union d’Anvers.
Dans le second colombier: pas de prix, mais dès que nous installions un de ces « rossards » dans le premier colombier, il devenait un champion!
Débutant:
Le second colombier était donc un mauvais colombier et le premier un colombier miracle. Et pourtant, tu m’as dit que c’étaient deux colombiers identiques!
Victor:
Avec une différence, mais quelle différence! Dans le premier colombier passait la très large cheminée de l’imprimerie, située au rez de chaussée. Dès que la température descendait en dessous de 18 degrés le chauffage marchait. C’était indispensable pour que l’encre d’impression maintienne sa viscosité. C’était tellement évident que la cheminée faisait « tout », que toute ma vie j’ai rêvé de ce colombier, et que j’ai eu la conviction que « la forme prime la classe », comme disait le fameux champion Emile Marlier, qui, lui aussi disposait de deux colombiers, un bon et un mauvais.
Débutant:
On pourrait donc dire qu’il y a beaucoup de bons pigeons, mais relativement peu de pigeons en grande forme. La température quasi constante au colombier avec la cheminée était donc à la base du miracle.
Victor:
Tout à fait d’accord, car il faut bien te mettre en tête que chaque effort que le pigeon doit fournir pour lutter contre le milieu où il séjourne, lui enlève toute possibilité de se maintenir en grande forme. Il n’y a pas d’autre explication.
Après notre colombier à Wilrijk nos pigeons ont déménagé vers Schoten, au nord-est d’Anvers, où j’habitais dès le début de la guerre. Après la guerre le colombier de Schoten donna satisfaction… à partir de la mi-juin. Car, située dans les bois, l’humidité ambiante, et le refroidissement nocturne empêchaient les pigeons d’être plus tôt en forme. Ensuite… pas de problèmes.
Après quelques années, nos pigeons furent installés dans un colombier situé à Anvers même sur le toit de l’usine Natural, où nous eûmes aucun problème avec la forme. De là, après avoir mis nos producteurs et quelques voyageurs à la Station d’Elevage à St. Antonius, nous avons mis quelques voyageurs au colombier où joue maintenant avec beaucoup de succès André Roodhooft. Nous y avons toujours bénéficié chez les pigeons d’une excellente forme et y avons remporté plusieurs premiers prix provinciaux et deux premiers prix nationaux.
Débutant:
C’était donc là déjà votre quatrième colombier.
Victor:
Et, à part celui de Schoten dans les bois, nous n’avons pas connu des problèmes de forme. Ensuite nos pigeons ont rejoint des nouveaux colombiers sur le toit de l’usine Natural située au canal Albert à Schoten, mais sans arbres avoisinants. Nous y avons
très bien joué et eu aucun problème avec la forme. C’était donc notre cinquième colombier. Et alors, pour m’épargner, à mon âge les fréquents déplacements d’une dizaine de kilomètres. nous avons remis les pigeons… dans les bois, derrière ma maison, dans de nouveaux colombiers. Et là les problèmes ont commencé, des problèmes d’humidité ambiante. Et de nouveau une forme très tardive. J’ai commis une erreur. Au lieu d’un toit classique avec des tuiles, j’aurais dû couvrir les colombiers d’un toit plat pour contre-carrer la descente de l’humidité et des froids nocturnes. Je serai obligé de modifier ces colombiers dans ce sens, mais avec une bonne circulation d’air de l’avant à l’arrière, au-dessus des pigeons. Tu vois donc, qu’après avoir joué dans six colombiers différents, j’ai appris pas mal de choses. Je sais qu’actuellement, pour être parmi les vedettes on devrait disposer de beaucoup de pigeons. Mais ce n’est pas mon genre!
Nous devons pouvoir nous défendre avec une bonne douzaine de vieux pigeons. Et alors il faut absolument une belle forme, sinon on vous enfonce dans l’oubli!
Débutant:
Mais moi aussi, je n’ai pas l’intention de tenir beaucoup de pigeons. Comment donc construire mon nouveau colombier?
Victor:
Je sais que tu as deux grands arbres à proximité du colombier que tu voudrais construire dans ton jardin. Je te conseille donc de le construire sur pilotis avec circulation libre de l’air en dessous du plancher bien isolé. Comme toiture: un toit plat avec une petite lucarne pour l’ensoleillement, avec possibilité, par un triplex coulissant, de fermer le vitrage. Comme aération, une ouverture de 50 sur 20 cm dans la partie avant du plancher; ouverture protégée par un double treillis anti-moustiquaire. De plus une ouverture juste en dessous du toit, à l’avant et à l’arrière, également protégée par un double treillis anti-moustiquaire. Si, en plus, tu utilises du bois sec, léger et perméable – du peuplier p.ex. – (pas de triplex) qui absorbe l’humidité, j’estime que tu n’auras pas de problèmes avec l’humidité.
D’autre part il y a les plaques chauffante qui peuvent contribuer, par nuits froides et humides, à assécher le colombier. Sur la paroie du devant du colombier un grand « spoutnik » est préférable, en tous cas, à une grande baie.
C’est à peu près tout ce que j’ai à te dire. Lorsque tu entreprendras la construction je viendrai jeter un coup d’oeil.
Débutant:
Avec ton expérience, et tes conseils, j’estime que j’ai des chances de ne pas commettre des bêtises quand je construirai mon colombier.
Victor:
En colombophilie on ne sait jamais assez. Un petit rien peut faire tout basculer.
Noël De Scheemaecker.
Notices :
- Chaque effort ( dépense d’énergie) qu’un veuf doit fournir pour lutter contre le milieu où il séjourne, lui enlève toute possibilité de mise en grande forme. Il y a en réalité beaucoup plus de bons pigeons que de bons colombiers.
- Il y a beaucoup de bons pigeons, mais relativement peu de pigeons en grande forme.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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L’obscurité au colombier – pigeon voyageur