Combattons avec forces pigeon voyageur
14 mars 2021 Par admin

Combattons avec forces – pigeon voyageur

Combattons avec forces pigeon voyageur

Oui, chers lecteurs, ce mois-ci j’ai une envie folle de philosopher un brin avec vous ! Mot bien étrange qu’on n’entend guère dans notre sport ! Et pourtant, je pense que nous autres, les colombophiles, nous sommes beaucoup trop peu « philosophes »… nous voyons, nous expérimentons tant de choses, mais nous ne savons pas prendre de décision, ou plutôt beaucoup d’entre nous ne savent pas prendre la décision « décisive » dont peut dépendre tout le succès dans la colombophilie. Je le sais, il y a des cas qui nous laissent rêveurs, ne voit-on pas des amateurs, laissant tout au hasard, avoir la chance, contre toute attente, de bien jouer tout un temps ! Ne les imitons pourtant pas ! Inscrite sous le régulateur qui me fait face dans la chambre où j’écris ces lignes, une devise quelque peu lugubre attire mon attention et je lis: « Quid aspicis… jam fugit ! », en d’autres termes: « Qu’avez-vous à me regarder ainsi ?… trop tard… je suis déjà en fuite ! » Oui, chers lecteurs, le monde est un véritable tourbillon de va-et-vient, tout a son temps, et tout n’a qu’un temps… et les vieilles gens me concéderont volontiers qu’actuellement le monde vole en avant dans une course effrénée et ne connaît pas de grâce pour ceux qui s’arrêtent un moment… car le temps passe, et ne nous laisse guère de répit… bon gré, mal gré, nous devons suivre le même train désordonné ! Et nous autres, colombophiles; il ne nous reste pas non plus le choix, nous sommes également condamnés à suivre le mouvement et à être de notre temps en rajeunissant chaque année notre colonie, parce que de nos jours il faut pouvoir participer aux concours avec des jeunes forces fraîches, sous peine d’être écartés sans pitié des places d’honneur ! Auguste de Feyter, le soigneur de monsieur Havenith, me le répétait encore il n’y a pas bien longtemps: « D’année en année, le jeu aux pigeons se complique et devient plus dur, nous sommes obligés de moderniser – coûte que coûte – c’est aux jeunes forces qu’il nous faudra faire appel pour défendre notre honneur, elles seules sont encore capables de suivre le train d’enfer qui est mené de nos jours ! Fini le temps où on parvenait à se classer en tête avec des pigeons de cinq ans et davantage. Aussi suis-je décidé, ajouta-t-il, à être d’une sévérité extrême lors de la sélection de mes vieux pigeons et n’y verrai-je aucun inconvénient à conserver quelques jeunes de plus… » Ecoutons les paroles de ce simple mais incomparable amateur, qui sous sa conduite a su garder le colombier Havenith au sommet glorieux du sport colombophile anversois, et ce depuis 35 ans. Ces paroles valent de l’or !
Décidons-nous donc à écarter impitoyablement tout voyageur qui présente quelque peu d’usure. D’ailleurs, rien de plus facile cette année, vu le beau temps de pigeons dont on a été gratifié la plupart du temps. Nous pouvons donc sans arrière-pensée barrer sur notre liste les bagues des pigeons qui ne se sont pas montrés aux concours. D’autres pigeons faisaient encore bien de-ci de-là un prix, mais c’était à grande peine. Ils nous laissent supposer qu’ils ont entamé leurs dernières cartouches et que l’année prochaine on ne pourra plus compter sur eux. De cette catégorie de pigeons, chers lecteurs, je veux encore vous toucher un mot, ensemble nous allons les sélectionner. Nous disons donc qu’ils la montrent, cette usure qui s’attaque à l’organisme ! A quels indices la reconnaître ? Ces pigeons gagnent des manières de vieillard et de leur oeil ne se dégage plus ce feu indomptable de la plénitude de leurs forces, le reflet quitte leur oeil… les couleurs y sont encore, mais elles ont perdu leur couche de vernis ! Alors les yeux s’enfoncent aussi davantage dans la tête… la flamme s’éteint ! Des pigeons perdant l’ampleur de leurs muscles ont eu leurs plus beaux jours… On le sent si bien sur le devant des deux côtés du bréchet, également à l’arrière au dos, entre le dos et la queue la dureté disparaît et voilà encore un signe que le ressort de leur organisme est brisé, le meilleur de leurs forces a été dépensé lors des dures étapes ou d’un élevage fatiguant (1), ou bien leur organisme a été miné par une maladie pernicieuse du foie. Remarquez leur respiration, elle est trop précipitée. Examinez la gorge de ces mêmes pigeons, elle a la couleur rouge et est gonflée à tel point que l’ouverture des voies respiratoires, comprimée qu’elle est, remontera trop haut dans le bec et qu’on ne sait pour ainsi dire plus voir le trou de la gorge, alors que pour bien faire, la langue et les organes respiratoires doivent se trouver tranquillement et profondément dans la gorge (2). Le battement de leur coeur est également trop rapide, signe que l’organisme est fichu. Eliminons sans regret tous ces vétérans, à moins que l’un d’eux puisse encore servir de reproducteur, mais ceux qui sont atteints à la gorge ne produiront plus que rarement du bon. Les mamans disent « qu’avec les enfants il faut user de patience », et nous, amateurs colombophiles, nous ne devons pas perdre de vue qu’il importe d’user de plus de patience et d’être plus indulgents pour les jeunes pigeons que pour les vieux, qui ont eu leur bon temps. Néanmoins seront impitoyablement écartés les jeunes qui revenaient fatigués des étapes. De même ceux qui sont affligés d’un bréchet ou des os de la fourche trop minces, sont mieux à leur place dans la casserole qu’en l’air. Ceux qui ont une aile raide ou une aile avec avant-bras trop long, prendront également le chemin de la cuisine. Quand les yeux d’un jeune pigeon ne se fortifient pas, que les teintes ne se lient pas de mieux en mieux, que l’oeil n’obtient pas un beau reflet, mais qu’au contraire les yeux sont troubles et sans vivacité, coupez-lui franchement la tête… Ensuite, si nos jeunes recrues sont saines, solides et pleines de vie, on peut leur faire confiance, car elles nous réservent l’espoir d’un brillant avenir.

Noël De Scheemaecker


Notices:

  • Bien éduquer et tester les pigeonneaux est un des plus grands « secrets » du sport colombophile ; surtout pour la vitesse et le demi- fond. Pour le fond on peut parfois attendre que les pigeons aient un an. Le panier restera toujours le meilleur juge même s’il n’exclut pas que l’on donne une année de sursis à un beau pigeon.
  • (1) A l’exception de quelques colonies à Liège qui pratiquèrent le « veuvage », tous les colombophiles pratiquaient le jeu « à nid » qui demande plus d’efforts physiques, alors que le pigeon au « veuvage » jouit de jours de repos bien tranquilles entre deux concours.
  • (2) Noël De Scheemaecher jugeait peut-être trop sèchement les pigeons adultes. Il est utile de s’intéresser à l’état de santé général d’un bon pigeon qui présente une mauvaise gorge avant de l’éliminer.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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