26 août 2021 Par admin

Comment nourrir les pigeons de demi-fond? (2)

Débutant:
Lors de notre dernière conversation, tu m’as dit que le champion dont tu m’as dévoilé le système de nourrir ses pigeons aux concours de Corbeil à Orléans à L’Union d’Anvers, ne lâchait pas ses veufs le jour de l’enlogement, c.-à-d. le vendredi. Je me demande si je t’ai bien compris et je suppose même qu’il a voulu dire qu’il ne donnait plus la volée à ses veufs le vendredi soir, mais bien encore le vendredi matin.

Victor:
Chacun a son système, il n’est jamais parfait. Lorsque ce champion m’a dit qu’il ne lâchait plus ses veufs le vendredi… je lui ai demandé s’il voulait dire par là le vendredi « soir ». Et il m’a répondu qu’il ne lâchait plus ses pigeons de toute la journée… en y ajoutant: « ainsi ils restent calmes, ne se dépensant pas. Je leur donne ce jour-là, dans le couloir à côté de mon colombier, la baignoire. C’est une habitude, et je M’en trouve très bien. Pourquoi changer? D’ailleurs, me dit-il encore, n’as-tu jamais remarqué, à condition que les pigeons soient bien soignés dans les paniers, que les pigeons enlogés un jour avant les autres reviennent mieux que ces derniers, et que le concours se clôture plus vite. Le fait de ne pas voler un jour supplémentaire ne leur fait donc pas de tort. J’ai lu un jour dans ta revue verte que Toon Van Alphen, l’inoubliable as des as aux concours de vitesse de Borgerhout, où, dans 2 à 3000 pigeons il classait régulièrement plusieurs pigeons dans les 10 premiers, eh bien que Toon mettait déjà ses pigeons en panier (un vrai panier de concours) un jour avant l’enlogement!

Débutant:
Cela prouve donc qu’il n’y a pas d’inconvénient à ne pas lâcher ses pigeons le jour de l’enlogement.

Victor:
Personnellement je n’ai pas encore fait l’essai. Mais il faut savoir ceci: notre champion montre les femelles aux veufs avant l’enlogement, un instant seulement, puis il va les lâcher à quelques centaines de mètres du colombier. A leur retour les veufs retrouvent la femelle et après une minute ou deux, ils sont mis au panier pour les conduire au local d’enlogement.
Parfois il utilise certains petits trucs « auxquels il attribue ses premiers prix » comme il dit, mais je te raconterai cela une prochaine fois, car il est temps de parler maintenant de la façon dont il soigne la demi-douzaine de veufs avec lesqeuls il participe aux concours de grand demi-fond au Fond-club, c.-à-d. Bourges, Châteauroux, Poitiers, Limoges et Tulle, c.-à-d., sur des distances de 500 à 700 km.

Débutant:
Tout d’abord une question: les veufs qui participent à ces concours sont-ils dans le même colombier que les autres?

Victor:
Non ! Ils sont dans un autre colombier séparé du premier par un espace d’un mètre. C’est dans cet espace qu’il donne un bain aux pigeons afin de ne pas mouiller le sol des colombiers.
D’après notre champion il est important que des pigeons, enlogés à des jours différents, et revenant souvent à des jours différents, soient mis dans des colombiers bien séparés. Déranger 4 jours par semaine un colombier est néfaste pour la durée de la forme. Par exemple: enlogement le mercredi pour Châteauroux, le vendredi pour Corbeil, retour le samedi pour Châteauroux et le dimanche pour Corbeil… Non, cela ne peut être profitable à la forme des pigeons. Pour notre champion c’est un point essentiel pour réussir une bonne saison. Et je suis entièrement d’accord avec lui.

Débutant:
Je me souviens d’ailleurs de ce que tu m’as dit un jour concernant monsieur Coudou, d’Hérinnes, le fameux spécialiste de Barcelone. Celui-ci avait un petit colombier où il plaçait ses champions de Barcelone, à l’exclusion de tout autre pigeon. Cela fait penser que le calme est un grand atout dans un colombier de veufs.

Victor:
L’obscurité qu’on fait dans un colombier de veufs n’a d’autre but que de calmer ceux-ci afin qu’ils ne perdent pas leurs réserves en s’énervant à longueur de journée. A colombier de Pol Bostijn, le recordman des premiers prix aux grands concours nationaux, il fait vraiment « sombre » pendant le jour.
Pour en revenir à notre champion tu sais maintenant qu’il a deux colombiers de veufs. Pour la volée il donne la liberté aux pigeons du grand demi-fond un quart d’heure avant les autres. Voyons un peu quelle est la différence dans les soins entre les deux colombiers? C’est assez simple. Les veufs qui sont enlogés tous les quinze jours, reçoivent comme nourriture un mélange dépuratif pendant quatre jours. En principe donc le dimanche, le lundi, mardi et mercredi s’ils sont rentrés le samedi. Les deux premiers jours, me dit-. il, je donne le mélange humecté avec du jus de citron et saupoudré avec de la levure de bière, matin et soir. Les deux jours suivants le mélange dépuratif pur. Le matin une petite cuillerée à soupe, et le soir une grosse cuillerée à soupe. S’il reste quelque chose dans la petite mangeoire, j’enlève ce qui reste.
Laissons encore parler notre champion: Après cette cure de désintoxication je recommence à nourrir avec du mélange sport, avec mon système très simple quelques petites graines à la rentrée de la volée; j’attends alors un certain temps comme je te l’ai expliqué la dernière fois, et puis je nourris, jusqu’à ce qu’ils n’en veulent plus, le mélange sport. Et ainsi de même jusqu’au jour de l’enlogement. Mais les trois jours qui précèdent le jour de l’enlogement je sers, après le repas du soir, une cuillerée à café du mélange suivant: 1/3 millet plat, 1/3 chanvre, 1/3 riz non décortiqué. Le jour de l’enlogement je nourris de la même façon que je nourris les veufs enlogés aux concours de petit demi-fond, c.-à-d. du mélange sport qui a trempé 24 heures dans l’eau, et cela pour prévenir qu’ils se déshydratent dans le panier.
Je ne montre pas la femelle le jour de l’enlogement, mais la veille, après la volée du matin, je donne la femelle quelques instants, et puis je fais lâcher mes veufs à quelques centaines de mètres du colombier. Je les laisse quelques instants avec la femelle. Puis j’enlève celles-ci et je donne un bain à chaque veuf séparément dans un seau d’eau tiède. Cela les calme de nouveau. Ensuite je les nourris au casier. Cela me demande une demi-heure de travail supplémentaire, mais je m’en trouve bien, puisque les résultats le prouvent.
Le lendemain du concours je sers également des carottes en petits cubes, comme aux autres veufs. Comme boisson le lendemain du concours un peu de Lugol (une cuillerée à café sur 4 litres de boisson). Le jour de l’arrivée une bonne cuillerée à café de glucose vitaminé que je remplace par de l’eau fraîche quand je retire les femelles. Les trois jours qui précèdent le jour de la mise en loges j’ajoute également à la boisson du glucose vitaminé – un cuillerée à café sur un litre d’eau. Voilà tout mon système. Quant aux petits trucs que j’utilise parfois, je vais t’en parler maintenant.

Débutant:
Je suis curieux et… impatient de les apprendre.

Victor:
Je te les raconterai la prochaine fois.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]