pigeon en sprinter coursier
4 septembre 2020 Par admin

Connaitre à fond ses pigeons

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Nous pouvons subdiviser les pigeons en sprinters, coursiers et en stayers (des sujets pouvant soutenir longtemps une bonne vitesse). Quoique tous ces pigeons disposent des mêmes forces physiques, chaque sujet a pourtant sa spécialité. Par l’observation de ses pigeons et l’étude de la race, on les aura vite classés dans une des catégories sprinters, coursiers ou stayers.

Nos lecteurs se rappelleront sans doute le terrible duel que se sont livrés le champion cycliste wallon Mottiat et l’idole française Pélissier, dans la course mémorable Paris-Brest-Paris (1). Pélissier était le type du batailleur indomptable, poussé par ses nerfs d’acier. Mottiat disposait d’un corps merveilleusement doué, pas si fougueux que Pélissier, mais plus calme et sans doute à cause de cela plus endurant pour de longs efforts pareils. On aurait dit tout d’abord que le Français allait l’emporter facilement. Il s’envola littéralement dès le départ comme s’il s’agissait d’une course de vitesse, sur une distance de quelques centaines de mètres et prit une belle avance. Or, qui gagna la course ? Mottiat ! Pourquoi ? Parce qu’il avait permis à son corps de fonctionner normalement, tandis que sa santé — sa forme — fit le reste. Le second — Pélissier — avait forcé son corps, sa fougue indomptable ne lui avait
pas laissé l’occasion de reprendre un peu des forces perdues et quand ses nerfs ne le soutenaient plus, il s’effondra littéralement vidé. Mottiat remporta la victoire avec plus d’une heure d’avance sur un Pélissier quasi mort ! Ainsi dit l’histoire de cette course surhumaine: Paris-Brest-Paris, soit plus de 1300 km, en une haleine ! Est-ce de la colombophilie ?, me direz-vous. Evidemment non, mais cette comparaison vous aura sans doute fait deviner à sa juste portée ce que j’aimerais vous dire du caractère du pigeon.



Il y a des pigeons qui laissent faire leur corps (Mottiat), d’autres le forcent par leur nervosité (Pélissier). Les premiers surmontent facilement une défaillance passagère, chez les autres c’est tout ou rien. Ceux de la première catégorie sont les types des voyageurs de fond (600 à 900 km). Les seconds, qui sont physiquement aussi forts que les premiers, sont des pigeons de demi-fond, parce qu’ils donnent tout ce qu’ils peuvent, sans laisser de répit au corps. Par conséquent, il leur est très difficile de surmonter un affaiblissement inévitable à ces longues étapes, car lorsque celui-ci se produit, la réserve de forces est depuis longtemps déjà épuisé et avant que les muscles aient récupéré, les beaux pris sont déjà gagnés. Pour départager les pigeons de fond des pigeons de demi-fond (300 à 600 km), il convient non seulement de tenir compte de leur force physique, le caractère et aussi la race y tiennent une place prépondérante.
Feu Antoine Van Alphen de Borgerhout, un des plus fins connaisseurs qu’Anvers ait connu, m’avouait jadis très franchement: « Je sais très bien que ma race est une race de vitesse, les pigeons ont tous un attachement extraordinaire au nid, ils voleraient littéralement à travers un mur pour rentrer chez eux. Cependant, j’aime aussi de jouer les étapes au-delà de Paris, et je tiens à gagner chaque année le championnat à Borgerhout. A ces étapes j’engage mes plus petits pigeons, ce sont les plus endurants chez moi.
 » Pourquoi ?, lui demandai-je. « C’est très simple: le corps ou la constitution de ces petits est tout aussi fort que chez mes autres pigeons, puisqu’ils sont du même sang, mais quand ces grands attrapent en route un « affaiblissement », il faut longtemps avant qu’ils se soient repris, tandis qu’un petit pigeon de ma race, surmonte plus vite une défaillance, que mes grands, car leur coeur est de force égale !
Raisonnement très juste de cet amateur modeste, qui en quelques mots me dévoilait presque tout le secret entre des pigeons de vitesse et de fond. Antoine Van Alphen connaissait les ressources et les moyens de ses pigeons et les utilisait pour ces efforts dont sa main de connaisseur les savait capables. Il s’agit donc de connaître ses pigeons afin de ne pas les « claquer ». Avant de revenir à mon sujet, je veux encore vous raconter ce que les champions du monde aux étapes de fond, les frères Oomens de Breda (Pays-Bas), me disaient encore la semaine passée: « Jusqu’à l’après-guerre ’14-’18, nos pigeons étaient de formidables voyageurs jusque 600 km, mais plus loin, à Bordeaux et Saint-Vincent, nos succès étaient plutôt maigres. Alors nous avons introduit dans notre race des Stoffels – ancien joueur anversois réputé pour ses succès aux étapes de fond – et depuis lors, nos pigeons se sont progressivement mieux classés de 600 à 900 km, à tel point qu’actuellement ils y sont imbattables. » Ces pigeons de Stoffels, étaient-ils donc plus forts?
« Mais nullement, mais c’était réellement une race de pigeons de fond. Ils étaient plus calmes et se laissaient guider par leur nature exceptionnellement forte. Les nôtres d’avant-guerre voulaient être trop vites entrés et se laissaient décourager, je pense, lorsque le retour durait trop longtemps. » Vous voyez donc bien que la race joue ici un grand rôle, ainsi que le tempérament. Des milliers d’extras d’au-delà de Paris sont mis à la casserole, parce qu’ils ne se classent pas convenablement jusque 2 à 300 km. La raison en est que les amateurs n’étudient pas suffisamment leurs pigeons et n’ont pas la patience de les essayer plus loin que Noyon (220 km) ! La colombophilie n’est nullement un jeu de hasard, bien au contraire, elle est une étude. Veut-on exercer notre sport avec chances de succès durable, on ne peut rien laisser au hasard. Le moindre détail a son importance. Naturellement, les qualités physiques sont d’une importance capitale pour distinguer des pigeons de vitesse, demi-fond et fond. La robustesse du sternum et de l’ossature, une respiration régulière et calme, une gorge saine et profonde, des pulsations vigoureuses et pas trop rapides, une solidité musculaire des reins prononcée, une aile bien fournie, robuste mais souple, ce sont toutes des qualités qui classent un pigeon comme extra. Un tel pigeon devrait pouvoir gagner tout aussi bien un premier prix à 100 km qu’à 800 km, mais ce n’est pas dit qu’il le fera, s’il manque le mordant approprié au travail qu’on exige de lui, ou s’il n’a pas cette qualité éminente propre à la race, et qui consiste à surmonter toutes les défaillances grâce à une nature richement douée. Nous pouvons subdiviser les pigeons, quasi parfaits au point de vue physique en sprinters, coursiers et en stayers (des sujets pouvant soutenir longtemps une bonne vitesse). Quoique tous ces pigeons disposent des mêmes forces physiques, chaque sujet a pourtant sa spécialité. Il s’agit de la trouver en étudiant ses pigeons. On doit évidemment tâcher d’avoir des pigeons qui sont bâtis et constitués pour abattre toutes les distances, mais il ne faut pas, pour cela, les jouer à toutes les distances. Par l’observation de ses pigeons et l’étude de la race, on les aura vite classés dans une des catégories sprinters, coursiers ou stayers.
Cette étude de nos pigeons est, à mon avis, un des côtés les plus agréables de notre sport populaire, elle n’exige pas de hautes études, mais tout simplement une observation étroite et un raisonnement sain. Un fin connaisseur arrivera bien, parfois, à démasquer le caractère d’un sujet à travers son regard. Ce qui est quasi impossible à savoir, c’est la vigueur et la santé de la nature, qui lui fait surmonter toutes les défaillances pendant le vol. C’est cela la qualité primordiale des stayers, des pigeons de fond. Rappelez-vous la comparaison entre Mottiat et Pélissier, ce dernier était trop coursier et trop peu stayer, comme l’était Mottiat.



[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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