Consultation colombophile – pigeon voyageur
Nombreux cas de trichomoniase
Nos pigeons n’étaient pas rentrés d’un quart d’heure, en ce début de saison, que des amateurs se présentaient déjà à ma consultation. Le diagnostic fut assez souvent « le jaune » (trichomoniase) chez les vieux pigeons (70 % des cas qui me furent présentés). Il faut bien avoir en tête que des jours comme cela, ce sont en majorité des pigeons qui ont mal voyagé au concours qui me sont présentés pour analyse, d’où ces diagnostics de tricho.
Beaucoup d’amateurs traitent leurs pigeons environ une fois par mois, pendant 2 à 3 jours contre la tricho, via l’eau de boisson, ce qui est insuffisant dans la plupart des cas (on favorise ainsi la résistance des trichomones).
Quand on n’a pas la possibilité de faire examiner ses pigeons régulièrement, il vaut plutôt mieux donner une gélule ou une pilule anti-tricho, environ une fois par mois. Les femelles des veufs, par contre, ou des pigeons qui ne voyagent pas, peuvent être traités via l’eau de boisson avec du ronidazole, mais durant une semaine entière.
Chez les pigeons souffrant de trichomoniase, on diagnostique souvent aussi de l’ornithose (ou plutôt une atteinte des voies respiratoires supérieures). Une fois la tricho éliminée, les « grosses têtes » disparaissent le plus souvent d’elles-mêmes. Il est parfois conseillé de traiter encore deux jours au ronidazole, ou avec un produit contre le coryza, contenant aussi un anti-tricho, après l’emploi d’une gélule.
Les prestations s’améliorent le plus souvent déjà durant la semaine de cure.
Conifères et arbustes dangereux
Un amateur m’écrivait qu’il possédait une haie de conifères juste à côté de ses colombiers de jeunes. Les pigeons mangeaient de cette haie tous les jours, malgré qu’ils ne manquaient de rien au colombier et il se demandait si cela pouvait être nocif. Il y a beaucoup de variétés de conifères, parmi lesquelles les haies vertes (tuya) et les bleues (chameacyparis) sont les plus fréquentes. Après contact téléphonique avec le Centre d’Information National Anti-poison, je n’ai rien appris de plus que ces arbustes contiennent des huiles etheriques qui peuvent occasionner des problèmes d’infection pulmonaire chez les animaux domestiques. Par ailleurs, ces plantes contiennent des toxines. Mais je n’ai pu en savoir plus sur les réactions éventuelles que peuvent provoquer ces substances sur nos pigeons. Même dans un livre américain traitant des oiseaux, je n’ai rien pu trouver.
Un collaborateur d’une pépinière a pu me donner une réponse claire: les conifères ne sont pas nocifs pour les pigeons. Un excès de verdure, qui est difficile à digérer, pourrait provoquer des problèmes de digestion et de mauvaises fientes. Il suffit juste de tailler et maintenir la haie très courte.
En principe, les pigeons n’ont pas besoin de verdure, mais l’envie de faire le champ reste très présente chez nos pigeons, surtout quand ils nourrissent des jeunes. La recherche de verdure ne signifie pas pour autant que les pigeons manquent de quelque chose. Faites quand même attention qu’il existe des haies très dangereuses. Le taxus baccata en est une. Le pigeon ne mange en général pas ses feuilles mais bien les fruits, qui ne sont pas nocifs. Les oiseaux sauvages excrètent les pépins contenant les toxines sans les digérer, si bien qu’ils n’en subissent aucun dommage. Chez notre pigeon, il n’est pas exclu qu’il broie ces pépins dans son gésier; le poison est ainsi libéré et le pigeon en meurt. Le laburnum anagyroïdes est aussi très toxique et provoque de violentes réactions d’empoisonnement chez le pigeon. L’absorption d’une dizaine de graines ou de quelques fleurs, attaque le système nerveux central, ce qui entrave la respiration du pigeon, qui meurt étouffé.
Voici une liste de quelques arbustes ou plantes qu’il vaut mieux ne pas installer à proximité du colombier: ligustrum, sorbier, les anémones, digitale, pieds d’alouette, etc…, cette liste est loin d’être complète. Le mieux, quand vous achetez de nouvelles plantes de jardin, est de vous informer de leur toxicité éventuelle.
Si vous voyez un de vos pigeons avaler un morceau de plante toxique, il faut vider et rincer son jabot le plus vite possible. Cela se fait facilement avec une seringue de 20 ml, au bout de laquelle vous adaptez un embout de caoutchouc souple. Remplissez le jabot d’eau; ensuite tenez la tête du pigeon vers le bas et poussez sur le contenu du jabot en direction du bec.
Recommencez jusqu’à ce que le jabot soit vide. Vous pouvez aussi prendre contact avec votre vétérinaire. Pour diluer la présence du poison dans le corps et favoriser son expulsion, il pourra lui administrer un purgatif. Essayez toujours de bien décrire de quel poison il s’agit. Pour un certain nombre de poisons, il existe une thérapie bien adaptée (anti-poison). Au plus vite vous réagissez, au mieux est le résultat.
Grincements de dents
L’alimentation végétale est par définition difficile à digérer. Les herbivores ont ainsi développé toutes sortes de trucs pour parvenir à extraire les éléments nutritifs du bol végétal qu’ils avalent. Tout d’abord, le tube digestif d’un herbivore est beaucoup plus long que celui d’un carnivore. Chez la vache, la prédigestion de l’herbe se déroule dans la panse avant de remonter pour être ruminée, puis envoyée vers ses deux estomacs. Les lapins re-mangent leurs propres déjections (coprophagie) pour ainsi pouvoir digérer leur nourriture une seconde fois. Chez le pigeon, la digestion commence dans le jabot et l’estomac glandulaire. Ensuite, la nourriture est broyée dans le gésier, grâce aux petites pierres que le pigeon avale. Au travers des intestins, les éléments nutritifs passent alors dans le sang.
Cette introduction était nécessaire pour vous permettre de comprendre le cas vécu qui suit. La semaine dernière, un amateur se présente à ma consultation. Il me raconte que ses pigeons, surtout le soir, après l’entraînement et le repas, font entendre un bruit de râle. Des pigeons qui font entendre un bruit de râle souffrent en général d’une infections des voies respiratoires ou de trichomoniase. Le plus souvent, les contours des yeux sont trop humides, jaunâtres et les morilles ne sont pas très blanches. Après une inspection minutieuse et un examen clinique, rien de particulier n’est découvert. Après coloration d’échantillons de glaires, aucune cellule infectieuse n’est mise à jour. Un dilemme, quoi! Ce qui était étonnant, c’est qu’aucun des pigeons apportés pour contrôle n’avait « râlé » pendant la consultation. Il fut décidé d’appeler l’épouse au téléphone, pour contrôler. A l’appareil, la dame me confirma qu’elle entendait toujours bien « râler » les pigeons au colombier. Comme c’était quasi mon dernier client de la journée, une demi-heure plus tard, je lui rendais visite à son colombier. Les pigeons y faisaient bien un bruit spécial, pas un râle, mais plutôt le bruit de la digestion de leur ration dans leur gésier. Suite au stress provoqué par leur mise au panier, ceux qui étaient venus à la consultation avait cessé leur digestion et ne faisaient plus aucun bruit !
Transpiration sous les aisselles
Quand notre température corporelle augmente trop fort, nous transpirons. Suite à l’évaporation de la sueur expulsée, notre corps se refroidit et la transpiration s’arrête. Vu qu’il ne possède pas de glandes sudoripares, le pigeon se refroidit le corps principalement via l’appareil respiratoire: il ouvre son bec et halète. Pourtant, j’ai reçu un coup de téléphone, la semaine passée, d’un amateur de Kampen. Cet amateur avait 36 jeunes dans son colombier. A sa grande stupéfaction, ceux-ci présentaient de grandes taches de sueur sous les aisselles.
Que pouvait-il se passer?
Je me suis souvenu aussitôt d’un cas similaire, survenu deux ans plus tôt, auprès d’un bon amateur de Zwolle. A cette époque, cela semblait être dû à une infection par moisissure, provoquée par une litière de copeaux humides amenés au colombier. Après l’enlèvement de ces copeaux et un badigeonnage de ces taches avec de l’Hibisol, celles-ci avaient rapidement disparu. En principe, il est assez rare, qu’une infection par moisissure disparaisse aussi facilement avec ce genre de traitement. Chez nos autres animaux domestiques, cela demande un long traitement avec un anti-moisissure approprié. J’en déduis donc que l’infection par moisissure n’est pas la base du problème. Un détail remarquable était qu’il s’agissait également de jeunes pigeons.
Après examen des pigeons de l’amateur de Kampen, il apparut qu’il s’agissait du même type d’infection; de grandes taches jaunâtres sous les aisselles. A l’analyse microscopique, je relevai d’énormes quantités de sporules de moisissures. A ma question, l’amateur répondit qu’il n’avait aucun couvre-sol au colombier. Mais il eut la bonne idée de me dire que la paille qu’il avait placée dans ses paniers de concours n’était pas de trop bonne qualité. Les paniers furent nettoyés et désinfectés et les pigeons traités cette fois à l’Imaverol, qui est un produit spécifique contre les moisissures. Cette fois encore, les résultats furent spectaculaires. Après deux jours, les taches avaient séché et l’infection avait disparu. Un contact téléphonique avec mon collègue de Weerd, me confirma qu’il avait déjà rencontré quelques fois ce type d’infection. Les patients qui lui avaient été présentés avaient tous été traités avec un certain spray anti-parasitaire. Ce spray avait peut-être entamé la protection naturelle de la peau des pigeons et provoqué cette irritation. Chez moi, par contre, il n’était nullement question d’une allergie à un quelconque spray anti-parasitaire. Comment apparaissent ces infections reste encore un mystère à ce jour, mais la thérapie est efficace et les pigeons guérissent sans effets secondaires, ni séquelles.
Préparation des jeunes pigeons
On me pose souvent de nombreuses questions quant à la préparation des jeunes pigeons, en début de saison. Pour éviter de grosses pertes, il n’est pas inutile de venir présenter ses jeunes en consultation, avant de commencer les entraînements. Le grand problème de nombreux amateurs est que leurs jeunes volent mal, n’ont pas le plumage lisse et présentent des nez sales. Je constate souvent un problème de trichomoniase, parfois même après une cure aveugle de 5-6 jours. La cause en est un pigeon étranger rentré au colombier ou un pigeon acheté qu’on a introduit avec les autres. Mais dans de nombreux cas, il semblerait qu’une cure de 5-6 jours au ronidazole, via l’abreuvoir, ne soit plus suffisante en cas d’infection sérieuse de trichomoniase. Je préconise de traiter plutôt via les graines, ou pendant une période plus longue (8 jours minimum) si vous avez encore le temps de le faire. Dans la négative, il vaut mieux choisir une gélule ou une pilule anti-tricho, éventuellement suivie de 2 jours do traitement via l’eau de boisson. Un pigeonneau infecté par la tricho ne parvient pas à avoir ses voies respiratoires en ordre, dans 9 cas sur 10, même après un traitement contre le coryza.
En cas de cure pour les voies respiratoires, il faut laisser assez de temps de récupération, jusqu’à deux semaines avant le début de saison. Les pigeons ont ainsi le temps de surmonter les infections et de reconstruire une bonne résistance naturelle. En plus, les virus jouent souvent un rôle dans les infections respiratoires des pigeonneaux.
Traiter contre les virus ne sert à rien avec un antibiotique; il vaut mieux laisser le pigeon se remettre seul, pour autant qu’il n’y ait pas de trichomoniase associée. Si on place les jeunes atteints dans une volière ouverte, pendant 5-6 jours, ils récupèrent en général très vite. L’élimination des pigeons malades du colombier permet aussi de diminuer l’infection ambiante. Dans le cas d’infections par E. Coli, je conseille également d’enlever les pigeons malades le plus vite possible du colombier et de les soigner sans tarder.
La semaine dernière, un amateur est venu me consulter. Il voulait laisser ses pigeons se rétablir seul d’une infection par E. Coli. Il avait laissé les pigeons malades au colombier et ils recevaient juste du lait battu sur les grains. Résultat, après une semaine: 24 des 47 pigeons étaient morts. Bien sûr, les pigeons savent vaincre l’une ou l’autre petite infection d’eux-mêmes, à condition de ne pas laisser les choses empirer.
Dr. N. Wolf
Notices:
- Les haies de conifères sont présentes dans de nombreux jardins. Elles ne sont pas dangereuses et les pigeons peuvent y picorer. Mais attention aux haies toxiques, comme par exemple le taxus baccata, qui est un des plus dangereux. De même que le laburnum anagyrdides, qui peut provoquer de sérieux symptômes d’empoisonnement chez nos pigeons.
Haies de conifères
Taxus baccata
- Si vous voyez qu’un pigeon mange d’une plante empoisonnée, rincez-lui le jabot aussi vite que possible. Cela se fait facilement avec une grosse seringue (20 ml) à laquelle vous adaptez un embout en caoutchouc. Envoyez de l’eau dans le jabot. Tenez le pigeon la tête en bas et massez le jabot en direction du bec pour faire vomir. Recommencez jusqu’à ce que le jabot soit vide.
[ Source: Article édité par Dr. Nanne Wolf – Revue PIGEON RIT ]
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La trichomonose du pigeon voyageur