Contrôle d’arrière-saison – pigeon voyageur
La saison est terminée. A cette époque, le vétérinaire est consulté par des amateurs qui viennent soit chercher des produits pour favoriser la mue, soit contrôler une dernière fois l’état de santé de leurs pigeons avant le déclenchement de la grande mue. Si quelque chose cloche au niveau de la santé des pigeons au moment de la mue, celle-ci ne se déroule pas de façon optimale, elle peut même s’arrêter, le renouvellement du plumage risque de ne pas être de bonne qualité et les bases de la future saison peuvent en être ébranlées. Des produits favorisant une bonne mue sont sans effet si les pigeons ne sont pas en santé parfaite. Si aucune maladie n’est décelée pendant cette période, il y a grande chance qu’aucune contamination ne sera à craindre d’ici la nouvelle période d’élevage, vu que les pigeons ne vont plus au panier. Si vous achetez des nouveaux pigeons dans l’arrière-saison, mettez-les quelques jours en quarantaine, récoltez les fientes et soumettez votre achat au contrôle du vétérinaire avant de le placer parmi vos pigeons.
Les tumeurs du pigeon
Dans le passé, certaines personnes pensaient que les pigeons ne pouvaient pas développer de tumeurs et établissaient même des schémas de diète préventive, sur base du régime alimentaire des pigeons. Tout gosse, l’image de mon grand-père, un pionnier de la colombophilie, m’est toujours restée en mémoire. Il suivait à l’époque une diète prescrite par le Dr. Moerman. Il ingurgitait de nombreuses décoctions, à base de jus de plantes, au goût innommable, au point que même sa corneille apprivoisée fit un jour un bond en l’air, après y avoir goûté.
Hélas, les pigeons peuvent aussi développer des tumeurs. Il importe de faire la distinction entre tumeurs malignes et bénignes. Les tumeurs bénignes sont pour la plupart sans conséquences pour les tissus environnants; la peau aux alentours n’a bien souvent subi aucune modification, ni dommage visible.
Ces tumeurs sont classifiées de « bénignes », car on peut facilement en déterminer le début et la fin; beaucoup d’entre elles peuvent d’ailleurs être enlevées sans dommage aucun. Les tumeurs malignes par contre, sont souvent solidaires des tissus environnants. On constate souvent une modification de la couleur de la peau, qui a évolué en même temps que le développement de la tumeur. On décèle moins facilement où commence et où finit cette tumeur. Les tumeurs malignes doivent être observées très attentivement avant d’être enlevées, pour éviter la formation de métastases.
Observation hebdomadaire: « nombreux cas de paratyphose pendant la mue »
Il m’a semblé remarquable de constater en 2004 un grand nombre de cas de paratyphose en période de mue (15 analyses positives). La forme intestinale, caractérisée par de l’amaigrissement et de la diarrhée, a été constatée dans 13 cas. La forme articulaire n’a été décelée que dans 2 cas. Dans un certain nombre de colombiers, des cas de décès de jeunes au nid ont été signalés. Normalement, en période de mue, on conseille d’éviter tout traitement antibiotique. Même une vaccination est à déconseiller, car elle peut avoir un effet négatif sur la mue, voire la stopper. Mais, si les pigeons sont malades, il n’y a pas d’autre choix que de recourir aux antibiotiques. Avec une combinaison de trimetoprim-sulfamethoxazole, on obtient de bons résultats; cette médication semble n’avoir aucun effet négatif sur la mue et peut même s’effectuer avec de petits jeunes au nid. Ceux qui ont eu des problèmes de paratyphose pendant la mue, feront bien de recommencer une cure après le renouvellement du plumage, suivie éventuellement d’une vaccination (donc ne pas vacciner pendant la mue!). Cette vaccination n’est pas sûre à 100 %, mais semble procurer une protection correcte. Vaccinez largement avant la nouvelle période des accouplements.
Cas extrêmes
Chaque année, je suis confronté, à titre vétérinaire, avec l’un ou l’autre colombier, dans lequel un nombre important de pigeons décèdent de l’une ou l’autre maladie. Dans un certain nombre de cas, il s’agit de maladies relativement « nouvelles », contre lesquelles la majorité de la colonie n’a pas encore pu créer d’anticorps ou trop peu. A chaque fois, je constate que les premières années de l’apparition de cette maladie, il y a énormément de déchet. Par après, les pigeons développent davantage d’anticorps contre les déclencheurs de cette maladie et son évolution est beaucoup plus lente. Ainsi, les premiers symptômes d’E.Coli furent fulgurants; les pigeons décédaient rapidement et les médications semblaient avoir peu d’effet. Actuellement, les symptômes sont moins virulents, en règle générale et les médicaments font leur effet, à condition que la thérapie ait été commencée à temps.
Dans les colombiers où on connaît des problèmes d’Herpès virus, on constate un développement plus calme de la maladie d’année en année. La Nature se charge en fait d’armer le corps, au fil du temps, contre la nouvelle maladie, ou une maladie que le corps n’a encore jamais rencontrée, en fonction de la fréquence avec laquelle le pigeon y est confronté. Dans les cas extrêmes, il faut exclure une à une les diverses possibilités de maladie nouvelle, en particulier chez le pigeon, pour lequel très peu d’études ont été menées. Avec ce récit en mémoire, je vais vous décrire un cas pratique survenu. Un voici quelques mois client m’amène 4 pigeons très amaigris. Après un examen clinique approfondi, aucune maladie parasitaire n’est décelée. Entretemps, 17 de ses 29 pigeons sont morts! Nous décidons alors de faire une analyse bactériologique des fientes et du sang, car nous craignons un cas aigu de paratyphose, vu le nombre de cas décelés ces derniers temps. En même temps, nous recherchons la présence éventuelle de Streptococcus bovis. Un pigeon mort est envoyé au service de santé et d’hygiène des volailles, pour nous assurer qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle maladie. Comme cela prend quelques jours au laboratoire, nous avons déjà entamé un traitement anti-paratyphose, à base de trimétoprim-sulfa. A ma grande frayeur, dans les 2 jours qui suivent, 3 autres pigeons décèdent encore. Il en reste 9 sur les 29. Aucun agent d’infection n’a été trouvé dans les fientes, ni dans le sang. Un jour plus tard arriva le verdict du labo du service santé; ils avaient isolé des bactéries d’E.Coli dans le coeur du pigeon mort, susceptibles de provoquer le décès du pigeon. Le plus étrange était que cette bactérie causait la mort de pigeons adultes au lieu des pigeonneaux. Une autre particularité était qu’en général, la bactérie d’E.Coli que nous connaissons chez les pigeonneaux, provoque des réactions rapides alors que dans ce cas, les pigeons étaient plutôt des malades chroniques avec un fort amaigrissement. Espérons que cette forme d’E.Coli ne se répand pas aussi vite chez les vieux que celle que nous connaissons chez les jeunes.
De l’antibiogramme réalisé, il apparaissait que l’E.Coli isolé était quasi insensible aux antibiotiques courants, même au « champion » des Enrofloxacin (mieux connu sous le nom de Baytril). Finalement, seule la Neomycine put avoir raison des germes pathogènes.
Il apparaît ainsi que les pigeons ne sont pas les seuls à s’armer contre les attaques extérieures de l’environnement; les germes de maladie aussi deviennent résistants aux antibiotiques, s’ils sont trop souvent employés. Cette résistance peut être contrée en observant rigoureusement certaines règles simples:
1) Ne traitez que si la cure est justifiée;
2) Ne sous-dosez jamais le produit et traitez le temps qu’il faut. Si vous ne respectez pas ces règles à la lettre, vous occasionnerez une résistance des germes de la maladie aux antibiotiques utilisés.
Si vous êtes obligé de traiter vos pigeons au retour d’un concours, pendant 1 ou 2 jours, par exemple, n’utilisez jamais un produit aussi techniquement avancé que le Baytril. Si par malheur, cet antibiotique n’agit plus par la suite, votre vétérinaire ne possédera quasi plus d’autre choix à sa disposition.
[ Source: Article édité par Dr. Nanne Wolf – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
Une nouvelle saison sportive – pigeon voyageur
Occupation de morte saison – pigeon voyageur