24 septembre 2020 Par admin

L’épée de Damoclès et le colombophile

E Pe E De Damocle S Et Le Colombophile

Débutant:
Tu m’as souvent dit qu’un colombophile, fut-il un grand champion, n’est jamais à abri d’un échec apparemment inexplicable. Et que l’épée de Damoclès ne pendait qu’à un crin de cheval au-dessus de lui et qu’à tout moment elle peut lui tomber sur la tête.
J’ai l’impression que cela est tout à fait le cas en colombophilie. Et la question que le colombophile se pose quand rien ne va plus: mais quelle était donc cette épée de Damoclès qui m’est tombée sur la tête… ou dans mon colombier?
Connais-tu l’épée ou les épées de Damoclès qui peuvent arrêter net les succès?

Victor:
Il est fréquent que le colombophile ne puisse expliquer ce qui lui arrive lorsque brusquement ses pigeons ne se classent plus.
C’est la panique, et il a recours à la science d’un vétérinaire. ou bien celui ci ne trouve rien de positif dans l’analyse des fientes: pas de coccidiose, pas de vers dans les intestins.
Quant à l’examen des salives: pas de trichomonose, ce qui est normal puisque le colombophile « traite » régulièrement ses pigeons contre ce parasitisme. Mais alors quoi? Un virus? Et pour toute éventualité le vétérinaire prescrit un anti-biotique suivi de vitamines.

Débutant:
A mon avis le colombophile a fait ce qu’il devait faire. N’est-ce pas ton avis?

Victor:
D’accord. C’est le chemin à suivre, à moins que… Oui, à moins qu’il y ait une autre raison, une autre épée de Damoclès qui se soit abattue sur ses pigeons… inconnue de la science. Par les grandes chaleurs d’un mois de mai exceptionnel, le manque de « circulation d’air » peut tout simplement être la cause d’une absence totale de forme, due à la pollution du sang chez le pigeon et à un handicap pour les organes respiratoires de celui-ci.

Débutant:
C’est donc une preuve flagrante que la forme peut basculer d’un jour à l’autre!

Victor:
Cela prouve une fois de plus que sans air pur le pigeon ne peut se maintenir en forme. Et à ce propos tu te souviens peut-être de ce que mon regretté ami Victor Torrekens avait observé. Il avait recherché la cause de l’échec total des pigeons enlogés dans l’un des locaux d’enlogement pour un concours de 300 km. Les paniers avec ces pigeons avaient passé la nuit dans un emplacement très réduit, privé d’aération. Et le mystère était éclairé!

Débutant:
En fait ces pigeons avaient été empoisonnés par l’air vicié. Et alors le colombophile croit ses pigeons malades parce qu’ils ont tous raté! Et il croit pouvoir les traiter par des médicaments, et il s’enfonce de plus en plus…

Victor:
Alors qu’il aurait dû suivre le conseil que Georges Fabry préconisait: donner aux pigeons une semaine de repos supplémentaire, pour que tout rentre de nouveau dans l’ordre, et sans bousculer son système. La patience, oui la patience, mais cette vertu existe-t-elle encore de nos jours?

Débutant:
Mais toi, que ferais-tu si, malgré le fait que le vétérinaire n’ait rien trouvé d’anormal, tes pigeons ne se classaient plus?

Victor:
Je chercherais du côté de l’aération et du côté de l’alimentation pour remédier à la situation. Contrôle de la circulation d’air et contrôle du côté de l’alimentation. Car l’alimentation aussi peut polluer le pigeon… si les organes sont surchargés de travail par l’absorption d’un excès de protéines.
Pendant la semaine de repos: une alimentation légère à volonté, c.- à-d. un mélange dépuratif additionné d’un quart de mais. Car une erreur que commettent souvent les colombophiles pendant la semaine de repos, consiste à ne pas laisser reposer les organes, le foie surtout.

Débutant:
Donc, le vétérinaire, d’accord… mais le reste aussi! Une autre petite épée de Damoclès réside dans la chute de la première rémige.
Pour les veufs qui n’ont pas eu des œufs pour la seconde fois en début de saison, cette chute de la première rémige a lieu début juin. J’ai remarqué que cela constituait un handicap quand il s’agit d’un concours de fond et même de demi-fond quand le temps est assez dur. Qu’en penses-tu?

Victor:
Mon ami, Georges Fabry, qui avait une longue expérience, avait constaté que cette chute de la première plume était en effet un moment critique pour le pigeon. Cette année j’ai donc arraché en janvier cette rémige, et en mars j’ai également arraché la seconde rémige.
Elles ont toutes deux été remplacées par des plumes parfaites. Ainsi notre jeune « Buffle » ne laissera pas tomber la troisième rémige avant la fin juillet. Engagé à Brive le 6 juin il se classa d’ailleurs 33e dans 1.654 pigeons au provincial. C’est bien la preuve que cela lui a profité. C’est une expérience à recommencer à l’avenir pour tous mes voyageurs. Une épée de Damoclès aura ainsi été écartée, j’en suis certain.

Débutant:
Mais une seule expérience, suffit-elle?

Victor:
Si elle est concluante, pourquoi pas?

Noël De Scheemaecker

Notices :

Il faut adapter l’aération du colombier non seulement au nombre de pigeons qui y vivent, mais également au temps qu’il fait. Il est certain que si un nombre d’amateurs ont eu au mois de mai des problèmes de forme, c’est dû à un manque de circulation d’air au colombier.
Le mois de mai a été exceptionnellement chaud cette année et il fallait donc augmenter l’aération en conséquence.
Il arrive régulièrement, lorsqu’il fait chaud, qu’un amateur enloge des bons pigeons en excellente forme mais joue mal. Celui à qui cela arrive ne comprend évidemment pas ce qui s’est passé et souvent même il croit que ses pigeons sont tout à coup tombés malades. Cela arrive surtout chez ceux qui jouent la vitesse.
Dans la plupart des cas, pour ne pas dire toujours, c’est la faute de l’aération pendant le transport.
Les sociétés devraient être beaucoup plus exigeantes sur ce point vis à vis de ceux qui transportent les pigeons de leurs membres en camion et faire des contrôles régulièrement.
Contrôles non pas seulement sur le lieu du lâcher mais également durant le ramassage des pigeons et chez les transporteurs où les pigeons attendent dans le camion (souvent presqu’une nuit ) avant d’être transportés vers le lieu du lâcher.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]