Dialogue sur la colombophilie 1 – pigeon voyageur
A la veille d’engager leurs pigeonneaux dans les concours, les amateurs se demandent s’ils peuvent encore faire quelque chose. S’il est possible de leur donner un petit « plus » afin de pouvoir couronner ces épreuves avec sucées.
On entend régulièrement de nos jours: »les pigeons se classent bien, mais sans taper la tète » ou: »ils n’ont rien fait jusqu’ici, mais Bourges devra sauver la saison ». Et on se met à expérimenter. Augmenter la motivation, une étape d’entrainement supplémentaire et une petite cure, sans savoir exactement pourquoi, la question se pose de savoir si c’est bien sensé, si vous pouvez encore obtenir un revirement en dernière instance, si vous pouvez » animer » ces jeunes qui ne « marchent » pas comme vous le souhaitez. je n’ai pour seule réponse que: Cela ne va pas! On ne peut remettre sur « les rails » en quelques jours, des pigeons qui n’ont pas la forme.
Garder à la maison
Si vos jeunes ne se présentaient pas, vous ne pouvez attendre qu’ils se distinguent dans le grand demi fond. N’attendez pas de décrocher de bons résultats dans le grand demi-fond. C’est exclus. Se baser sur le classement national obtenu par un amateur dont les pigeons n’avaient rien fait jusque-là, tient de la spéculation. Brilleront dans ces classiques, les sujets qui s’étaient classés honorablement et régulièrement jusque-là. Les organisateurs ne seront peut-être pas heureux de lire mon opinion. Je tiens seulement à aviser les amateurs de ne plus participer aux concours avec des pigeons qui ont révélé un manque de forme au fil des étapes précédentes. Non seulement vous ne détenez pas l’ombre d’une chance, mais vous perdrez des pigeons, quel que soit leur talent. Je ne puis conseiller de porter tous ses efforts sur un seul concours. Il suffit que le vent soit « contraire » et vous ne parviendrez pas à vous classer, même avec les meilleurs pigeons en parfaite forme. Du moins dans le grand rayon et au national. De bons pigeons en forme peuvent se distinguer au classement local, mais cela ne suffit pas pour en faire de même au niveau national. Pour cela il faut en plus, un peu de réussite et être « bien situé ». Conclusion: les pigeons hors forme ne tolèrent aucune perspective. Le meilleur vétérinaire qui soit, n’est pas capable de remettre des pigeons hors forme en parfaite condition en quelques jours.
Pas de risques
Faut-il conclure que vous ne pourrez strictement rien dans un tel classique?
Il ne faut pas évoquer l’extrême contraire. Une petite cure contre la trichomoniase ne fera pas de mal. Nombre de bons amateurs passent une pilule anti-tricho avant chaque concours important. Ils ne veulent pas courir de risques.
Une cure ou une injection contre l’ornithose se pratique également. Mais la pratique démontre que vous réussirez toujours mieux avec des pigeons qui ont bien volé jusque-là.
Ménager
Tant vos chances seront nulles avec des pigeons qui n’ont pas la forme, tant vous pourrez vous risquer avec ceux qui ont la santé.
Est-ce à dire qu’il faut rester parcimonieux en vue de ce qui vous attend? C’est à voir. Si vous disposez d’une équipe de bons vieux et de jeunes en pleine forme, je ne vois pas d’inconvénient à imposer un concours d’environ 500 kilomètres à de futurs « veufs ».
Le risque d’en perdre est minime. Par mauvais temps, les colonies sans forme encourent les plus grosses pertes. Les pigeons en condition rappliquent plus aisément au lendemain de concours désastreux. Si vous ne jouez que des pigeons en parfaite condition, vous n’emploierez pas souvent le mot « désastre ». En trente ans, bien comptés, j’ai connus deux concours désastreux desquels un tiers des pigeons ne sont jamais rentrés. Les spécialistes ne songent pas à « épargner » leurs troupes. Ils s’engagent dans le grand demi-fond avec leurs meilleurs jeunes, futurs veufs ou non. Ils vivent au jour le jour et verront plus tard ce que leur réserve l’avenir. Pourvu qu’il y ait la forme. Avec des pigeons en santé caduque, vous prenez même des risques dans des petits concours de 100 kilomètres.
Nourrir
Si vous avez la forme vous n’aurez pour seule préoccupation de ne pas commettre d’erreurs. Dans l’alimentation entre autres. Mettre en loges des pigeons affamés est si malvenu que d’en enloger d’autres avec le jabot plein à craquer.
Au matin du jour de la mise en loges, je nourris à profusion et tant qu’il en reste. Cela leur donne l’occasion de se nourrir tout le long de la journée. Dans ce cas vous n’enlogerez ni des affamés ni des pigeons à jabot plein. En nourrissant tard dans la journée vous courez le risque que les pigeons ne boivent plus avant la mise au panier. S’ils font de même dans le panier et qu’il fait chaud vous paierez les conséquences. De tels pigeons seront les premiers à se poser dès qu’ils apercevront de l’eau sur la route du retour.
Ultime contrôle
On entend parfois des amateurs annoncer dès le lundi quels pigeons ils comptent engager le vendredi suivant. Je ne les comprends pas. Les pigeons que vous engagez ne peuvent avoir trop de forme et vous ne pouvez juger de cela si longtemps à l’avance. Si on sait combien de pigeons on va enloger une semaine plus tard, c’est que l’on songe au championnat ou que l’on redoute un trop grand bond de distance pour certains d’entre eux. Ces détails n’ont pas d’importance. Mieux vaut un allongement de distance de 200 kilomètres avec des pigeons sains qu’un petit concours de 100 bornes avec des sujets sans forme. J’écarte régulièrement des pigeons de l’équipe le jour de la mise en loges. Ceux qui ont le jabot plein et certainement ceux qui ont trop bu. Ces derniers manquent non seulement de forme, mais il leur manque quelque chose. Les pigeons à chair bleue ne peuvent aller au panier. Le bon amateur n’a pas besoin d’un contrôle visuel pour juger de la couleur de la chair. Cela se sent parfaitement à la prise en main.
On voit parfois des gens souffler à s’époumoner pour écarter les plumes du bréchet. Une action insensée à mon avis. Si vous devez souffler pour écarter les plumes il y a déjà suspicion. Le pigeon en forme écarte ces plumes dès que vous le prenez en main. Les pigeons doivent aussi présenter une tête saine. Certains amateurs contrôlent la tête avec des gouttes nasales que l’on dit capables de parfaire la condition, ce dont je doute. Elles sont parfaitement aptes à déceler l’état de la tête. Si les gouttes ne partent d’entrée, c’est que la tête n’est pas en état et pareil pigeon doit rester à la maison. Il ne peut se classer.
Faut-il jouer les pigeonneaux un week-end avant l’un ou l’autre de leurs « classiques » ?
Je crois pouvoir répondre, oui. Et certainement pour les pigeonneaux à couvaison, car ils ont tendance à moins voler.
A mon avis les jeunes doivent aller au panier toutes les semaines et même davantage.
La mue
Et que dire de la mue?
Encore que vous verrez rarement une photo de pigeon vainqueur dont l’aile n’est pas complète, il peut avoir jeter une rémige sans mal. Pourvu que ce ne soit pas la sixième, car lorsque celle-ci tombe le pigeon jette aussi ses petites plumes de couverture. Des pigeons qui lâchent les plumes de couverture ne se classent pas. Cela vaut également pour ceux qui muent au-dessus du nez. Dieu sait pourquoi. A ce sujet je n’oublierai jamais ce qu’il m’est arrivé en 1985. Mes pigeonneaux tapaient la tête et deux d’entre eux émergeaient du lot. Ils devaient normalement casser la baraque de l’Orléans national. C’est du moins ce que j’attendais d’eux. Fier de leur état, je les montrai à un ami belge.
Et qu’oui-je? « Gardez-les à la maison, ils ne peuvent décrocher un prix. Ils muent au-dessus du nez et ce n’est pas bon. » Garder ces deux caïds à la maison?
Pas possible me dis-je. Ils furent engagés aux deux premiers passés et chargés de florins jusqu’à la limite. Le résultat fut plus que satisfaisant, à commencer au 1er, suivi des 9ème et 16ème national et la première série de trois nationale en prime. Seule ombre à ce triomphal succès: les deux premiers passés ont raté!
Nous devons réfléchir – pigeon voyageur
Le courrier des lecteurs n°1 – pigeon voyageur