Diarrhe Es Chez Les Pigeons
13 mars 2023 Par admin

Diarrhées chez les pigeons

diarrhe es chez les pigeons

Ça n’est pas un sujet nouveau sur les pigeons, mais on rencontre tellement d’amateurs, qui en parlent, qu’il est bon de faire une sorte de récapitulatif du problème. Certes on entend plus souvent parler d’un pigeon « qui fait des fientes liquides », que de toute une colonie présentant la même anomalie. C’est que l’affaire présente de multiples facteurs possibles et que tout le sens de l’observation de l’amateur doit être mis à contribution.
Qu’est-ce que la diarrhée?
C’est toujours une proportion excessive d’eau dans la fiente. Cela tout le monde le sait. Mais il y a différentes modalités. Le transit de l’eau absorbée (le « voyage » de l’eau du bec à l’anus) chez le pigeon est très rapide (1 ou 2 h.) Lorsque le pigeon pour des raisons diverses, absorbe trop d’eau à la fois (forte chaleur – soif intense après privation d’abreuvement mais aussi inflammation des premières voies digestives – jabot en particulier) l’excès d’eau est rejeté « en flaque » au milieu de fiente normale, ferme, en « boudins ». C’est le cas individuel le plus fréquent. Hormis la trichomonose des premières voies digestives, la nervosité constitue l’explication simple de ce phénomène. Notons au passage que lorsqu’il s’agit de la trichomonose des adultes, le phénomène tend à gagner à travers l’équipe et que d’autres cas apparaissent peu à peu, alors que d’autres symptômes se précisent: mouvements du bec, bâillements, appétit augmenté puis fientes très vertes etc. Puisque nous en sommes à ces fientes dues à l’excès d’abreuvement, évoquons le cas de ces pipants d’une dizaine de jours qui se mettent à inonder le pourtour du plateau. L’amateur pense immédiatement à une crise de coccidiose.
En effet c’est à cet âge que ce parasitisme atteint le stade aigu. Mais alors que dans la coccidiose, il y a amaigrissement très rapide du pipant, là l’état du corps reste excellent. En fait, il s’agit des effets de la consommation excessive d’eau de parents assoiffés par la consommation surabondante de sel et de grit salé. Ces éleveurs gavent donc leurs pipants avec un excès d’eau d’où cette diarrhée. Il suffit d’enlever la cause pendant quelques jours pour que tout rentre dans l’ordre, sans aucune suite fâcheuse. Lorsque l’origine de la diarrhée est intestinale, l’affaire est plus compliquée car les causes peuvent en être multiples. Toutes ont pour origine une atteinte directe ou indirecte de la paroi intestinale. Cette atteinte a 2 conséquences: la perméabilité intestinale est diminuée, une partie des aliments persiste dans l’intestin avec augmentation des sources de fermentation. Ensuite ce défaut d’assimilation de l’eau provoque une déshydratation de l’organisme, d’où soif, d’où diarrhée. Cette persistance de l’eau dans l’intestin se méle à la fiente à la faveur des mouvements peristaltiques (brassage) de l’intestin. La fiente émise sera alors homogène, en bouse. Cela c’est la vraie entérite, c’est-à-dire l’inflammation intestinale. L’inflammation intestinale peut avoir de multiples causes: alimentaires, parasitaires, mycosiques (champignons inférieurs), microbiennes, virales. Mais quelle que soit la cause, elle y crée un désordre qui se traduit par un afflux anormal de sang dans la paroi, l’émission d’un mucus qui donnera à la fiente soit un aspect et surtout une texture gélatineuse, soit par digestion partielle de ce mucus un aspect fibrineux (filaments types blanc d’oeuf cuit).
Ajoutons que dans un certain nombre de cas, la plupart spécifiques, l’implication du foie provoque la secretion d’un excès de bile qui colore la diarrhée en vert foncé. C’est le cas dans les diarrhées chroniques ou aigues à trichomones, à vers capillaires, à colibacilles. Bien entendu, ces diarrhées s’accompagnent alors de symptômes spécifiques qui préciseront le diagnostic.
Par exemple, avec les vers capillaires cette diarrhée qui s’établit progressivement est très glaireuse et est accompagnée d’un amaigrissement de toute la colonie, jeunes puis vieux. A colibacille, elle accompagne l’adénovirose I qui frappe les pigeonneaux de 2-3 mois, avec vomissements, indigestion, tristesse et mortalité de 30% d’entre eux.
Nous avons maintenant les armes nécessaires et suffisant pour luter contre tout cela. A condition d’avoir fait ou fait établir par un homme de l’art compétent, le diagnostic exact et complet.
Si j’insiste quelque peu sur la nécessité de l’intervention de l’homme de l’art, c’est que, de plus en plus, un certain nombre des diarrhées constatées et déplorées sont le résultat logique de traitements aveugles et, la plupart du temps, inutiles: l’amateur croit qu’un bon traitement antibiotique va mettre ses pigeons en parfait état et hors de portée des maladies catastrophiques pendant la saison sportive. Si la vaccination paramyxovirose, absolument indispensable est la prévention incontournable de la maladie (torticolis, diarrhée formidable et inondante pendant tout un mois pour les non vaccinés adultes ou jeunes adultes – les autres en sont morts).
Si la vaccination paratyphose correctement faite (nous avons vu cela il y a quelque temps) est également une protection solide pendant toute une saison, il n’en est pas de même des traitements antibiotiques qui n’ont qu’un effet ponctuel. Quelques jours après le traitement actif, les oiseaux peuvent être recontaminés. Mais ce n’est pas tout: un antibiotique, même le plus polyvalent, n’est efficace contre tous les microbes.
Son emploi, même bien mené, c’est-à-dire à dose correcte pendant un temps suffisant, va permettre la destruction des germes sensibles et leur élimination. Mais elle va aussi favoriser le développement des germes microbiens qui ne sont pas sensibles à cet antibiotique (la mort des germes sensibles leur a « fait de la place ») tout comme elle va favoriser le développement de virus que jusque là la présence de germes microbiens tenait en respect. Si on y ajoute l’usage des corticoïdes qui diminue les aptitudes naturelles de l’organisme à lutter contre les agressions, il ne faut plus s’étonner de voir se multiplier les virus (adénoviroses I et II, paramyxovirose) et germes divers (mycoplasmose, ornithose, candidose, colibacillose aigues) que nous ignorions il y a 30 ou 40 ans. Ah! Une bonne coccidiose que c’était simple.
Malgré ces considérations pessimistes, quelle attitude adopter « d’abord » en face d’une diarrhée individuelle ou collective. Avant même d’en connaître la cause, il faut de façon absolue assurer l’eau de boisson à volonté aux diarrhéiques. Cette diarrhée est la résultante d’une réaction de défense de l’organisme. La soif qu’elle entraîne est aux besoins de tout l’organisme en eau.
Couper l’eau c’est provoquer immédiatement la déshydratation du malade dans l’aggravation du mal. Le traitement spécifique – s’il existe – sera initié le plus tôt possible (antiparasitaire antibiotique antiseptique) et complété dès la disparition des symptômes par un petit coup de minéraux (électrolytes) d’acidifiants de l’intestin qui favoriseront la récupération.

Doct. Vét, J.P. Stosskopf


Notices:

  • Il arrive que des pipants d’une dizaine de jours inondent le pourtour du plateau. L’amateur pense alors à une crise de coccidiose. Dans ce cas, il y a amaigrissement très rapide du pipant. Si l’état du corps reste cependant excellent, il s’agit des effets de la consommation excessive d’eau des parents assoiffés par la consommation surabondante de sel et de grit salé. Ces éleveurs gavent donc leurs pipants avec un excès d’eau d’où cette diarrhée. Il suffit d’enlever la cause (sel) pendant quelques jours pour que tout rentre dans l’ordre, sans aucune suite fâcheuse.
  • Il faut de façon absolue assurer l’eau de boisson à volonté aux diarrhéiques. Couper l’eau, c’est provoquer immédiatement la déshydratation du malade dans l’aggravation du mal. Le traitement spécifique sera initié le plus tôt possible et complete dès la disparition des symptômes par un petit coup de minéraux (électrolytes) d’acidifiants de l’intestin qui favoriseront la récupération.

[ Source: Article édité par Dr. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]

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