Elevage et Hormones – pigeon voyageur
Les hormones sont devenues célèbres depuis la deuxième moitié du 20e siècle: le poulet aux hormones, les anabolisants (cousins germains), la cortisone, l’EPO ont eu leur « heure de gloire». Leur usage plus ou moins frauduleux parce que artificiel incite à penser que ce sont des produits « maudits». En fait il n’en est rien. Car qu’est-ce qu’une hormone? C’est un produit naturel qui est produit par diverses glandes de l’organisme: la glande hypophyse située sous le cerveau, la glande thyroïde dans la gorge, le pancréas dans l’abdomen près du foie, les glandes surrénales (sur les reins), l’ovaire, les testicules.
Chacune de ces glandes déverse dans le sang (on les appelle « glandes endocrines») une ou plusieurs hormones qui a un rôle bien déterminé. Et chacune de ces glandes a des relations très étroites avec les autres, par exemple, les glandes génitales avec la glande hypophyse.
L’élevage est un moment important dans la vie organique du pigeon: le rapprochement des sexes, la fécondation, la ponte affectent hypophyse et glandes sexuelles (ovaire – testicules).
Ensuite au cours de l’incubation, une évolution progressive après avoir déclenché l’instinct de couver, va préparer la formation du lait de jabot puis…. la couvée suivante.
La puberté du mâle comme de la femelle est déclenchée par l’action des hormones gonadotropes d’origine hypophysaire (la partie dite antéhypophyse) sur les glandes génitales (ovaire – un seul chez la femelle, le gauche et testicules). Les hormones gonadotropes vont avoir deux actions complémentaires: formation des spermatozoïdes et instinct sexuel mâle pour le mâle, maturation de l’ovule, « mise en route» de l’oviducte (allongement, formation des glandes de la muqueuse pour la formation du blanc d’œuf et de la coquille) et aussi développement de l’instinct amoureux pour la femelle.
Les hormones sexuelles produites par l’ovaire ont une action très importante chez la femelle: augmentation du calcium dans le sang, augmentation du sucre (glycémie) dans le sang qui s’atténue 3 ou 4 jours après la ponte du 2e œuf. Augmentation également des graisses, du phosphore. Les hormones sexuelles ont également une action sur le foie, qui augmente de volume au moment de la ponte.
Chez la femelle, l’ovulation – c’est-à-dire l’évolution de l’ovule vers la formation de l’œuf et la ponte – est conditionnée par l’accouplement.
L’expulsion de l’œuf a lieu grâce aux contractions de l’oviducte sous l’action de l’hormone posthypophyse (ocytocine).
En cas de rétention de l’œuf on peut d’ailleurs utiliser cette hormone en injection intramusculaire (5 unités, pas plus) au besoin répétée toutes les heures jusqu’à résultat assortie d’une lubrification du cloaque (huile).
L’instinct de couvage chez les oiseaux (mâle et femelle chez le pigeon) est de nature hormonale.
L’hormone en cause est la prolactine, hormone secrétée par la glande hypophyse (par sa partie antérieure, dite antéhypophyse).
C’est cette même hormone qui déclenche la lactation chez les femelles mammifères. Chez le pigeon, cette hormone a une action double: elle prépare le jabot à la production du « lait de pigeon» (pape) et elle bloque passagèrement l’évolution des glandes sexuelles. L’oviducte de la femelle qui devient énorme au moment de la ponte (il va jusqu’à 40 cm de longueur) sous l’effet des hormones sexuelles (folliculaire) régresse rapidement après la ponte sous l’effet de la prolactine. Chez le mâle, pour les mêmes raisons (l’hormone sexuelle est la testostérone), le volume des testicules diminue très nettement pendant l’incubation.
Au bout d’une quinzaine de jours de couvage, la paroi du jabot, sous l’effet de la prolactine, est devenue épaisse, irrégulière sur sa face interne.
Dès la naissance des pigeonneaux, les cellules superficielles du jabot se détachent et forment le lait de pigeon (ou de jabot ou pape).
Ce «lait» n’est donc pas une production de la paroi du jabot comme le lait des femelles mammifères mais c’est la paroi elle même qui «pèle» et forme ce lait. Ce lait est d’une très grande richesse en graisses et en protéines (75 % d’eau, 13,5 % de protéines, 8 % de graisses) mais ne contient aucun sucre ou amidon. Cette extrême richesse explique que le pigeonneau double son poids de naissance en 48 h. Notons aussi que cette richesse est environ 8 fois plus forte que celle de la ration d’élevage en graines soit environ 14 % de protéines et 6-7 % de graisses pour 10 % d’eau (maximum).
Quelques jours après l’éclosion, les testicules du mâle commencent à se développer à nouveau. Il en est de même pour les organes génitaux de la femelle.
Cela accompagne une diminution rapide de la sécrétion de prolactine et une augmentation progressive de la sécrétion des autres hormones de l’antéhypophyse (gonadotropes) et conséquemment des hormones sexuelles (testostérone folliculine). Ainsi se prépare une nouvelle fécondation, une nouvelle ponte etc. On doit ajouter à tout ce tableau, les facteurs externes (température extérieure ensoleillement) et les facteurs psychiques (vue du conjoint mouvements du pigeonneau dans l’œuf dans les derniers jours de l’incubation). Les hormones développées par l’organisme pendant l’incubation ont aussi des incidences indirectes importantes. Elles influent sur la circulation sanguine au niveau de la région de la poitrine des couveurs en développant les vaisseaux sanguines de la région pour fermer «le réseau admirable de l’incubation» qui permet de maintenir la chaleur nécessaire à l’incubation. Elles sont à l’origine également du développement du réseau sanguin du jabot au moment de la formation de la pape des premiers jours des pigeonneaux. Enfin la prolactine dont nous avons tant parlé a une propriété physiologique que nous usons souvent, sans le savoir: sa production bloque la mue.
Un pigeon qui élève arrête sa mue.
Les rémiges en croissance la continuent mais la suivante ne tombe pas.
[ Source: Article édité par Dr. Vét. JP. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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