Entrainements rationnel – pigeons voyageurs
Les cracks des concours nationaux et internationaux à grand rayon de participation ne s’occupent pas de la masse. S’ils veulent se classer en tête ils ne peuvent s’attarder dans la masse, mais au contraire se détacher au plus tôt et prendre une autre route à la rigueur.
La rédaction de » Pigeon Rit » m’a transmis un article de deux chercheurs anglais d’Oxford et traduit par C. Arnoult un homme qui s’évertue également à enquêter sur, l’orientation du pigeon voyageur et à rassembler des informations sur le trajet de retour (voir » Pigeon Rit « , novembre 1/2001).
Les Anglais voulaient savoir si l’information recueillie par des pigeons entraînés (et qui peut être utile pour le retour au colombier) peut être transmis à des sujets naïfs (qui n’ont pas été entraînés).
Leur conclusion est négative.
La rédaction demande mon commentaire du sujet et de vouloir enquêter sur l’existence, ou non, de données scientifiques qui pourraient être utiles aux colombophiles à l’occasion de l’entraînement de leurs pigeons voyageurs. Je vous dirai d’entrée qu’il n’est pas aisé de traiter de cet article parce que les expériences dont il parle diffèrent énormément de notre manière d’agir pour entraîner nos pigeons (et la mienne en particulier).
Ne gardant pas de tardifs pour mon usage personnel, je n’ai jamais abrité des pigeons non entraînés. Qui attend que ses pigeons deviennent yearlings pour les entraîner risque de subir de lourdes pertes. A la moindre difficulté (par ex. mauvais temps, pluie, temps dur) cela tourne à la catastrophe pour de pareils sujets. Je l’ai vécu à maintes reprises chez des voisins. Il faut agir au cours des premières phases de leur jeunesse pour les éduquer, parce que c’est alors qu’ils sont le plus disposés à enregistrer au mieux les informations du monde extérieur.
Ne dit-on pas qu’on n’oublie jamais ce que l’on a vécu dans sa plus tendre jeunesse?
Je conseille de permettre aux pigeonneaux de sortir, de séjourner sur le toit et reconnaître les environs le plus tôt possible après le sevrage. Ils doivent apprendre à se débrouiller en pleine indépendance pour apprendre à prendre la tête d’une course lorsqu’ils seront plus âgés.
On ne tardera pas non plus pour passer aux premiers dressages, par exemple dès qu’ils commencent à bien voler. Je conseille aussi d’ouvrir le dessus du panier dès l’arrivée au lieu de lâcher afin de permettre aux pigeonneaux de voir les alentours.
Nous avons toujours procédé à des lâchers collectifs, sans y joindre des adultes déjà entraînés et nous avons progressé par larges sauts. Par exemple: 10 kilomètres pour débuter, suivi de deux ou trois fois 20 km avant de les engager dans les entraînements avec la société.
Cet écolage est assez sévère, mais c’est la seule manière qui conduit à former des pigeons capables d’affronter les étapes de fond.
Je reprends donc: entraîner en groupe (sans participation de « vieux ») à des distances allongées progressivement. C’est la meilleure manière d’endurcir le bon sujet et de le pousser à prendre résolument la tête lorsqu’il sera lâché en concours, au lieu de se contenter de suivre le mouvement.
Le dressage par deux ne donnera pas le même résultat qu’en groupe. Engagés dans la masse les pigeonneaux subissent l’influence d’éléments qui les attirent vers des directions différentes. Ils doivent donc décider de la voie à suivre, sans s’occuper des autres.
J’ai toujours eu pour principe de participer à des concours à grands effectifs. Ainsi, je n’hésitais pas à partir seul avec mes pigeonneaux de Gand à Oostrozebeke pour les engager dans un Angoulême (650 km) à rayon local. Je n’avais pas l’intention de viser un nombre de prix .car j’engageais que des jeunes nés au printemps (et non au nouvel -an), bien plus jeunes donc que la majorité de leurs concurrents et à des stades différents de la mue. Je voulais simplement les rendre plus forts en prévision de leur futur.
Pour conclure je pourrais dire que les chercheurs britanniques ont opéré et interprété leurs expériences en scientifiques, mais je ne crois pas que nos amateurs puissent y trouver de quoi améliorer la manière de jouer leurs pigeons. Par exemple entraîner ses pigeonneaux avec des « vieux» déjà en condition ne présente aucun avantage.
On lit dans l’article anglais que les pigeons ont l’instinct grégaire (pour vivre en groupe).
Je ne partage pas pleinement cet avis.
Voler en groupe ne traduit pas nécessairement l’instinct grégaire. Les pigeons aiment voler en groupe, mais ils n’en éprouvent pas la nécessité.
Nous ne pouvons pas prétendre qu’ils le feraient pour mieux se protéger contre les rapaces. Je ne réfute pas qu’ils cherchent souvent de la compagnie ou qu’ils se sentent mieux en groupe que seuls lorsque le rapace est proche. Voler en groupe n’est pas une obligation. Lorsque des « veufs» en grande forme font la volée le groupe éclate régulièrement et on les voit se disperser en toutes directions. Il n’est pas exact non plus qu’un « meneur» prend automatiquement la tête lors du lâcher et que les autres le suivent au moins un certain temps. Les habitués des concours de longues distances constatent que les cracks effectuent régulièrement leur parcours en solitaire; ils n’arrivent jamais en groupe. Les cracks n’ont que faire de la proximité de la masse. Cela se vérifie surtout dans les concours nationaux et internationaux, à très large rayon de participation. S’ils veulent prendre la tête ils doivent se dégager des autres et prendre un tout autre trajet éventuellement pour rentrer à la maison.
Les pigeonneaux doivent être éduqués et entraînés le plus tôt possible afin de pouvoir se débrouiller seul et se conduire en « meneur ». Cette façon d’agir produira une sélection plus rapide et on perdra moins de pigeons lorsqu’ils participeront à de rudes joutes.
[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van. Grembergen – Revue PIGEON RIT ]
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Analyse et compte-rendu – pigeons voyageurs