La colombophilie mondiale:Ernest Duray (2) – pigeon voyageur
Débutant:
A la suite de nos multiples dialogues, e.a. sur la façon de conduire ses pigeons, je crois pouvoir en conclure qu’il y a beaucoup de bons pigeons, mais qu’il n’est pas très fréquent que le colombophile en retire le maximum.
Tu m’as enseigné beaucoup de choses, et pourtant je constate que je commets encore tant de fautes. Je me demande parfois pourquoi… et malgré un si bon professeur!
Victor:
Tu dis « professeur »? Laisse-moi rire. Car tu te trouves en face d’un éternel étudiant. En colombophilie surtout, il y a toujours moyen d’apprendre ou de désapprendre quelque chose. Et à ce sujet mon cher ami Marcel Vander Kimpen me disait un jour: en colombophilie il est parfois plus difficile de désapprendre que d’apprendre, car on est souvent l’esclave de ses mauvaises habitudes.
On a dit que le « savoir » est une longue promenade, qu’importe le parcours: l’essentiel est de marcher. Et nous allons marcher aujourd’hui en compagnie du grand champion Ernest Duray d’Ecaussinnes.
Débutant:
Je connais ton système. Tu provoques d’abord l’appétit… avant d’apporter la nourriture. Tu essayes de me faire découvrir par moi-même, avec la nourriture que tu me donnes, comment composer le menu qui me convient le mieux.
Victor:
Tout n’est pas clair en colombophilie, mais ce qui n’apparaît que dans la brume excite plus notre curiosité que ce qui apparaît en plein soleil. J’ai eu la chance, en fréquentant Ernest Duray, de voir se lever la brume sur les choses essentielles pour réussir en colombophilie. Et en tout premier lieu l’alimentation du pigeon.
Si la poule pond par le bec, le pigeon lui, se classe par le bec, c.-à-d, que son alimentation conditionne ses prestations. Ernest Duray, qui était un ancien sportif, savait fort bien que le pigeon devait beaucoup manger, mais en même temps beaucoup s’entraîner, pour atteindre un rendement maximal. Il était partisan, pour les veufs, de deux volées par jour d’une heure. « Et quand ils veulent absolument rentrer au colombier, c’est alors qu’il faut les forcer à s’entraîner encore quelques minutes de plus. Car, c’est cet effort supplémentaire qui fait reculer les limites de l’endurance. »
Débutant:
C’est connu. C’est quand on ressent la fatigue qu’il faut continuer encore un peu à soutenir l’effort. C’était le grand atout d’un Eddy Merckx… et d’ailleurs de tous les champions. Ne dit-on pas que c’est le seul moyen de faire fructifier l’entraînement.
Je me souviens de ce que t’avait dit ton ami Victor Torrekens. Celui qui réussirait à entraîner ses pigeons avec un poids supplémentaire, aurait un énorme avantage sur ses concurrents. Mais en pratique c’est impossible… quoique, et ici je pense à ce que tu m’as un jour raconté au sujet de feu Mil Hertoghs de Schoten, le spécialiste de premiers prix. Celui-ci, me disais-tu, nourrissait d’abord ses pigeons avant les volées. Ainsi lestés de 30 g l’effort supplémentaire au vol les rendait plus résistants. Tout cela est très beau et… sans doute très vrai… mais quel colombophile suivrait ces exemples?
Victor:
Les plus grands, sans doute, mais actuellement on tâche d’augmenter les prestations du pigeon par des moyens chimiques. Pour Ernest Duray les choses étaient simples: bien nourrir, bien entraîner, repos et une excellente méthode dans un bon colombier avec de bons pigeons. Pas nécessairement des pigeons supérieurs aux autres. mais des pigeons qui ont tout de même du feu dans les yeux.
Débutant:
Tu dis -bon colombier ». Le colombier d’Ecaussinnes était-il si spécial?
Victor:
Pas du tout, mais il était assez grand pour peu de pigeons; une bonne vingtaine, tous dans un grand colombier avec une large baie vers le Sud-Est où le soleil entrait à profusion dans la matinée.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Ernest Duray nourrissait ses veufs assez tard dans l’avant-midi, pour permettre au soleil de réchauffer le colombier. La volée se faisait très tôt le matin. Cela permet, disait-il, de donner une bonne bouffée d’oxygène le plus tôt possible, en ouvrant la grande baie.
Une fois nourris – féveroles, pois, vesces, maïs, froment, dari – les pigeons étaient mis dans une obscurité mitigée jusque deux heures avant l’obscurité de la nuit. De nouveau volée d’une heure, et nourriture classique, féveroles, pois, vesces, maïs, froment, dari. Ensuite, le soir, une cuillerée à café de graines de navettes rouges. Dans la boisson un morceau de sucre.
Débutant:
Tu dis aussi: « une bonne méthode ». Etait-elle si spéciale chez Ernest Duray?
Victor:
Tous connaissent son système, c’est le veuvage classique, mais parfois avec une petite variation. Ernest me disait qu’il y avait, quelque fois, un veuf qui ne « mordait » pas au veuvage. Il faut alors essayer d’exploiter un autre instinct, le tout puissant instinct de possession du territoire. Et donc ne plus jamais lui montrer sa femelle, mais lui faire disputer son territoire en l’obligeant à le défendre contre intrus.
Avant l’enlogement et au retour on mettra un mâle étranger (toujours le même) dans une moitié de son casier.
En semaine également on peul agir de temps à autre de la sorte. On est presque toujours agréablement surpris par les exploits du pigeon. Il ne faut pas oublier que l’instinct de survie est le plus grand et qu’il est conditionné en premier lieu, par la défense du territoire où l’animal doit trouver sa nourriture.
Débutant:
Je crois que c’est là un élément que nous, les colombophiles débutants, oublions souvent.
Victor:
Pas seulement les débutants, mon ami!
Et au prochain dialogue nous parlerons encore de ce que nous tous oublions si facilement. Ce sont toujours des choses fort simples et les grands de la colombophilie n’ont jamais fait rien d’autre que d’appliquer des principes d’une extrême simplicité!
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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