La colombophilie mondiale:Ernest Duray (3) – pigeon voyageur
Le colombier d’Ernest Duray
Débutant:
Si tu as jugé utile de dialoguer sur quelques grands de la colombophilie cela est dû aux leçons que nous pourrions tirer de leur fréquentation. Mais si tu devais me dire quelle est la plus grande leçon qu’Ernest Duray t’ait donnée, que me répondrais-tu?
Victor:
Eh bien, il l’a écrit lui-même. Voici ce texte: « Je ne cesserai de le répéter: le meilleur trieur et le meilleur professeur en colombophilie c’est le panier. Mais comment voulez-vous qu’il puisse agir si on ne lui en donne pas l’occasion? Mais pas n’importe quel panier. Il est parfois nécessaire, pour découvrir un bon pigeon de fond, de l’essayer aux plus longues distances. Tant pis si le « professeur panier » le condamne à cette distance. Vous lui aurez du moins donné sa chance. Et ce n’est pas tellement rare qu’on découvre alors un tout bon pigeon pour les concours de fond et de grand fond surtout. » Et Ernest Duray y ajoute avec une pointe d’humour: « Mais pour essayer un pigeon on doit avoir un pigeon. Cela paraît ridicule, mais je veux dire par là qu’en colombophilie il y a un élément indispensable et sans lequel tout colombophile dégringole la pente s’il n’en tient pas compte: il faut tout d’abord penser à l’élevage. Celui qui pratique le veuvage a un lourd handicap: il n’élève quasi pas de ses meilleurs pigeons lorsque ceux-ci sont en pleine force.
Je vais tâcher de remédier à cette lacune, et changer mon colombier, pour que je puisse jouer, dans le même colombier au veuvage et au naturel. » Et Ernest Duray a d’ailleurs modifié son colombier.
Débutant:
Je me souviens de cela, car tu m’en as déjà parlé il y a quelques années déjà. Je sais que ce fut un fiasco. Et donc Ernest Duray aussi pouvait se tromper!
Victor:
Ce que je vais te répondre constitue une énorme leçon, je dirai même la plus salutaire des leçons qu’un colombophile puisse recevoir.
Ernest Duray voulait donc, dans un même colombier jouer au veuvage et au naturel pour pouvoir élever quelques jeunes de ses meilleurs voyageurs, et pour pouvoir également tester la valeur de quelques femelles. Les succès diminuent dès qu’on néglige l’élevage. C’est une loi de la nature que l’avenir est toujours constitué par la jeunesse. Et un pays qui n’y fait pas attention se condamne à l’avance, tout comme le colombophile qui finira alors avec un colombier de « retraités ».
Débutant:
Mais quelle est l’erreur qu’Ernest Duray avait commise pour aboutir à un fiasco de son système?
Victor:
Pour réaliser son idée il avait été obligé de retourner tous ses casiers. Quand on regardait de l’extérieur son colombier, on ne voyait aucun pigeon, car le devant des casiers donnait sur un couloir d’un mètre de largeur.
Ernest Duray, par un système ingénieux de cordelettes pouvait ouvrir ou fermer la petite porte glissière de chaque casier et qui donnait sur la grande baie d’entrée.
De cette façon, il pouvait jouer dans le même colombier au naturel et au veuvage. Lorsqu’il me montra son colombier, il en était assez fier.
Quand je le revis plus tard il m’avoua qu’il avait commis une énorme faute. Il n’avait pas pensé que la forme de ses pigeons dépendait en grande partie de la qualité de son colombier. Or, comme avec le changement opéré, ses pigeons étaient relégués dans le couloir, il n’arrivait pas à avoir ses pigeons en bonne forme. Mettez les cent meilleurs pigeons du monde dans un mauvais colombier… et avec le meilleur système de jeu et les meilleurs soins vous aboutirez à zéro.
Débutant:
Quelle leçon! Tu parles des meilleurs pigeons du monde. Que faisait Ernest Duray pour en avoir quelques-uns?
Victor:
Ici je vais te donner un secret d’Ernest Duray: il me dit un jour: « Tout colombophile peut se constituer une colonie de pigeons standard, c.-à-d. physiquement parfaits.
Mais en fin de compte c’est dans la tête du pigeon que tout se joue. Ceux-là sont plus difficiles à trouver. Par exemple mon « Petit Rouge Marchai ». C’est le moins « standard » de mon équipe, mais. s’il est toujours là, c’est parce qu’il est le plus malin. Quand j’arrive avec mon panier au colombier, il saute dessus comme pour me demander de l’enloger. Il sait sans doute que cet enlogement signifie qu’il va revoir sa femelle. Comment sinon, expliquer son comportement? »
Débutant:
L’observation et la tête du colombophile jouent donc un rôle capital. Mais pour pouvoir observer il faut savoir ce qu’il faut regarder. Tu es là pour me le dire. Ernest Duray fut un maître pour toi, comme toi tu es un maître pour moi!
Victor:
Oui, mais n’oublies pas que la source du savoir n’est pas dans les paroles, mais dans la réalité et dans la pensée.
Noël De Scheemaecker
Notices :
- Il est parfois nécessaire, pour découvrir un bon pigeon de fond, de l’essayer aux plus longues distances
- C’est dans la tête du pigeon que tout se joue.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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