Entre l’espoir et la crainte – pigeon voyageur
Débutant:
Chaque année c’est la même chose: mon coeur se balance entre l’espoir et la crainte pour la saison prochaine. Après la mue, quand mes pigeons sont plus beaux que jamais – à mes yeux du moins – mon coeur gonfle d’espoir, et je me vois déjà champion l’année prochaine. Mais cette idée s’accompagne toujours de la crainte du contraire. Et je commence à douter de moi-même et de mes pigeons.
Victor:
Ne crois pas que tu es le seul à ressentir cette incertitude. Tous les colombophiles ressentent la même chose, à moins d’être fou de gloriole. Il y en a! Mais il deviennent vite la risée des autres. Car en colombophilie personne ne peut prédire avec certitude l’avenir. Il subsiste toujours une bonne part de doute, et le colombophile expérimenté doute même plus que le débutant!
Débutant:
Mais voyons, cher maître, ne peux-tu pas me donner quelques conseils pour apaiser mes craintes?
Victor:
Tu me demandes là une chose bien difficile. Et pourtant je tâcherai de te donner quelques conseils.
En hiver les soirées sont longues. Le colombophile et le débutant surtout, peut les remplir très utilement, bien installé au chaud, avec un peu de papier et un crayon.
Il est très utile de forger un plan pour la conduite de ses pigeons. Car un colombophile oublie si facilement, même les choses essentielles.
Débutant:
Et ce plan que comporte-t’il?
Victor:
Il comporte trois chapitres.
En premier lieu un chapitre consacré à la santé des pigeons.
Un second à une stratégie de jeu. Et un troisième à une stratégie pour préserver l’avenir de la colonie.
Parlons d’abord de la santé des pigeons. A ce sujet je désire te raconter à quelle condition notre père nous accorda la permission de jouer aux pigeons lorsque nous lui avons demandé de pouvoir construire un petit colombier dans le grand grenier au-dessus de l’imprimerie. D’accord, disait-il, vous pouvez construire votre petit colombier… mais pas de saletés dans le grenier. Et chaque année vous enlèverez tous les casiers et perchoirs de votre colombier et, après nettoyage planche par planche à l’eau de javel, vous les remonterez. Ainsi vous aurez chaque année un colombier neuf! Car, ce n’est pas ce que l’oeil voit qu’il faut nettoyer, mais ce que l’oeil ne voit pas, et pour cela il faut démonter le colombier! Père avait raison.
Débutant:
Je me souviens de ce que tu m’as raconté au sujet du fameux champion Rist De Bondt, le sosie de Léopold II, lorsqu’il disait, après qu’un incendie eut détruit son colombier,: « Il est parfois salutaire pour le colombophile que son colombier brûle… »
Victor:
Tu as bonne mémoire. Mais je préfère le système de mon père… à l’incendie! Mais il y a autre chose à noter sur le plan de la santé d’un colombier, c’est une bonne circulation de l’air. Nous oublions que jamais un courant d’air n’a incommodé le pigeon, à moins qu’il soit accompagné d’un refroidissement notable de l’air. Car chaque parte de calories handicape la résistance du pigeon. Mais ce qui l’handicape de façon fatale, c’est la manque d’oxygène.
Débutant:
J’ai bien compris ce chapitre sur la santé. Le second chapitre concernait la stratégie de jeu. Que voulais-tu dire par cela?
Victor:
Il y a beaucoup d’autres choses à dire concernant la préservation de la santé chez nos pigeons. Cela fera l’objet d’un prochain dialogue. J’ai voulu insister cette fois-ci sur l’hygiène au colombier.
Concernant la stratégie du jeu, je voudrais parler du jeu avec les yearlings. Le jeu avec des vieux ne pose pas de grands problèmes. Le jeu avec les yearlings, oui! Car il s’agit là de l’avenir du colombier! On dit que la jeunesse c’est l’avenir d’une nation… il en va de même dans une colonie de pigeons.
Je vais te dire que j’ai l’intention de jouer mes yearlings de la façon suivante, et tant les mâles que les femelles. C’est un peu un système pratiqué couramment en Allemagne. Pour ne pas « crever » les yearlings, car cela est très souvent le cas en Belgique, j’ai l’intention de ne les engager au concours que toutes les deux semaines, surtout en demi-fond. Une semaine: les mâles, une autre semaine: les femelles, et cela au veuvage.
Je dispose de deux petits colombiers, séparés par un corridor dans lequel donne la porte d’entrée.
Les mâles ont un colombier avec des casiers, tandis que dans le colombier des femelles il y a simplement des perchoirs.
Les mâles font une volée le matin, et les femelles le soir. On sait que pour que les femelles ne pondent pas, il faut les enloger chaque semaine. C’est ce que l’ai l’intention de faire. Je découvrirai donc les bonnes femelles, ce qui est important pour l’avenir de la colonie.
Les mâles ne seront engagés que toutes les deux semaines… et je préserverai ainsi leur avenir.
Débutant:
Bien! Je vais faire la même chose.
Victor:
Oui, mais sois prudent… nous reparlerons de tout cela la prochaine fois.
Noël De Scheemaecker
Notice:
- L’amateur qui se donne la peine de nettoyer à fond une fois par an son colombier aura très rarement des problèmes de parasites et même de santé chez ses pigeons. Il ne faut pas se contenter de nettoyer ce qu’on voit, mais surtout se donner la peine d’enlever les casiers derrière lesquels et sous lesquels se cachent les parasites.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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Colombophiles et joueurs de pigeons