La colombophilie mondiale:Evrard Havenith – pigeon voyageur
Débutant:
Lors de notre dernière rencontre tu m’avais promis de parler un peu de ce qui se passait derrière les coulisses des exploits des plus grands champions de pigeons. Et à commencer par la colonie d’Evrard Havenith de Hoboken, conduite de main de maître par Gust De Feyter.
Victor:
Je commencerai par une anecdote concernant Evrard Havenith. Il habitait le château « Meerlenhof », situé à une centaine de mètres de la maison où habitait Gust. Le colombier était situé dans un grand grenier. Gust habitait pour ainsi dire en dessous des colombiers. Quand « Monsieur » Havenith parlait de Gust, il disait « mon » Gust. Et à ce propos je te raconte ce qui nous est arrivé un jour que nous avions acheté un couple de jeunes de son colombier. Il nous dit alors: je vous ai vendu deux très bons pigeons, mais je ne vous ai pas vendu « mon » Gust! Il voulait manifestement dire: s’ils ne donnent pas satisfaction, ce n’est pas de notre faute! Il y a, dans cette phrase, beaucoup de vérité. Car, en colombophilie, le « service après vente » n’existe pas. Et c’est bien dommage!
Débutant:
Mais toi, au moins, cher maître, tu connaissais à peu près tout de ce qui se passait au colombier Havenith puisque tu étais un peu comme un fils adoptif de Gust.
Victor:
Tu vas un peu loin. Mais, parlons plutôt de la manière dont Gust conduisait la colonie. En fait d’élevage Gust changeait le plus possible chaque année tous ses couples. Avec un vieux il accouplait une femelle de deux-ans et le plus possible en croisement. Pas de consanguinité donc.
Débutant:
Cela m’étonne… car, pour fixer les qualités, rien de tel que la consanguinité. Tous les scientifiques en témoignent.
Victor:
Ne le dis à personne… mais pour moi une race pure est une race déchue. En tout cas en colombophilie. Mais je crois que cela doit être le cas un peu partout dans la nature. L’évolution n’a pu progresser que par des croisements enrichissants.
Débutant:
Mais parlons un peu de ce que Gust « donnait » à ses pigeons pour remporter, pendant des dizaines d’années, de si magnifiques résultats. Parlons un peu de ses « secrets » dont tu as certainement eu connaissance.
Victor:
Je te parlerai d’abord de l’hygiène au grenier. Chaque année en hiver – et c’était, d’après Gust, son travail le plus important – tout le colombier, jusqu’aux recoins les plus cachés, était passé à la chaux. « Chaque année, j’ai comme un colombier neuf », disait-il. Et après ce travail il m’invitait à monter au grenier pour admirer ce colombier « neuf ». Il en était fier! Eh bien, cher ami, ces trois mots résument tout le secret de Gust. Un travail exécuté à la perfection. Mais en fait d’hygiène le colombier constitué principalement par des « kotjes » séparés où chaque couple avait sa résidence propre, avec tuile ouverte donnant sur le toit avec une planchette extérieure comme entrée, était l’idéal. Chaque « kotje » donnait par une petite porte sur le grenier. Gust pouvait donc nourrir et abreuver séparément chaque couple. Et il disait: c’est important, parce que, quand ils couvent, ils ne reçoivent que quelques petites graines, pas plus que celles que je puis tenir entre mes trois doigts. Gust jouait au naturel avant de passer, en 1933, au veuvage. Et il n’engageait jamais un mâle sur des jeunes de moins de 4 jours. Une femelle, oui, mais alors il me disait qu’il nourrissait très peu le jour de l’enlogement. Et, si la femelle vomit la bouillie dans le panier lorsqu’on va l’enloger, on peut y mettre tout le paquet, disait Gust. En fait d’hygiène encore ceci: Gust aimait exposer au soleil les graines. Il y attachait une grande importance. Et cela, cher ami, ne l’oublie pas, quoique actuellement les graines soient soigneusement brossées. Mais c’est le soleil qui est important.
Débutant:
Les détails paraissent importants en colombophilie. Soit! Mais le mystère, les secrets c’est dans l’eau de la boisson qu’il faut les chercher! Et là tu ne m’as encore rien dit.
Victor:
Au colombier Havenith il n’y avait rien de mystérieux: des bons pigeons, conduits de main de maître. Et dans la boisson, à ma connaissance, de temps à autre, trois choses: de l’Aviol, du sel de Carlsbad et du thé d’orties blanches. A cette époque on ne traitait pas encore contre la trichomonase comme de nos jours. Mais je pense que l’aviol, avec l’iode et l’arsenic qu’il contient, devait avoir une certaine efficacité contre la trichomonase.
Le sel de Carlsbad est un dépuratif efficace du foie et donc de l’organisme tout entier. Gust en usait régulièrement chaque semaine le lendemain de l’arrivée. Le thé d’orties blanches est un adjuvant précieux pour accentuer la forme. C’est connu depuis longtemps. D’ailleurs, mon père, déjà en prenait pour lui-même, et nous le faisait boire. Pour lui c’était, comme il disait, excellent pour la santé.
Débutant:
J’y crois, moi aussi. J’en ai fait l’expérience. Mes pigeons ont commencé à remporter de très bons résultats pendant que je leur servais du thé tous les jours. Je dis bien tous les jours. Mais j’y ajoutais un morceau de sucre. Ma fin de saison a été excellente, je crois, grâce au thé!
Victor:
Ah, petit farceur, voilà donc ton secret!
Débutant:
Inutile de te le cacher, à toi ni aux autres, puisque, avec ce que tu viens de raconter sur le thé de Gust, tous les colombophiles connaissent le secret!
Victor:
Petit imbécile: le secret c’est la santé… mais tout ce qui peut la favoriser est important.
Débutant:
Parlons enfin, un peu, des super-champions, le docteur Bricoux, et ton ami Ernest Duray.
Victor:
Patience, mon ami, jusqu’à notre prochain dialogue.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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