Fin de saison – pigeon voyageur
Mes pigeons ne se sont pas mal défendus au cours de la saison écoulée, mais il ne s’est révélé aucun « extra ». J’ai rem porté quelques prix d’honneur et me suis classé quelques fois dans les championnats et dans les as pigeons à l’Union d’Anvers, mais je ne puis m’en satisfaire réellement. Je ne suis jamais comblé, même si je remporte tous les trophées.
Qui est trop vite satisfait et se repose sur ses lauriers ne fera pas long feu.
Un peu de nostalgie
Je ne suis pas vieux, loin s’en faut. Cela fait tout de même cinquante ans que je participe activement au sport colombophile. Que le temps passe vite!
Lorsque j’avais sept ans mon frère m’avait donné un mâle rouge. Je m’en souviens comme si c’était hier. Il devint mon premier pigeon de concours.
Il trouva rapidement sa place parmi mes pigeons châtelains; queues de paon et capucins. Je ne me rappelle pas si sa préférée était une capucine ou bien la petite égarée qui était rentrée dans mon colombier en passant par le poulailler. Le rouge eut tôt fait de se faire une place. Il n’est jamais retourné d’où il venait. Ce doit avoir été un bon pigeon. Comme il était né en fin de saison, il n’avait pas été dressé. A mon tour je l’ai porté une ou deux fois à bicyclette à cinq kilomètres de la maison avant de l’engager toutes les semaines à Quiévrain. Je ne disposais que d’un pigeon pour mes débuts en compétition, mais j’ai eu plus de plaisir que maintenant que je porte des paniers chargés à la mise en loges. Le rouge ne « pointait » pas, mais il se classait toujours et par tous les temps. Je me souviens toujours qu’il a tapé un jour la tête alors qu’il faisait un temps exécrable. Je ne sais plus où le rouge est resté pour finir. Mon frère aîné l’aura bien repêché sous l’un ou l’autre prétexte.
Projets d’avenir
Le rouge m’a ouvert la voie et j’ai bien joué durant plusieurs années ensuite avec un nombre réduit de pigeons: vingt à trente au maximum en hiver. Mes pigeons m’ont procuré bien du plaisir alors car ils suscitaient beaucoup moins de travail, un petit panier suffisait pour aller à l’enlogement, je pratiquais une sélection sévère, je connaissais parfaitement ma colonie, bref, cela marchait fort !
Lorsque je suis venu m’installer à la Station d’Elevage en 1974, j’ai apporté vingt pigeons, soit dix couples. En 1983, je décrochais le titre de « Roi de l’Union d’Anvers » alors que je ne m’y attendais pas du tout et que je n’avais pas visé ce titre. Je ne connaissais pas la formule et je n’avais pas participé à tous les concours au programme. Ce succès m’a mis en appétit et depuis j’ai tout fait pour me classer au mieux dans ce championnat. J’ai été couronné cinq fois « Roi de l’Union » et j’ai terminé maintes fois aux deuxième et troisième rangs. Je pouvais être plus que satisfait pour finir.
Une lourde tâche
Pour décrocher le titre de « Roi de l’Union d’Anvers » il faut participer à tous les concours du programme, avec de bons pigeons et en s’engageant à temps plein. Il faut aller enloger tous les jeudis, tous les vendredis et parfois même le mercredi soir.
Il ne faut pas disposer d’une masse de pigeons pour remporter le titre, mais ils doivent afficher une solide régularité. Le championnat de demi-fond se joue avec les trois premiers passés vieux, yearlings et jeunes.
Pour le grand demi-fond entre en ligne de compte les deux premiers passés et le fond se joue avec le premier passé.
Tout compte fait, la participation à tous les concours constitue une bien lourde tâche.
Maigre consolation
Ce ne sera pas encore le cas la prochaine saison, mais je compte fermement renoncer à mes ambitions de briguer la couronne de « Roi » et m’en tenir à un programme d’une toute autre conception. Je serais bien plus à l’aise si je me bornais à jouer le petit fond, de 500 à 800 kilomètres et en m’amusant un peu avec mes pigeonneaux. Je formerais deux équipes de veufs que j’alignerais de deux en deux semaines. On enloge le jeudi pour le grand demi-fond. Plus besoin donc de porter des paniers le mercredi et le vendredi. Les pigeons du demi-fond rentrent régulièrement le samedi à l’heure où il faut aller enloger les pigeonneaux pour Noyon. Il faut sortir les femelles de la volière pour les présenter aux mâles.
Toujours au pas de course si l’on veut arriver à temps. Une fois le demi-fond rentré, il faut porter l’appareil au local alors que le petit fond peut rentrer d’une minute à l’autre, tout dépend des heures de lâchers. Un samedi à cette cadence n’a rien de reposant. Plus question d’attendre l’arrivée des pigeons en toute quiétude; on est nerveux et stressé, surtout si on est seul pour tout. Comme déjà dit, ce ne sera probablement pas pour aujourd’hui ou même demain.
Lorsque, je me vois foncer tel un bolide ici et là le samedi, je me console en me promettant de réduire mon programme la saison prochaine.
Vous savez, comme moi, que l’enfer est pavé de bonnes intentions; mais je finirai par changer mon fusil d’épaule l’un ou l’autre jour.
Le 036 à la reproduction
Mes trois meilleurs pigeons passeront à la production cette année. Le 473 et le 756 sont nés en 1998. Ils ont tenu six ans et méritent bien leur passage à la reproduction. Ils se classaient encore bien cette année, mais il leur manquait de la vitesse à la conclusion. Le 036 est de 1999 et pourrait prolonger sa carrière sportive d’une année, mais je n’ose plus le jouer. C’est un pigeon d’une classe exceptionnelle qui se distingue par tous temps et tous vents. Je ne me pardonnerais jamais si je venais à le perdre dans sa sixième année. Je l’ai gardé une ou deux fois à la maison cette année, par crainte du mauvais temps. Le 036 a aussi perdu de sa vitesse, malgré quoi il a encore décroché une victoire à l’Union secteur Est. Je suis curieux d’apprendre comment il se comportera à l’élevage. Une sœur du 036, âgée de trois ans se distingue également dans les concours. Elle doit encore voler une année avec l’équipe féminine.
Si je ne la perds pas je l’accouplerai au 036 en 2005.
La petite femelle qui a décroché la victoire provinciale à La Souterraine, après neuf jours de panier l’année dernière, était née de l’union demi-frère x demi-sœur. Je me propose de procéder à quelques accouplements très consanguins à l’avenir, avec des pigeons qui ont très bien volé s’entend. Si une union consanguine me donne un très beau jeune, il passera d’office à l’élevage. Je vise déjà trop loin?
L’ours n’est pas encore tiré.
Les jeunes doivent encore naître et j’en suis déjà à les accoupler.
C’est le propre du colombophile, même s’il a cinquante ans de pratique.
[ Source: Article édité par M. André ROODHOOFT – Revue PIGEON RIT ]
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Juillet 2006 – La saison des concours – pigeon voyageur