Récupération -Forme- Surentrainement {2} – pigeon voyageur
Tout amateur vise en premier, cela va de soi, de remporter bon nombre de prix. Cela ne peut se réaliser que si les pigeons sont en bonne santé et en bonne condition (la forme). Au fil du temps on a tenté de déceler cette forme. On avance plusieurs signes de forme et entre autres le lustre du plumage du cou, le plumage du corps serré et poudré, la tâche de forme sur l’avant-dernière rémige, la petite boule rouge sur le bréchet, les yeux et les caroncules du nez bien secs, les pattes sèches et propres, un certain gonflement, les muscles quelque peu gonflés et souples et bien d’autres choses encore. Mon ultime test de la condition (le jour de la mise en loge) pour décider de l’ordre de marquage portait sur la respiration.
Pour ce faire le pigeon doit reposer calmement dans les mains, les palmes de la main dessous lui, les pouces sur le dos. Les deux mains se tiennent, sans exercer de pression. Si l’on ne sent pratiquement pas respirer le pigeon, la forme sera très bonne.
Ne soyons pas trop prétentieux quand même en matière de connaissance du pigeon. Pour justifier ma proposition je vous conte ce que nous avons vécu avec notre mâle pâle. Il nous a présenté la super condition la plus spectaculaire au sein de notre colonie.
C’était un dimanche de 1960.Nous jouions un Angoulême (650 km) organisé par l’O.V.V. (Groupement de Flandre orientale). Le concours se déroula sans difficulté. Notre pâle remportait sans mal la victoire au régional et les organisateurs eurent tôt fait d’annoncer qu’il décrochait également la victoire au provincial. Le lendemain nous étions invités au local du club pour la traditionnelle photo du vainqueur. Je me présentai à 11 heures chez mon équipier De Raedt pour les prendre, lui et le pigeon. Impossible me fit comprendre De Raedt en montrant du doigt le pâle qui n’avait voulu rentrer après la volée du matin et en était toujours à voler dans tous les sens prouvant par là qu’il n’avait pas besoin de récupérer de ses efforts et qu’il avait remporté ce provincial en jouant. Nous avons pu sauver la mise en présentant un autre pâle; frère du vainqueur, auquel il ressemblait à s’y méprendre. Cette prestation hors du commun n’avait été possible que parce que le concours avait été facile et assez court pour un vrai pigeon de fond.
Je vous avouerai humblement que je ne m’étais pas attendu à cela lors de la mise au panier. J’ai déjà énoncé quelques signes de forme. La conduite des pigeons lors des volées peut également donner des indications intéressantes sur la forme. S’ils se précipitent dehors à l’ouverture des baies et s’ils se mettent à batifoler immédiatement on peut nourrir l’espoir de les voir taper la tête (mais ne vous faites pas trop d’illusions quand même). Cela me remémore quelques faits vécus dans notre colonie l’été de 1959.
Un moment j’ai cru que tout ne se passait pas au mieux. A peine libérés pour la volée du matin les pigeons montaient rapidement très haut, décrivant de grands cercles. A un certain moment je pus repérer un petit groupe de cinq qui s’était détaché de la bande et qui batifolait toujours très haut avec un enthousiasme quasi sauvage. Le temps de la volée écoulé, ils refusèrent de répondre à l’appel du sifflet et de rentrer. On pouvait supposer avoir à faire à une forme exceptionnelle. Mais les prestations lors du concours suivant furent nettement sous la bonne moyenne. Je ne voyais pas comment justifier cela. J’ai demandé à nombre d’amateurs voisins et autres s’ils pouvaient m’expliquer. Les réponses furent unanimement négatives, sauf chez Gust De Baere de Nokere. Ses pigeons avaient déjà montré un même comportement et n’avaient pas brillé au concours suivant. Il a fallu deux ans encore pour savoir à quoi se tenir. Ça eut pourtant du être facile pour moi qui m’intéressait énormément à l’énergie, à l’oxydation et à la contraction des muscles. Le surentraînement témoigne d’une vitalité exceptionnelle, mais il cause la dépense et même le gaspillage inutile de l’énergie accumulée précédemment. Je suis toujours un peu gêné d’avoir mis tant de temps pour arriver à trouver la solution capable de remédier à cette situation. C’était de garder les pigeons au colombier et de supprimer les volées trois jours avant le jour de la mise en loges (compris). La grossière erreur précitée m’a bien coûté quelques palmes nationales … Il faut que je dise employer le mot surentraînement parce que je n’en ai pas trouvé de meilleur. J’ajouterai sans tarder que le surentraînement du pigeon n’est pas comparable à celui de l’athlète humain. Chez le pigeon il résulte d’une action spontanée, d’une réaction ou autre chose encore. Il y trouve son plaisir.
Chez l’homme, il y va d’une action consciemment dirigée.
C’est un travail forcé imposé par le cerveau. Si étrange que cela paraisse, c’est en pensant à l’exploit de notre pâle (qui n’était pas conséquent à du surentraînement) que j’ai trouvé la bonne solution au problème de ce même surentraînement. Cela m’a fait penser toujours davantage à l’énergie et à tout ce qui l’entoure.
J’ai eu la chance de pouvoir expérimenter à trois ou quatre occasions la validité de ma solution.
Ainsi j’ai failli taper dans le mil au Barcelone de 1962 ( 2ème international) et la victoire perdue pour deux minutes environ. Nous étions arrivés trop tard au colombier. Et ce alors que les deux premiers du classement avaient deux heures d’avance sur le troisième.! Deuxièmes succès, mais total celui là, la victoire au Barcelone international de 1964, avec deux heures d’avance. Troisième au Brive de 1975 (vainqueur de la Coupe du Roi) et 5ème national et enfin le St. Vincent de 1975 (6ème national).
Le climat au colombier.
J’ai déjà beaucoup parlé de la forme, la super forme etc. La question qui en découle est de savoir comment augmenter cette forme. Croyez-moi si je vous dis qu’on n’y changera pas grand chose avec des moyens artificiels. On peut bien sûr intensifier la motivation, par exemple en enlevant la femelle pour quelque temps et en la rendant l’instant d’après, en plaçant un voisin (adversaire) auprès de la femelle, en donnant un peu plus de petites graines etc. Le tout réuni ne représente pas grand-chose.
La forme par contre est tributaire du climat du colombier. Il faut de l’ambiance dans la cage. On peut souvent sentir d’entrée si le combien que l’on ouvré est bon ou mauvais … J’ai pu percevoir cela chez moi, mieux que quiconque., La cage des voyageurs chez mon partenaire était de médiocre qualité et les pigeons y vivaient au gré de l’évolution des conditions climatiques extérieures .
La répartition et les dimensions du colombier étaient étroites et le soleil y pénétrait difficilement à cause des maisons environnantes. A chaque début de saison nous attendions l’arrivée du beau temps avec impatience. Par contre, le colombier des producteurs, au toit chez moi, jouissait d’un climat exceptionnel: grenier spacieux au sommet d’une grande maison recouverte de tuiles à l’ancienne; compartiments séparés par du treillis. Gela générait une bonne luminosité, mais surtout une aération parfaite et une température constante.
Les producteurs sortaient librement toute la journée (sauf par, temps de brouillard ou de neige).
Ils tenaient toujours une meilleure condition que ceux du colombier de concours (sauf l’été) . La différence entre les deux groupes s’apercevait à 1’œil nu . C’est donc bien le climat de la cage qu’il faut tenter de bonifier si l’on Veut améliorer la forme.
[ Source: Article édité par Prof. Dr.G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]
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