La colombophilie mondiale: Georges Fabry – pigeon voyageur
La souche de pigeon de Georges Fabry de Liège, Belgique, a joué un rôle important dans l’histoire de la colombophilie européenne.
Débutant:
Tu m’as dit un jour qu’il fallait déjà savoir beaucoup de choses pour se rendre compte qu’on ne sait encore presque rien.
Victor:
Et moins on sait, plus on croit savoir! Cela se vérifie surtout en colombophilie. C’est fou ce qu’on peut faire avaler par le colombophile en général… pourvu que celui qui le dit ait la réputation d’être un champion!
Débutant:
Cela signifie donc qu’on ne réfléchit pas à ce que les autres vous disent et veulent nous faire admettre, même que deux plus deux font cinq. Il y a donc lieu de penser que les plus grands champions ne se laissèrent pas influencer, et qu’ils suivaient leur propre chemin sans se laisser dérouter par quelque échec passager. Ai-je bien raisonné?
Victor:
Mais oui, car en général, un échec incite le colombophile à changer sa façon de conduire ses pigeons, alors que cet échec n’est dû en rien à son système. Et ici je pense au coup d’aile d’un papillon à Tokyo ou à Pékin! Je pense aux impondérables. J’ai entendu un météorologue renommé, comme il était question des difficultés à prévoir le temps, dire ceci: un battement d’aile d’un papillon à Tokyo ou à Pékin peut influencer le temps sur toute notre planète!
Il a raison dans ce sens qu’il suffit d’un petit rien pour faire pencher la balance d’un côté ou d’un autre. Et l’influence de ces « petits riens » voilà ce qui, en colombophilie, peut faire pencher la balance vers le succès ou vers l’échec.
Débutant:
Tu as beau dire, mais comment découvrir le « petit rien » qui est à l’origine d’un échec?
Victor:
Je viens justement d’en découvrir un. Et on les découvre toujours en observant le comportement du pigeon. Car celui-ci, au contraire de l’homme, ne joue pas la comédie. Tout ce qu’il fait est sincère. C’est notre meilleur professeur. En nourrissant mes pigeons, qui avaient des jeunes au plateau, je remarquai que dans un colombier les parents prenaient plus de maïs hors du mélange que dans un autre colombier où les jeunes au plateau avaient le même âge. Il devait y avoir une raison à cela. Elle était simple: je constatai que la température – surtout la nuit -était plus basse dans le colombier où les pigeons prenaient davantage de maïs!
Débutant:
C’est évident, puisque le maïs contient plus de graisses – de calories – que les autres graines du mélange!
Victor:
Maintenant, après coup, tu dis que c’est « évident », c.-à-d. que cela saute aux yeux… mais il faut encore qu’on ait les yeux bien ouverts pour le remarquer! Et il en va de même pour beaucoup de ces petits riens. Nous ne les connaissons pas tous, sinon les échecs deviendraient rares, mais les champions ne sont champions que parce qu’ils considèrent leurs pigeons comme leurs professeurs!
Et ce fut le cas pour Georges Fabry et Jef Van Riel que j’ai tous deux très bien connus. Ce qui m’a frappé chez Georges Fabry, c’est une certaine humilité lorsqu’il parlait de la valeur d’un pigeon. Il me demandait souvent mon avis sur tel ou tel pigeon – et surtout dans son colombier des producteurs où séjournaient une vingtaine de couples. Il me disait parfois que le colombier des voyageurs l’intéressait beaucoup moins que celui des producteurs. « Il n’est pas bien difficile de remporter des prix. N’importe qui, s’il suit quelques directives, peut y arriver, même s’il ne connaît absolument rien en pigeons! Ce qui est plus difficile, c’est de se maintenir au même niveau ou de progresser. C’est du colombier des producteurs que cela dépend, et là il faut bien que le colombophile ne commette pas de gaffes! Il faut toujours être préoccupé d’améliorer sa race. Ce qui est le plus important est de trouver le juste équilibre entre le plumage et le corps. Pas trop de plumage et pas trop peu de corps. Pas trop de corps et trop peu de plumage ».
Débutant:
Je vois que tu feuillettes tes papiers. Je sais que tu as peur d’oublier…
Victor:
En effet, après une visite à un colombophile il m’arrive de noter les choses principales que j’ai apprises. Et je note encore ceci: Georges Fabry, à une certaine période avait remarqué, dans son colombier des producteurs, que ses pigeons perdaient un peu du côté de la « rusticité ». qu’ils devenaient un peu « zazous », « beaux », mais pas assez « costauds-. C’était, disait-ii, l’héritage des « Hansenne », cette fameuse race liégeoise qui avait fait la renommée du pays Verviétois. Plumage soyeux, belle tête arrondie, yeux magnifiques. Georges Fabry remarqua juste à temps qu’il fallait croiser avec des pigeons plus rustiques et il le fit avec le doigté qui lui était propre. Les Vanbruaene et surtout les Huyskens-Van Riel étaient les partenaires choisis, et avec succès. Il croisa avec d’autres origines, p.ex. des Collaer de Louvain et les Janssen d’Arendonk. Ces derniers ont d’ailleurs magnifiquement réussi avec un écaillé clair Fabry.
Débutant:
Je constate, une fois de plus, que la « race ». le « pedigree » n’ont qu’une valeur toute relative. Que c’est « la main sélective » du colombophile qui constitue la valeur d’une race.
Victor:
Je voudrais encore te dire la chose principale que je remarquais, chaque fois que nous montions voir les pigeons. C’est que Georges Fabry avait un colombier idéal. Et comme je le lui disais, il me répondait souriant: c’est bon pour le colombophile d’avoir le colombier au-dessus de son habitation, et c’est encore mieux pour les pigeons!
Débutant:
Mais Georges Fabry, pharmacien, et fabriquant de médicaments pour les colombophiles devait avoir un grand avantage sur les autres, car La « race », le « pedigree » n’ont qu’une valeur toute relative. C’est « la main sélective » du colombophile qui constitue la valeur d’une race. il s’y connaissait, comme nul autre, en fait de drogues etc…
Victor:
En fait de drogues il était grand partisan de l’ail! Mais oui, cher ami, de l’ail. Il me montra comment il faisait. Il avait un vieux moulin à viande. Il y jetait quelques morceaux de pain sec et quelques gousses d’ail. Il tournait et obtenait du pain imbibé d’ail. Il mettait cela dans un récipient, saupoudrait avec un peu de sel et donnait ce « plat » le lundi à ses pigeons. « Rien de tel », me disait-il. Le lendemain d’un concours les pigeons mangent tout… et surtout, crois-moi, ce plat est le meilleur vermifuge. Quant aux drogues, tu connais l’avis de Georges Fabry. La meilleure et la seule drogue inoffensive c’est une semaine supplémentaire de repos pendant la saison!
Débutant:
Eh bien, j’ai appris pas mal de choses…
Victor:
Et surtout des choses fort simples!
Noël De Scheemaecker
Notices :
Le magnifique colombier de feu Georges Fabry. La jolie maison avait été construite spécialement en fonction des pigeons. Georges Fabry disait à son sujet: « C’est bon pour le colombophile d’avoir le colombier au-dessus de son habitation, et c’est encore mieux pour les pigeons ».
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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La forme des pigeons..une question angoissante !