Graines et régimes (1) – pigeon voyageur
On me demande souvent pourquoi je ne traite jamais des graines et de la manière de nourrir. Cela n’a jamais retenu mon attention parce que je n’ai pas connu de problème à ce sujet. Ajoutez-y que je ne crois pas à l’existence d’un « régime type idéal « , applicable à tous moments et durant toute la saison. S’ils parlent ouvertement, tous les champions interrogés lors de reportage vous présenteront des régimes totalement différents. L’un vous dira que l’orge vaut de l’or, l’autre n’en veut à aucun prix. Les uns servent un mélange « dépuratif » à la rentrée de concours, chez les autres les pigeons peuvent choisir librement. Tous récoltent de bons résultats sans quoi ils ne seraient pas champions.
Impossible.
La difficulté de nourrir comme il se doit résulte de la grande différence entre les situations auxquelles il faut s’adapter.
– Il Y a les grands froids et la canicule.
– Des pigeons qui nourrissent et d’autres « au repos « .
– Ceux qu’on engage dans une rude épreuve à grande distance et d’autres qui participent à une petite étape avec vent favorable.
– Il ne faut pas nourrir de la même manière des pigeons rentrant d’une étape pénible et d’autres qui ont fait une promenade.
Beaucoup de bons amateurs ne s’inquiètent pas de ce problème parce qu’il leur paraît évident de nourrir selon les circonstances.
Plusieurs possibilités.
Tous les chemins mènent à Rome et toutes les manières de nourrir peuvent mener à bien. On peut faire une science de la fabrication de mélanges à pourcentages précis et étudiés, mais vous pouvez aussi vous fier à l’instinct du pigeon si vous n’êtes versé en la matière. Vous le laissez choisir quitte à devoir jeter les restants à des sujets qui ne volent ni élèvent. Si vous surveillez de près les pigeons qui peuvent choisir vous verrez que leurs choix varient selon les circonstances. Ils peuvent nous appendre bien des choses à ce sujet.
L’instinct.
Si vous vous fiez à l’instinct du pigeon qui choisit sa pitance vous verrez aussi qu’il prend telles graines lorsqu’il est en forme et d’autres lorsqu’il ne l’est pas. Les pigeons qui nourrissent ne prennent pas les mêmes graines que ceux qui couvent. Lorsqu’ils se retapent au lendemain d’une rude randonnée, leur choix variera une fois de plus.
Ne concluez pas que je me moque et que tous ces détails n’ont pas de sens parce que je dis que cela ne m’intéresse pas beaucoup. Je ne suis pas savant en la matière, mais je tenterai quand même de proposer quelques lignes de conduite. Cela déclenchera peut-être quelques remarques « scientifiques « , mais il demeure que mes pigeons se distinguent dans les concours.
Pour simplifier les choses, je m’en tiendrai à la distinction usuelle entre régimes « légers et lourds « .
Trop « léger » fera mal aux pigeons appelés à fournir de gros efforts. Trop « lourd » détruit les pigeons qui ne font que la vitesse, n’élèvent pas ou ne volent pas du tout.
Mélange léger.
Par « léger » on désigne un mélange contenant une solide dose de dépuratif et de diète.
Orge, dari, sorgho, froment, riz et maïs ( !) tombent sous le label « léger ». Le froment n’est pas une bonne nourriture à mes yeux, l’avoine et le seigle ne conviennent pas aux pigeons. On peut nourrir « léger » :
– des pigeons « veufs « , au naturel ou pigeonneaux qui ne participent qu’à des concours de courtes distances,
– des pigeons à la couvaison,
– lors de la séparation des sexes et après la saison.
Mélange lourd.
Lourd signifie riche en protéines, avec pois, féveroles, vesces, soja, chanvre et cacahuètes. Il faut des protéines pour faire du muscle, mais il faut rester prudent. Vous pouvez en servir trop peu (les pigeons en ont absolument besoin), mais aussi trop. Si vous donnez trop de pois et féveroles à vos pigeons vous obtiendrez automatiquement des chairs bleues. Les pigeons ne peuvent présenter des chairs bleues. Nous y reviendrons. On donne du mélange lourd, riche en protéines à des pigeons qui élèvent.
Certainement pas tous les jours de la semaine aux voyageurs. La dépense d’énergie des voyageurs invoque d’autres besoins. Par voyageurs j’entends des pigeons appelés à fournir de sérieux efforts. Ceux qui ne participent qu’à des petits concours d’une centaine de kilomètres ne dépensent quasi pas d’énergie. Il ne faut donc prendre aucune mesure particulière à leur égard.
Voyageurs.
En langage courant il se dit que ce sont principalement les hydrates de carbone qui font voler le pigeon. Les hydrates de carbone fournissent de l’énergie par l’entremise des sucres que le pigeon y puise.
Le maïs est particulièrement riche en hydrates de carbone et il leur doit sa popularité. Les pigeons le mangent volontiers et il convient particulièrement à ceux qui participent aux concours. En saison, j’ose l’introduire à 50 % dans le mélange. Mais le pigeon ne peut voler des heures uniquement avec des sucres en provenance des hydrates de carbone. Il arrive un moment que les sucres sont consommés et le pigeon poursuit alors sur sa réserve en graisses. Celles-ci épuisées, il se forme des déchets empoisonnés que le foie doit éliminer. Si cela ne s’est pas bien produit avant le concours suivant, le pigeon ne sera pas en forme. On peut vérifier aisément si le pigeon est prêt pour être à nouveau engagé. Dans le cas contraire il présente des chairs bleues. C’est signe de manque de forme et sans forme pas de bons résultats. Un enfant sait cela.
Chair bleue.
On entend régulièrement des amateurs se plaindre de la chair bleue. C’est normal.
On ne peut en attendre rien de bien. Les médicaments ne sont pas opérationnels dans ce cas. Il leur faut du repos, de l’air (oxygène) et surtout une alimentation légère.
On ne dira jamais assez combien il est imprudent d’engager des pigeons sortant d’une rude épreuve et dont la chair n’est pas redevenue joliment rose.
Rétablissement.
On nourrira donc » léger» au retour d’un vol éprouvant. Les préparations sont alors souhaitées, tels glucose, électrolytes, minéraux et oligoéléments. Ils aident à reconstituer les » réserves » entamées.
Vous pouvez aussi offrir une aide efficace en présentant un supplément de graisse avant la mise en loges.
Les prestations s’en trouveront améliorées. Les cacahuètes contiennent beaucoup de corps gras et sont donc indiquées dans ce cas.
Le temps froid.
Il peut faire très froid dans le pays. Bien qu’ils ne soient météorologues, les pigeons adaptent d’instinct leur régime alimentaire à l’approche d’une période de grand froid. Ils se nourrissent visiblement beaucoup plus que d’habitude. Nous ferons bien d’en tenir compte. Qui nourrit peu et » léger » par grand froid fait mal à ses pigeons. Ils réduiront leur appétit dès que le grand froid s’adoucira. Nous devrons encore nous y adapter et repasser au régime » léger » mesuré.
Cela vaut également pour la saison chaude. Comme ils n’éprouvent pas de grands besoins énergétiques pour tenir le corps à température, les pigeons mangent peu et nous pouvons donc réduire et alléger la ration.
[ Source: Article édité par M. Ad Schaerlaeckens – Revue PIGEON RIT ]
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Graines et régime (2) – pigeon voyageur
Graines et régime (3) – pigeon voyageur