Il ne comprends pas – pigeon voyageur
La « race » prend une grande importance pour les vendeurs qui ne peuvent présenter des résultats. La réalité du sport colombophile nous apprend que nombre de « grands » ont acquis les bases de leur production chez de petits amateurs voisins parfaitement inconnus. Si nous voulions croire tout et tout le monde il y aurait des milliers d’Aarden, de Janssen et autres dans le ciel.
On prête assez vite à ceux qui papotent bien ou qui écrivent sur les pigeons un savoir qu’ils ne possèdent pas. J’ai vérifié cela par la teneur des questions qu’on me pose régulièrement.
Il ne faut pas avoir honte de questionner, au contraire, cela témoigne de sagesse.
Les plus grands champions et les meilleurs vétérinaires posent des questions. C’est peut-être pour cela qu’ils sont champion et bon vétérinaire. Moi aussi je me pose plein de questions sur le sport colombophile auxquelles nous pouvons tenter de répondre tous ensemble et il en est que je crois déjà connaître.
Incompréhension
Je pense à ce correspondant belge qui lit énormément et qui s’est procuré les meilleures races au monde (pour autant qu’il s’y connaisse) qu’il soigne à la perfection, malgré quoi cela ne marche toujours pas pour lui.
Il comprend pas comment d’autres jouent si fort. Ces gens n’ont pas acheté cher leurs pigeons; ils les soignent tant bien que mal et pourtant ils l’écrasent. Il a contacté de nombreux chroniqueurs pour s’informer et voilà qu’il s’adresse à moi maintenant. Il s’intéresse particulièrement au:
– suivi médical
– l’œil du pigeon
– l’aile
– l’hérédité
Il lit tout ce qui s’y rapporte.
Sur une mauvaise voie
La lecture de son message m’a convaincu qu’il s’est engagé sur une mauvaise voie. Il croit devoir assimiler la théorie avant de pouvoir réussir dans la pratique.
Notre sport, plein de contradictions, n’a rien d’un assemblage de règles mathématiques. Les conceptions sont quasi si nombreuses que les champions. Vouloir les comparer ne peut que compliquer le problème. Il se trompe en s’imaginant que « je sais », mais comme tout le monde dans notre sport je ne sais pas plus que les autres. C’est si simple que cela.
Aucune règle
Prenons des pigeons de bonne origine. Les circonstances me permettent d’y avoir aisément accès. J’ai déjà possédé des masses de pigeons, frères, sœurs et jeunes des champions les plus renommés, mais ils ont dû mettre les pouces en maintes occasions contre des adversaires sans lettres de noblesse et sans race. Certains fondent leurs espoirs sur les petits-enfants des as-pigeons. Mais un tel « super » n’est toujours qu’un des quatre grands-parents et il est fort possible qu’il n’a pu rien ajouter, mais alors strictement rien de ses nobles qualités. On attache souvent trop d’importance à un seul des grands-parents. Il est si difficile d’élever des « supers » que de déclencher la grande forme.
Je vais poursuivre avec les questions de mon interlocuteur pour lesquelles je crois bien avoir une réponse.
A quoi peut-on reconnaître un bon œil?
Réplique: Qu’est-ce qu’un bon œil de pigeon? Nombre des meilleurs pigeons de Belgique et de Hollande sont passés dans mes mains. Tous avaient des yeux différents.
Pourquoi l’œil blanc n’est-il pas bon producteur?
Réplique: Qui peut prétendre qu’il en est ainsi? Concernant l’élevage de bons pigeons les théories divergent au point qu’il est préférable de les oublier toutes. Rien ne justifie la supposition que l’œil blanc ne peut être un bon géniteur.
Il a lu à maintes reprises qu’il faut élever avec « des yeux qui ont tout » et il voudrait savoir ce qu’il doit comprendre par « tout ». Je ne sais vraiment pas. Il devrait s’informer auprès des gens qui ont écrit cela. Par la même occasion je demanderais à connaître leurs résultats dans les concours afin de savoir ce qu’il en est exactement.
Et, poursuit-il, j’ai lu qu’il est des yeux d’une richesse de couleurs « égale à celle d’une toile de Rubens ». Pleine de lumières et d’ombres, avec de nombreux petits traits noirs et une couche de vernis étincelante. Les yeux jaunes seraient de moins bons producteurs. J’aimerais connaître votre avis. Le style de la description témoigne du talent de mon correspondant, mais de son talent d’écrivain. L’étincelant m’intéresse. Il témoigne de la bonne santé, mais en plus de ça? …
J’ai vu des pigeons d’agrément avec des yeux répondant parfaitement à la description ci avant. Extrêmement riches en couleurs, mais ils trouvaient à peine le chemin de la tour de l’église à la corniche. Pour ce qui est des « yeux jaunes », plus j’ai pu manipuler de pigeons, plus j’ai été attiré par ses yeux- là.
Le correspondant veut avoir mon avis sur un article que D. qui écrit: Ceux qui conseillent aux amateurs d’écarter les « yeux jaunes » de la production oublient la règle essentielle de la sélection: Elle dicte que les couples doivent être constitués au vu des prestations des partenaires.
Pour moi, D. a raison.
Les préjugés négatifs à l’égard des « yeux jaunes » sont basés sur rien. J’ai eu, jadis un bon pigeon dont je n’avais pas élevé avant qu’il prenne sept ans parce qu’il avait l’œil jaune. Il est apparu que j’avais commis une grossière erreur, que je n’ai pu réparer par la suite.
Pourquoi les pigeons avec un cercle de corrélation complet sont-ils les meilleurs producteurs? C’est surtout à l’étranger que l’on jure par le « eye-sign » comme dit pour juger de l’œil.
Je me demande pourquoi ces gens détiennent cinquante et même plus de couples d’éleveurs si le « eye-sign » désigne les meilleurs géniteurs. Ils auraient assez de deux couples du genre pour être de grands champions. Les vétérinaires réputés v.d. Sluis et feu le dr. Stam écrivent clairement dans leur œuvre: » Le cercle de corrélation nous apprend peu sur les capacités de vol du pigeon. Pour ma part ils auraient pu écrire « rien » au lieu de « peu ».
Vous avez écrit un jour que personne ne peut voir dans l’aile du pigeon s’il est bon.
Etiez-vous sérieux alors?
On ne peut plus sérieux. L’aile ne fait pas le bon pigeon. Il est des milliers de pigeons qui ne valent pas une « chique » malgré leur aile parfaite. A côté de cela, il est de bons pigeons avec une mauvaise aile. Le fait de trouver de moins en moins de pigeons avec une mauvaise aile provient de la sélection permanente au vu des résultats. A la longue restent seuls les pigeons dotés d’une meilleure aile.
Des pigeons parfaits en tout: aile idéale, corpulence et dos, avec l’oeil dit d’un éleveur peuvent être des nullités malgré tout. Seuls comptent le caractère, le (bon) sens d’orientation, l’attachement au territoire, la bonne poussée de la forme etc. Ces qualités ne sont pas perceptibles de l’extérieur. Vous outragez un « super » à mon sens, si vous vous permettez de douter de son aile. Quelle prétention que de juger un pigeon sur ses seules qualités apparentes alors qu’il se classe brillamment.
Mon homme veut savoir en plus quel est le meilleur médicament contre la coccidiose dont il ne parvient pas à se libérer. Si la coccidiose s’installe réellement, il faut appeler à l’aide. Pas du vétérinaire, mais du menuisier. La coccidiose est une maladie qui peut se guérir spontanément.
Demandez au menuisier de rendre votre colombier le plus sec possible. Le climat sec combat mieux la coccidiose que la médication. Elle ne pose pas vraiment problème dans la pratique de notre sport.
Réalité
Voilà ce que j’ai répondu à mon homme. Je ne crois pas que ma réplique l’a satisfait. Pour moi les résultats importent en premier.
Lui agit dans le sens opposé.
Il veut d’abord trouver de bons pigeons pour les lancer tout de go dans la course. Il ne faut pas prendre tout et tout le monde au sérieux. Il est des amateurs qui vous parlent subitement d’une race réputée dès qu’ils ont récolté quelques petits succès. Pour le fond ce sera le plus souvent Aarden et Janssen pour des distances moins longues.
Ceci pour la Hollande.
Car l’amateur qui aurait l’honnêteté (ou la naïveté) d’avouer que ses bons pigeons proviennent de ce qu’il a reçu à gauche et à droite, détruirait sa bonne réputation s’il voudrait vendre. La « race » prend une grande importance pour les vendeurs qui ne peuvent présenter des résultats.
La réalité du sport colombophile nous apprend que nombre de « grands » ont acquis les bases de leur production chez de petits amateurs voisins parfaitement inconnus.
Si nous voulions croire tout et tout le monde il y aurait des milliers d’Aarden, de Janssen et autres dans le ciel.
Comme déjà dit: j’ai possédé de très nombreux pigeons d’origines exceptionnelles. Mis à l’épreuve et examinés de près, quasi tous ont été jugés inaptes …
[ Source: Article édité par M. Ad Schaerlaeckens – Revue PIGEON RIT ]
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