Intoxications Chroniques – Pigeon Voyageur
13 juin 2020 Par admin

Intoxications Chroniques – Pigeon Voyageur

Intoxications Chroniques – Pigeon Voyageur

Les colombophiles connaissent bien les intoxications aiguës. Tout au moins les plus classiques: absorption d’engrais aux champs de plus en plus rares à mesure que les amateurs ont compris la nécessité de l’apport permanent de sel de cuisine au colombier. Absorption de grains empoisonnés contre les souris (glucochloral) qui provoquent selon la quantité ingérée un sommeil plus ou moins profond ou … la mort. Ou raticide à l’anticoagulant (hémorragie interne mortelle avec rejet de sang par le bec) ou à la crimidine (crises d’épilepsie très vite mortelles). On n’incitera jamais trop les amateurs à la prudence (jamais de poisons au colombier même derrière les cases ou sous un ustensile). De telles intoxications sont ponctuelles, soudaines et passagères. Elles peuvent bien sûr être très graves selon le nombre et la qualité des pigeons victimes mais habituellement l’amateur comprend vite la cause de ses ennuis et y remédie d’une façon ou d’une autre (claustration —enlèvement des produits toxiques etc.). Il en va tout autrement avec les intoxications chroniques. De nos jours, où les pollutions, la couche d’ozone, la dioxine, le dioxyde de carbone (CO2) font chaque jour la une des journaux, ce n’est pas très étonnant. La vie moderne a fait que les grandes villes ont de moins en moins de colombophiles. Ce sont elles qui sont les plus polluées. Je ne pense pas que jamais on ait étudié l’incidence de l’air des villes sur la santé des pigeons. Il est à penser que cela ne l’améliore pas. Ça n’est cependant apparemment pas catastrophique. La première des pollutions est celle des pigeons eux-mêmes. C’est le problème du renouvellement régulier de l’atmosphère du colombier, donc de l’aération. L’insuffisance de cette aération augmente la teneur de l’air en gaz carbonique, en vapeur d’eau, en gaz de fermentation des fientes, de l’urine (ammoniac — méthane) etc. L’absorption de ces gaz par la respiration, donc la circulation sanguine, entraîne de nombreuses perturbations organiques, par défaut d’oxygénation sanguine, atteinte hépatique et rénale etc. Tout cela expliquant les mauvaise résultats sportifs de ces colombiers. Une fois de plus, j’incite les amateurs ne connaissant guère le succès à faire une revue approfondie de ce problème d’aération. Mais il y a des causes plus complexes, moins directes de l’insuccès. Un de mes anciens collègues du conseil d’administration national français me demande si, à mon avis, des odeurs de solvants divers, émanant de la grange voisine, ne seraient pas à l’origine d’anomalies de la mue constatées sur ses pigeons. Il est bien difficile de répondre par l’affirmative ou non dans une histoire de ce genre. Les problèmes de poux sont exclus (traitement polyvalent classique fait régulièrement). Alors ?

camion lacher

Sur les lieux de lâcher il est important de bien aérer les camions en laissant les bâches levées, aussi pendant la nuit.

Je lui ai signalé que j’avais eu à connaître, il y a bien une vingtaine d’années, l’effondrement des résultats d’une bonne colonie du Nord de la France après l’installation dans l’immeuble d’à côté d’une teinturerie industrielle dégageant des odeurs de solvants organiques (nettoyage à sec) de façon quasi continue. L’amateur avait d’ailleurs été contraint de déménager. J’aurais pu aussi raconter l’histoire d’un de mes amis d’une société voisine, petit cultivateur et amateur médiocre jusqu’au jour où ayant changé ses chevaux pour un tracteur (garé ailleurs) était devenu tout à coup un excellent amateur. L’écurie située sous le colombier était restée vide et les pigeons ne subissaient plus les odeurs de crottin et surtout d’urine en fermentation. Il me semble qu’il y a là plus qu’une coïncidence. Dans le même esprit, il y a aussi le problème des moyens de transport. Ceux qui me font l’honneur de suivre mes chroniques se souviennent peut-être de ce concours lâché à Montauban après 3 jours d’attente pour mauvais temps. Les pigeons d’un camion étaient rentrés, tous les prix enlevés, le soir même, aucun de ceux de l’autre n’était rentré le jour même. Les pigeons du premier étaient logés dans les cabines modernes d’un camion bien aéré, les seconds dans un vieux camion bâché. Quand on sait que sur les lieux de lâcher, on ne peut laisser un camion, la nuit, bâches levées, à cause des loubards, on comprendra que ces 3.000 pigeons tenus ainsi la plupart du temps, 3 jours durant, avaient subi une véritable intoxication. Certes, il est rare d’être contraint d’attendre 3 jours pour pouvoir lâcher. Mais l’intoxication est progressive et il n’est que de monter dans un camion non aménagé (sans ventilateurs et à l’arrêt) contenant 3 ou 4.000 pigeons, quelques heures après son chargement, pour se rendre compte de cela: chaleur étouffante (plus de 30° G), humide et odeurs de fientes. J’ai déjà évoqué ce problème mais il ne se résout que lentement: la modernisation a un prix.

[ Source: Article édité par Dr. J.P Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]

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