La Coccidiose chez les pigeons
Si la trichomonose est une maladie de la « civilisation » colombophile, la coccidiose en est une de l’humidité. Il est hors de doute que le mauvais temps humide et chaud ou simplement tiède, constitue une condition très favorable à la virulence des coccidies. En effet, cette maladie est extrêmement irrégulière, tant dans ses symptômes que dans l’importance numérique des parasites. Si l’hiver on ne trouve généralement que quelques oocystes au champ de microscope dans les fientes d’un colombier, on trouvera au moment de l’élevage au printemps, dans ce même colombier, dix, quinze ou vingt oocystes au champ de microscope. Tout simplement parce que le froid étant défavorable à la virulence, donc à la contagion, le pigeon élimine peu à peu ses parasites qui ne sont pas ou peu remplacés. Les premiers beaux jours, les fatigues de l’élevage pour des pigeons en santé relative, permettent la réapparition de l’infestation massive. Voilà un premier point essentiel, dans l’étude de cette maladie.
La coccidiose est une maladie provoquée par la multiplication dans les parois de l’intestin d’un parasite microscopique (Eimeria Pfeifferi) mesurant selon les stades de sa vie de 6 à 200 millièmes de mm. Le cycle de ce parasite est compliqué, mais nous pourrons le résumer ainsi: un pigeon malade expulse dans ses fientes un grand nombre d’oocystes (ce sont eux qu’on voit dans les fientes, au microscope). Ces oocystes doivent « mûrir » à l’air pendant un temps court mais variable selon la température et l’humidité (ce temps va de 24 heures à 4 jours) pour pouvoir éclore dans l’intestin du pigeon qui les avalera. Ils conserveront ce pouvoir d’éclosion un temps très long (probablement plusieurs mois au moins). Dès qu’un pigeon avale un oocyste mûr, celui-ci éclot libérant les « sporozoïtes » qui pénètrent dans la paroi intestinale, s’y développent, grossissent jusqu’à éclater en donnant naissance à d’autres cellules coccidiennes qui à nouveau pénètrent dans la paroi intestinale et s’y développent.
On pourrait penser que ce développement continue indéfiniment assurant l’infestation de plus en plus grande de l’intestin. Or, il semble que cette multiplication « interne » est limitée à quelques générations et qu’il faut que le pigeon avale d’autres oocystes pour que l’infestation s’aggrave. Dans les colonies très atteintes cette absorption d’oocystes est continuelle. A partir d’une certaine génération de parasites, le mode de reproduction change tout à coup et la cellule coccidienne donne naissance à des éléments mâles et des éléments femelles qui se réunissent et forment une cellule qui sortant de la cellule intestinale qu’elle parasite, passe dans l’intestin et est rejetée dans les fientes: c’est l’oocyste qui mûrira à l’air et deviendra infestant. Le cycle complet se fait en une dizaine de jours.
De l’étude de ce cycle, on pourra retenir les moyens d’éviter la contagion et l’aggravation de l’infestation. Nous verrons cela en même temps que le traitement.
Les symptômes sont évidemment ceux d’une entérite: la pénétration des parasites dans les cellules intestinales crée une inflammation, d’autant plus grave que les parasites sont plus nombreux. Le pigeon réagit à cette inflammation par l’absorption d’eau, l’émission de mucus, bref, c’est la diarrhée aqueuse, en flaque. Les petites blessures faites par les parasites à la paroi intestinale peuvent s’infecter, les germes habituels de l’intestin, tenus en respect facilement en temps normal (en particulier les colibacilles) profitant de la situation et venant aggraver la maladie. Souvent ces germes gagnent les reins et y créent une inflammation très sérieuse.
L’existence de coccidiose favorise également l’extension de la trichomonose (habituellement cantonnée aux premières voies digestives chez les adultes) à tout l’intestin, provoquant cette diarrhée verte, huileuse caractéristique. L’extrême fréquence de l’association trichomonose-coccidiose et coccidiose-vers ne doit jamais être oubliée si on désire appliquer un traitement efficace parce que complet.
On a souvent écrit que la coccidiose n’atteignait les pigeons qu’après leur sevrage. C’est une erreur. L’expérience et les contrôles microscopiques montrent en effet que les jeunes au plateau, à partir de l’âge de 10 jours environ peuvent être sérieusement atteints. Ils présentent alors de la diarrhée et un amaigrissement rapide (le jeune, bien rond, a fondu de moitié 48 heures après). Certains attribuent cet amaigrissement à la sortie de la plume qui se fait à la même époque. C’est une erreur complète.
La « crise » de coccidiose — souvent liée à une de trichomonose concrétisée par l’apparition de points blancs sur le voile du palais — apparaît fréquemment dans les colonies moins sérieusement atteintes. Il semble bien que le passage difficile que connaissent la plupart des jeunes lors du sevrage joue un rôle important dans cette crise. L’hygiène rationnelle du sevrage s’impose donc comme moyen préventif de premier ordre.
Comme nous l’avons vu pour les pigeonneaux au plateau, la coccidiose du sevrage provoque l’amaigrissement par troubles de l’assimilation. Ces troubles ont comme conséquence de provoquer une crise de rachitisme dont la déviation du bréchet est le signe habituel. Il n’est pas rare que, compliquée de colibacillose, cette coccidiose des pigeonneaux récemment sevrés provoque une mortalité importante dans la jeune colonie. Il est exceptionnel d’observer de la mortalité chez les adultes.
A côté de ces conséquences purement physiologiques, la coccidiose peut exercer sur le rende-ment sportif une grande influence. La plupart des pigeons sont porteurs de quelques parasites sans aucune importance. Cependant ces quelques coccidies constituent une véritable « épée de Damoclès ». Tout affaiblissement des pigeons, pour cause hygiénique (l’humidité, l’aération défectueuse), alimentaire (de mauvaises graines, un excès de graines grasses ou de légumineuses), physique (fatigue sportive, etc…) risque de permettre une explosion de virulence et ce sera la diarrhée, l’amaigrissement, bref, explosion de la forme et des beaux résultats sportifs. Le bon amateur doit donc toujours ouvrir l’oeil.
Enfin, la coccidiose peut être à l’origine, ou tout au moins favoriser certains coryzas, éternuements, larmoiements, etc… En fait, il est bien rare qu’il n’y ait pas au moins la complicité du trichomonas.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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