Ernest Duray 6 – pigeon
2 novembre 2021 Par admin

La colombophilie mondiale:Ernest Duray (6) – pigeon voyageur

Ernest Duray 6 – pigeon

Débutant:
A la fin de notre dernière causerie sur ce très grand champion que fut Ernest Duray, je t’avais demandé de me parler de sa façon de nourrir ses pigeons. Je suppose qu’elle devait être parfaite, ou, en tout cas, meilleure que celle de ses concurrents, qui devaient se sentir très ‘petits’ par rapport à lui.

Victor:
Ici je t’arrête, car je voudrais te dire ceci: le grand champion n’est vraiment ‘grand’ que s’il ne fait pas sentir aux autres qu’ils sont ‘petits’.
Et à ce propos Ernest Duray était vraiment un tout grand. C’est avec un sourire qu’il donnait un précieux conseil à un ‘petit’. Il était assez intelligent pour savoir que malgré une certaine supériorité sur l’autre, on demeurait toujours très très petit… et surtout en colombophilie, où les mystères nous entourent de toute part. Mais parlons un peu de sa façon de nourrir ses veufs.

Débutant:
Et je sais, comme tu me l’as dit, qu’à l’époque d’Ernest Duray, les marchands de graines ne vendaient pas encore des ‘mélanges’.

Victor:
En effet. Mais Ernest Duray ne mélangeait pas les graines. Il les donnait séparément. En fait, ce que le pigeon recevait à chaque repas constituait ‘globalement’ un mélange. Ernest Duray était un sportif. Il connaissait fort bien les grands atouts de l’athlète: l’entraînement et la nutrition.
Pour juger de la valeur d’une méthode de conduire ses pigeons, il ne suffit pas de consulter les résultats sportifs remportés.
Il faut surtout prendre en considération la dureté de la concurrence. Et les concours nationaux constituent bien le summum à cet égard. C’est précisément là qu’Ernest Duray surclassa souvent ses concurrents.
Sa méthode était donc incontestablement la meilleure.



Débutant:
Tu te trompes peut-être? N’étaient-ce pas ses pigeons qui étaient meilleurs que les autres?

Victor:
Il n’y a pas que les pigeons. Nous savons tous, ou nous devrions le savoir, qu’on trouve le plus de bons pigeons chez les petits amateurs, où la sélection est la plus sévère. La méthode de jouer est souvent meilleure chez les ‘grands’, surtout quand il s’agit des concours nationaux. Chez Ernest Duray il y avait les deux: la sélection sévère et une méthode excellente.
Il suffisait de voir ce champion tenir un pigeon en mains et le ballancer légèrement pour se rendre compte à l’avance du jugement qu’il allait porter sur celui-ci, après l’avoir regardé franchement dans les yeux. On sentait bien alors que dans son colombier la sélection devait être ultra sévère. Mais ce qui, à mes yeux, constituait sa suprématie on doit la chercher dans sa méthode.

Débutant:
Tu m’as déjà dit qu’il ne commençait à jouer ses pigeons à fond qu’à l’âge de 3 ans. Aucun colombophile actuellement, n’aurait cette patience.

Victor:
La patience est surtout une question d’habitude. Si on en perd l’habitude, si la patience n’est plus ‘à la mode’, elle disparaît. C’est le cas actuellement, en effet! Et l’on oublie que l’impatience est la cause de beaucoup de malheurs! En colombophilie comme dans la vie de tous les jours!
Mais, parlons de sa méthode. Ernest Duray était partisan de la volée obligatoire au drapeau pour ses veufs. Le matin — le plus tôt possible— une heure, et le soir—le plus tard possible— également une heure, sauf le lendemain d’un retour de concours évidemment. Au coup de sifflet, après avoir enlevé le drapeau, ils rentraient et y trouvaient au casier un peu de petites graines comme friandise. Si, p.ex., le matin les veufs faisaient la volée de 5 à 6 heures, il ne commençait à nourrir ceux-ci que vers 10 heures.

Débutant:
Pourquoi attendre si longtemps avant de commencer à nourrir?

Victor:
N’oublies-pas qu’il nourrissait le soir fort tard, et que le matin tout n’était pas encore digéré, loin de là.

Débutant:
Mais quel avantage voyait-t-il à nourrir si tard le soir, et à faire des volées si matinales et si tardives?

Victor:
Les pigeons aiment les volées très matinales, quand le soleil se lève, que l’air monte, et qu’il est le plus riche et le plus pur. En plus, si, lors d’un concours national, le pigeon doit déloger, il repartira dès que le jour se lève. Je crois également qu’en nourrissant tard le soir Ernest Duray donnait à ses veufs une longue période de repos et de calme. Et s’il nourrissait seulement 4 heures après la volée matinale, c’était aussi pour permettre au soleil — quand il y en avait! — de réchauffer le colombier. Car après le repas de la matinée, l’obscurité était faite au colombier jusqu’à la volée du soir.
Pendant le jour les veufs étaient enfermés dans le casier.

Débutant:
Mais quand vas-tu enfin me parler de sa façon de nourrir?

Victor:
Tout ce que je viens de te dire est quand même important. Mais consultons ses petits bouquins, où nous trouvons la manière dont il nourrissait ses pigeons. Il commençait par donner quelques féveroles dans la petite mangeoire de chaque casier.
Quand il n’y en restait plus aucune dans chaque mangeoire, il en rajoutait encore quelques unes. Ensuite il enlevait celles qui restaient. Ensuite il attendait quelques minutes, et recommençait le même manège avec des pois. Par après, c’était le tour des vesces, et puis au froment, au mais et au dari.
Lorsqu’il en avait terminé — cela prenait une petite demi-heure — il leur servait encore une petite cuillerée à café d’un mélange de navettes rouges et de chanvre.

Débutant:
Et faisait-il de même le soir?

Victor:
En effet.

Débutant:
Et dans la boisson?

Victor:
Tous les jours un peu de sucre dans l’eau de la boisson.

Débutant:
Mais c’est formidable, tout ce que ses pigeons recevaient… ne s’engraissaient-ils pas?

Victor:
Ernest Duray m’a souvent dit qu’au veuvage le pigeon ne s’engraissait — à condition qu’il y ait de bonnes volées. Mais pour avoir de bonnes volées, les pigeons doivent être en parfaite santé.



Débutant:
Mais au retour des concours il ne pouvait quand même pas nourrir comme tu viens de me l’expliquer?

Victor:
Ils ne recevaient pas de légumineuses, ni des petites graines, navettes et chanvre. Et dans l’eau de boisson un peu de bicarbonate de soude pendant deux jours.

Débutant:
Et les parasites? Coccidiose, vers, trichomonase?

Victor:
Tu oublies que le pigeon, dès qu’il a 3 ans, a peu ou pas à souffrir de trichomonase. Pour le reste une hygiène très stricte, comme c’était le cas au colombier d’Ernest Duray, suffisait à écarter le danger.

Débutant:
Penses-tu que le système Duray constituait la perfection?

Victor:
On n’aura jamais la perfection… et je te raconterai la prochaine fois que même Ernest Duray a commis des erreurs.

Noël De Scheemaecker


Notices:

Ernest Duray 6 – pigeon voyageur

  • Cette photo de Duray date de 1933. Elle fut prise après son extraordinaire prestation au concours national de Pau, 3.341 pigeons. E. Duray avait engagé 24 pigeons et remporta 19 prix, dont la victoire nationale.
  • On trouve le plus de bons pigeons chez les petits amateurs, où la sélection est la plus sévère.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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