Les détails qui font la différence – pigeon voyageur
Débutant:
Lors de notre dernière causerie par rapport aux pigeons, tu avais attiré mon attention sur certains facteurs qui te paraissaient contribuer aux succès de Roger Vereecke. A première vue ce ne sont que des détails, mais en fait ces détails peuvent constituer des éléments importants du succès. Tu m’as convaincu qu’il y a corrélation entre le caractère du colombophile et la continuité dans le succès. Le colombophile doit avoir la tête froide, de la patience, et s’en tenir à certains principes très simples. Il doit être modeste et savoir traverser, sans paniquer, une période noire.
« Le champion qui se croit invincible est un fou », c’est du moins Çe dont je me rends de plus en plus compte au fur et à mesure que nous dialoguons sur la colombophilie. Car celle-ci comporte tant d’impondérables qu’elle nous incite à une grande modestie.
Mais l’expérience doit néanmoins nous permettre de tirer profit de certains détails qui peuvent conditionner ou améliorer les succès. N’ai-je pas raison?
Victor:
Tu viens de dire là des choses très sages. Mais, il y a, en effet, certains détails qui ont de l’importance.
On sait, par exemple, que lorsqu’on enlève les femelles aux veufs, après le retour d’une étape, ceux-ci sont très excités et roucoulent après la femelle pendant de longues heures encore.
Un bain très chaud, en tenant le pigeon pendant une demi-minute dans un seau d’eau, tout en lui massant les pectoraux après avoir écarté le duvet, calme le pigeon et favorise son rendement sportif.
Notre ancien et tant regretté collaborateur Henri Landercy préconisait déjà le bain très chaud après les efforts des veufs et l’enlèvement de leurs femelles.
Débutant:
On ne fait pour les pigeons pas autre chose que ce qu’on fait pour les athlètes: repos et chaleur pour la musculature. J’en déduis que l’organisme, épuisé par l’effort, est soulagé par un traitement adéquat, et auquel répond efficacement le bain chaud pour le pigeon. Je voudrais te parler maintenant de toute autre chose: mes veufs, à mon avis, ne mangent pas assez. Un « détail » m’échapperait-il pour leur faire manger d’avantage?
Victor:
Le veuf qui ne mange pas assez est un veuf qui est trop nerveux. On pourrait dire qu’il vit « sur ses nerfs ». Il s’épuise donc et devient incapable de fournir un effort considérable. Puisque c’est la nervosité qui l’empêche de manger, il faut donc le calmer. Tu auras déjà remarqué que lorsque les veufs rentrent de leur volée journalière, matin et soir, ils sont très nerveux et roucoulent de contentement de rejoindre leur territoire, c.-à-d. leur casier. On fait bien de mettre quelques petites graines dans leur casier à leur rentrée. Mais ensuite il faut attendre tout le temps nécessaire pour que les pigeons se calment. Ernest Duray me disait: « Rien de plus simple pour faire manger les veufs: il suffit d’attendre, après la volée, une heure ou plus pour les nourrir ». Ce champion d’exception m’a appris beaucoup de choses et j’ai moi-même, le plaisir de te les apprendre!
Débutant:
En fait, pour apprendre bien des choses en colombophilie, il suffit de bien observer ses pigeons et de déduire de leur comportement ce qui nous reste à faire pour éventuellement augmenter leurs prestations sportives.
Victor:
Ce qu’il faut surtout éveiller au maximum chez le pigeon, ce sont ses instincts. L’instinct qui le fait défendre son territoire, et l’instinct de jalousie sont d’une importance capitale. Ils conditionnent pour une grande part la prestation d’un pigeon. Je ne sais si tu as déjà essayé d’exacerber ces instincts en utilisant un miroir. Un miroir posé au fond ou sur le côté du casier suffit parfois pour remporter un premier prix.
Avant l’enlogement, et après avoir mis la femelle en présence du veuf, tu places le miroir dans le casier. Le veuf croit qu’un autre mâle veut s’emparer de sa femelle. Il roucoule, mais alors, dans le miroir le soi-disant « autre », qui n’est autre que lui-même, roucoule également. Souvent il s’élance contre le miroir pour foutre « l’autre » dehors. C’est le moment de le prendre pour l’enloger. Je te dis, ce sont parfois ces petits détails qui peuvent faire la différence.
Mais ces détails, quand on y réfléchit, ne font que découvrir des comportements qui découlent d’instincts profonds chez le pigeon.
Débutant:
En fait le colombophile ne saurait pas grand-chose si le pigeon ne le lui apprenait!
Noël De Scheemaecker.
Notices:
- Un bain forcé de quelques minutes dans de l’eau chaude après le retour d’un concours a un double effet positif. D’une part il va calmer le pigeon excité après la vue de sa femelle; d’autre part en massant les pectoraux après avoir écarté le duvet, il va accélérer le processus de récupération.
- Le comportement des veufs durant leur volée, au colombier, à la vue de leur femelle avant l’enlogement et même au retour peut nous apprendre beaucoup sur le degré de leur forme.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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