La fin des femelles pigeon
10 janvier 2021 Par admin

La fin des femelles – pigeon voyageur

La fin des femelles pigeon

Toutes choses ont une fin. Celle d’une bonne femelle, reproductrice en particulier, mère de quelques tout bons pigeons est toujours ressenti avec regret par l’amateur. Il n’en est pas moins intéressant de savoir ce qui provoque cette fin. Par ce terme d’ailleurs, on n’entend pas forcément la mort, mais l’inutilité, le reste de vie n’étant que de la mentalité de l’amateur et du respect qu’il a de ses vieux serviteurs. Pour une femelle d’âge, le premier pas vers la mort est celui de la stérilité. Cela se traduit uniquement par l’espacement des pontes, la ponte d’un seul oeuf puis l’arrêt total des pontes. La vieille femelle ne pond pas d’oeufs clairs (le mâle est alors toujours en cause) et, exceptionnellement, des oeufs sans jaune (vitellus). Chez les femelles, la ponte d’oeufs sans coquille ou à coquille anormale (rugueuse) est toujours due à une infection de l’oviducte. Cette stérilité définitive intervient à des âges très variables. Cela peut être 6 ans comme 12. Certaines très vieilles tiennent le coup et j’ai vu pondre, pendant une conversation au colombier, « Poupette », 14 ans, de mon ami Gustave Guelton – exceptionnel -. Chacun sait que les bonnes reproductrices sont la plupart du temps, polifiques. Elles pondent facilement, naturellement. Mais avec l’âge, cela fatigue l’organisme. Cela se traduit, sur le plan physiologique, par une diminution progressive de la tonicité de l’oviducte. Les conséquences du vieillissement de cet organe sont de deux ordres: risques accrus de ponte abdominale, c’est-à-dire que le jaune se détachant de l’ovaire, « rate » le pavillon (entonnoir) de l’oviducte (manque de souplesse dû à la vieillesse et au surmenage génital ) et « tombe dans le ventre, y éclate et y provoque une péritonite avec ascite (eau dans le ventre qui se ballonne) et essouflement. La mort s’ensuit sauf diagnostic précoce suivi d’une opération toujours très délicate (anesthésie d’une malade grave – nécessité d’éliminer la moindre trace de jaune d’oeuf – adhérences précoces dues à l’inflammation générale de la cavité abdominale). Ou risques d’atonie de l’oviducte: l’oeuf est dans l’oviducte mais n’avance plus car l’organe n’a plus de contractions assez énergiques. La femelle fait des efforts expulsifs, tient le nid à longueur de journée et rien ne vient. La palpation permet de sentir l’oeuf, en haut, presque plaqué à la voûte sacrée ( entre le dos et la base de la queue). Ne pas confondre avec le gésier, beaucoup plus en avant et à droite.
Le remède consiste à injecter un peu d’huile (paraffine si possible) dans le cloaque (il est très difficile de trouver l’origine de l’oviducte dans le cloaque, la lubrification aussi loin que possible de l’oviducte serait évidemment bien meilleure) et à faire à la femelle une piqûre de 3 à 5 unités d’hormones posthypophysaire, intramusculaire, renouvelable à 1/2 dose toutes les heures jusqu’à obtention du résultat. Cela marche 9 fois sur 10. Sinon l’opération s’impose. A noter que puisqu’il s’agit dans l’énorme majorité des cas, du 1er oeuf, le second ne se forme pas tant que le premier n’est pas évacué. Et qu’un repos sexuel, avec isolement prolongé (2 mois) et reconstitution organique (vitamines, minéraux, toniques) s’impose après une telle aventure, sous peine d’une rechute à la ponte suivante. Les efforts expulsifs de la ponte, affectant également les muscles de la paroi abdominale, en provoquant assez souvent la rupture chez les vieilles femelles D’où hernie intestinale. La femelle présente alors une « boule » graisseuse, habituellement dans l’axe médian pointe du bréchet anus. En fait, l’organisme dépose, là un excès de graisse de colmatage. A l’ouverture -prudente – de cette masse graisseuse, on trouve un sac herniaire avec une anse intestinale. Quelquefois une portion d’oviducte (d’où stérile mécanique). Si les jours de le femelle ne sont pas menacés pour une telle hernie, cela peut compromettre tout de même sa fécondité. L’opération est bénigne et si la femelle en vaut la peine…
Il n’est pas rare de voir brusquement une vieille femelle, triste dans un coin, ne s’intéressant plus à sa case, mangeant du « bout du bec ». En mains, elle apparaît molle, le ventre ballonné, très vite essoufflée, au point que quelques-unes font une syncope mortelle dans les mains de leur maître. Rassemblant ses souvenirs, l’amateur se souvient que depuis quelques mois son rythme de fécondité s’est ralenti. Cette femelle a une ou des tumeurs abdominales. La texture de ces tumeurs fait penser à des vitellus (jaunes d’oeufs) dégénérés, infiltrés de globules blancs (de défense) organisés. Leur coupe montre des couches concentriques, leur forme est habituellement régulière, ovoïde ou ronde. Il apparaît probable qu’il s’agit de follicules ovariens plus ou moins évolués qui ont essaimé dans l’abdomen, et s’y sont organisés. Certains prendront un tel volume qu’ils atteindront celui d’un oeuf de poule et provoqueront des désordres aigus. Là aussi l’opération est la seule méthode valable: l’élimination de ces tumeurs, la plupart du temps non adhérents, est la condition absolue d’un prolongement de la fécondité.
Chez certaines femelles, encore jeunes souvent, des phénomènes semblables apparaissent quelquefois, mais brutaux. D’un jour à l’autre, l’appétit est nul, l’aspect prostré, des fientes molles ou au contraire très rares, vert foncé, collantes. Le ventre se ballonne, douloureux, dur. Cela a tout l’air d’une infection microbienne aigue: c’est une ovarite microbienne, localisation d’un microbisme d’élevage que nous avons déjà étudié dans ces colonnes. L’agent microbien peut être un staphylocoque (très fréquent) un streptocoque, une salmonelle (paratyphose). L’intervention énergique avec un antibiotique approprié s’impose d’urgence. Le traitement sera prolongé pendant 5 à 8 jours.
Malheureusement si le traitement a été tardif, l’infection chronique ancienne avant de passer à l’état aigu, la femelle bien que rapidement guérie n’en reste pas moins stérile. Tous les traitements essayés sur de telles femelles se sont, jusqu’à présent, révélés décevants.
Existe-t’il un moyen d’obtenir encore quelques œufs d’une bonne femelle, mère de tout bons pigeons, qui a cessé de pondre?
On sait que pour les mâles, le remède existe qui permet d’obtenir, en 75 % des cas, des jeunes d’un mâle « qui coche clair » depuis quelques mois. J’ai même obtenu 6 jeunes l’an dernier d’un mâle de 10 ans, qui était stérile depuis près de 2 ans. Bien sûr, mâle comme femelle doit être stérile depuis le moins de temps possible. La vieillesse des organes c’est l’infiltration progressive des tissus nobles, actifs, par des tissus simplement de soutien (tissu conjonctif). Plus on attend, plus il y a de ces cellules sans intérêt et moins il y a de cellules spécifiques actives. Le traitement est fait au moyen d’hormones gonadotrophiques (Prolans) en injections répétées, complété par une cure vitaminique (A-D3-E-B 12). Pour les mâles, la technique est maintenant bien au point. Pour les femelles, l’ancienne technique (petites doses multiples) donne de moins bons résultats. Elle doit donc être mise au point. Les premiers essais l’an dernier, sur ces nouvelles bases, autorisent de bons espoirs.

Doct. Vét. J.P.Stosskopf


Notices :

  • Chez les femelles, la ponte d’oeufs sans coquille ou à coquille anormale (rugueuse) est toujours due à une infection de l’oviducte.
  • Un traitement au moyen d’hormones gonadotrophiques (agissent sur les glandes sexuelles) en injections répétées, accompagnées d’une cure d’un complexe multivitaminé, permet dans 75 % des cas de rendre au mâle une fertilité passagère qui permettra d’en tirer encore quelques jeunes.

[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ] 

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