29 octobre 2021 Par admin

La forme de pigeon s’envole! Pourquoi?

Débutant:
Tu m’as parlé, lors de notre dernière rencontre, de certaines fautes qu’il ne fallait absolument pas commettre avant la saison sportive, pour ne pas compromettre la venue de la forme en temps voulu. Mais je te pose la question: y a-t-il bien un ‘temps voulu’ et lorsque la forme enflamme les pigeons, pourquoi est-elle souvent de si courte durée? Pourquoi s’envole-t-elle?

Victor:
L’arrivée de la forme en temps voulu par le colombophile, je n’y crois qu’à moitié. Car ce dernier n’est pas absolument maître de certaines circonstances qui peuvent influencer sur la forme, p.ex. le temps. Je me souviens qu’un jour, arrivant chez Corneel Horemans de Schoten, qui habitait une dépendance du château d’Amerlo dont il était garde chasse, me dit: Ce matin, en venant au colombier, j’aurais pu pleurer, la forme de mes pigeons était tombée à zéro. Les deux journées humides que nous avons connues, et le fait que mon colombier est situé pratiquement au milieu des arbres, ont suffi pour éteindre la forme de mes pigeons.
Les anciens colombophiles se souviennent sans doute encore des résultats extraordinaires du colombier Horemans, mais aussi de l’irrégularité de ces résultats. C’est la seule raison pour laquelle Corneel Horemans n’est jamais parvenu à devancer aux championnats à l’Union d’Anvers des colonies telles que celles d’Havenith, Vincent Mariën ou les frères De Scheemaecker.
La forme au colombier Horemans était tributaire des conditions athmosphériques. Et il en est ainsi pour beaucoup de colombiers, où la forme s’envole sans que le colombophile y puisse faire quelque chose. Si un amateur ne peut pas bien isoler son colombier pendant la nuit ou remédier à l’humidité et au froid par une plaque chauffante qu’il enbranche le soir, il est totalement tributaire du temps qu’il fait.

Débutant:
J’y penserai…

Victor:
C’est mon rôle de te faire penser… et de réfléchir alors à ce qu’il te reste à faire… Mais revenons à la forme. Car il n’y a pas que les conditions ‘météo’ qui peuvent influencer sur la forme des pigeons. Il y a encore la façon de nourrir. Et ici nous devons réfléchir à ce que signifie la forme, cette fée qui décide en dernier lieu des résultats sportifs d’une colonie.
Nous en avons donc une petite idée puisque nous constatons que la baisse de la température et la tombée de l’humidité pendant la nuit, font chuter la forme des pigeons. La raison en est que le pigeon dépense beaucoup de calories pour lutter contre ces conditions, et qu’il y épuise ses réserves qui lui sont nécessaires pour la prestation sportive qu’on lui demande.

Débutant:
Qu’a à voir à ce sujet la façon de nourrir?

Victor:
Voyons un peu… et observons nos pigeons, car ce sont nos pigeons qui sont nos professeurs et peuvent nous apprendre quelque chose à ce sujet. Nous constatons que dès que la température baisse, les pigeons paraissent affamés et demandent plus de nourriture. Ils le demandent d’ailleurs ‘avant’ que la température ne baisse, car, eux, ils prévoient le temps, ils devancent même les baromètres. Et quand le temps va se refroidir, ils nous l’annoncent à l’avance par une augmentation de leur appétit. Pourquoi?… simplement pour augmenter leurs réserves afin de lutter contre le froid avec des calories disponibles en suffisance.

Débutant:
Si je comprends bien, le colombophile doit nourrir d’avantage quand le pigeon le lui demande. Mais il doit en plus tenir compte des prestations qu’il va exiger de lui. C’est-à-dire que plus la prestation sera dure, et plus le pigeon devra disposer de réserves, plus le colombophile devra nourrir?

Victor:
Tu as assez bien compris. Mais attention! Et ici nous commettons la faute. Nous pensons qu’en donnant une nourriture plus riche en protéines (féverolles, pois, vesces) nous augmentons les réserves du pigeon. Or c’est le contraire, car pour assimiler ces graines, qui donnent d’ailleurs relativement peu de calories, le pigeon doit fournir un effort assez conséquent qui charge son organisme de toxines.
Il faut donc donner au pigeon l’occasion de prendre plus de maïs, de froment, de dari.
Le colombophile qui sait observer, remarquera d’ailleurs qu’alors le pigeon, par instinct, choisira ces graines dans le mélange qu’on lui présente.

Débutant:
Vu sous cet angle, cher maître, tout le problème de l’alimentation du pigeon peut être résolu par le pigeon lui-même?
Il suffirait, surtout pendant les derniers jours qui précèdent l’enlogement, de laisser choisir le pigeon. Donc de lui donner pleine mangeoire pour qu’il puisse y prendre ce qui lui convient le mieux, et qu’il est seul à savoir instinctivement, puisque tu dis toujours que l’instinct ne se trompe pas!

Victor:
Oui, mais attention, ici encore une fois, nous commet-tons souvent la faute. Nous avons demandé — contre nature — un effort exceptionnel au pigeon en l’enfermant dans un camion — ou pis encore — dans un wagon. Ensuite nous l’obligeons à abattre un kilométrage élevé qu’il ne ferait jamais de lui-même si on le laissait vivre normalement.
En réalité, nous avons bousculé ses habitudes normales. De ce fait le pigeon rentre avec un organisme chargé de toxines qu’il doit éliminer au plus vite pour se sentir de nouveau en forme en vue des prochains efforts.
Puisque c’est nous qui avons soumis le pigeon à des efforts anormaux, il convient que nous en tenions compte lorsque nous soignons le pigeon après son retour des concours. Nous avons le choix: une récupération rapide ou une récupération lente. En ce dernier cas une ou deux semaines de repos supplémentaires peuvent régler le problème ou bien une récupération aussi rapide que possible — ce que nous demandons en générai — et alors nous devons d’une part reminéraliser l’organisme et d’autre part éliminer les toxines par une nourriture très légère et pauvre en protéines.

Débutant:
Pendant combien de jours?

Victor:
Cela dépendra des efforts fournis et de la forme des pigeons lors de l’enlogement. Cela se remarque aux excréments. Si ceux-ci redeviennent vite normaux, vous pourrez plus vite également délaisser la nourriture légère, et commencer à nourrir normalement le pigeon, c.-à-d. en lui laissant choisir ce qu’il veut.

Débutant:
Tout cela ma paraît clair dans ses principes, mais plus difficile dans la mise en pratique de ceux-ci.

Victor:
Ne t’en fais pas. Nous continuerons d’en parler. Tu as du moins compris que pour éviter que la forme s’envole des colombiers, il faut tenir compte de certains facteurs pour dresser cette fée capricieuse que nous appelons la forme, à n’être plus aussi capricieuse. Et n’oublions pas, que tout l’art en colombophilie consiste à mieux jouer que ses concurrents avec des pigeons d’égale valeur…

Noël De Scheemaecker

Notices:

Le colombier Horemans, situé dans le domaine du château d’Amerlo à Schoten, était entouré d’arbres. C’était un grand handicap pour la forme des pigeons. C’est la seule raison pour laquelle Corneel Horemans n’est jamais parvenu à devancer aux championnats à l’Union d’Anvers des colonies comme celle d’Evrard Havenith, Vincent Mariën.

Bonne orientation, entourage sec, bonne exposition au soleil, voilà une série de points très importants pour la forme des pigeons. Chaque colombophile sera d’accord pour reconnaître qu’il y a des colombiers où les pigeons trouvent facilement la forme et d’autres où cela pose de réels problèmes.
Le colombophile n’est pas absolument maître de certaines circonstances qui peuvent influencer sur la forme.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]