la classe des pigeons
4 février 2022 Par admin

La forme prime la classe de pigeons

la classe des pigeons

Débutant:
Je me souviens que le fameux champion, que fut Emile Marlier d’Heppignies, t’avait dit un jour que la forme d’un pigeon primait sa classe. C’était après un échec relatif de ses terribles champions. Et je suis persuadé qu’il n’en connaissait pas la ou les causes.
Je crois que tous les colombophiles connaissent cela un jour ou l’autre.
Parfois même c’est pendant une saison entière qu’ils s’en plaignent. Et j’ai l’impression que même le meilleur colombophile ne peut résoudre l’énigme. Qu’en penses-tu?

Victor:
Je crois que tu as raison. Ce n’est pas une raison de nous croiser les bras. Lorsqu’on veut pallier à une situation il s’agit en premier lieu de rechercher toutes les causes possibles qui peuvent l’influencer. Ce n’est pas facile du tout. Pourquoi? Parce que la forme, ou un degré de celle-ci, peut tenir à un tout petit rien. Je crois que le colombophile qui désire mettre ses pigeons en forme, et maintenir celle-ci, se m’eût sur une corde raide. Un météorologue a dit un jour que le battement d’aile d’un papillon à Tokyo pouvait influencer le temps sur toute la planète. Cette boutade peut paraître extrême et fausse, mais il y a là de quoi réfléchir. Le temps peut en effet basculer à droite ou à gauche à la suite d’un phénomène quasi imperceptible.
Je crois qu’il en est de même pour la forme chez nos pigeons. Et notre collaborateur le Dr. Stosskopf l’a très bien dit lorsqu’il avançait que, pour se distinguer, il ne suffisait plus que le pigeon soit en bonne santé, mais qu’il fallait encore un « plus » pour qu’il soit performant.



Débutant:
D’accord. Mais ce « plus », si nous le connaissions, il n’y aurait plus de problème. Le connais-tu?

Victor:
Je ne le connais pas… parce qu’il y a beaucoup de « plus »!
Ils sont d’ordre physique et psychique, ce qui complique encore le problème. J’estime que les problèmes d’ordre psychique peuvent pour la plupart être résolus par le colombophile. Celui-ci peut en effet avoir une influence sur la motivation du pigeon. Il peut augmenter sa combativité ou son désir de réintégrer rapidement son colombier. Il suffit de bien connaître ses instincts et de les exploiter au mieux.

Débutant:
Il y a là, je suppose, toute une étude à faire. Cette étude est d’ailleurs à mes yeux, le côté le plus passionnant de la colombophilie. Car le colombophile peut, dans ce domaine, déployer toute sa science de l’observation, et cela pour chaque pigeon en particulier.
J’ai remarqué, en effet, que tout comme chez les humains, le caractère d’un pigeon peut fort différer de l’un à l’autre.

Victor:
Tu viens d’approcher là un thème d’ordre psychique très intéressant. Il faudra qu’on en reparle. Mais contentons-nous aujourd’hui de rechercher quelques « plus » ou absence de « plus » d’ordre physique chez le pigeon. Lorsqu’on recherche ce qui serait à la base de la forme ou de la méforme physique chez le pigeon, on est bien obligé d’admettre qu’il s’agit ici de sa « résistance », de sa vitalité. Tout élément qui peut handicaper celle-ci est déterminant pour sa condition physique et donc pour sa forme.

Débutant:
Il faut donc tâcher d’éliminer ces éléments, si possible, si j’ai bien compris.

Victor:
Tu as très bien compris, puisque tu me dis « si possible »! Parce que ce n’est pas toujours possible d’éliminer tous les éléments. Et prenons d’abord l’élément principal, le colombier, l’habitat du pigeon. Mais voyons un peu si je ne me trompe pas en avançant cette idée. A cela je réponds que la forme du pigeon, puisqu’elle dépend de sa résistance, ne soit pas handicapée par le colombier, il faut que celui-ci ne s’attaque pas aux calories du pigeon et diminue donc ainsi sa résistance. De ce fait il perd une partie de ses réserves qu’il doit dépenser pour lutter contre le refroidissement.

Débutant:
C’est très logique. Et c’est sans doute pour éviter la chute nocturne de la forme que certains colombophiles réchauffent le colombier pendant la nuit.
Le froid « descend », il faut donc éviter que celui-ci n’en ait pas l’occasion, et donc réduire la descente d’air froid au-dessus des pigeons. Une cheminée est plus étroite en haut qu’en bas pour favoriser la remontée d’air. C’est l’expérience qui nous dicte ce principe.

Débutant:
Si je comprends très bien il faut diminuer la surface d’aération au-dessus des pigeons le soir, en refermant par exemple partiellement le plafond par des glissières en triplex.

Victor:
Excellent, mon ami! Mais, si le pigeon perd des calories en luttant contre le froid, il y a un autre élément à éliminer, c’est l’humidité.
Et pourquoi? Parce que celle-ci handicape les organes respiratoires du pigeon. Un jour, le fameux champion de Schoten, Corneel Horemans, me disait que les prestations de ses pigeons dépendaient du temps qu’il avait fait pendant la semaine précédant le jour de l’enlogement. Et il se plaignait alors de l’humidité de l’air au colombier. Celui-ci était entouré d’arbres. Or on sait que les arbres attirent l’humidité. C’est parce qu’il n’y a pas d’arbres au Sahara… qu’il n’y pleut jamais! Le propriétaire, me disait-il, m’interdit de couper ces arbres… sinon je l’aurais déjà fait longtemps. Car je constate que par temps humide les gorges de mes pigeons deviennent plus rouges et que la fente palatine se ferme.



Débutant:
Quelle leçon! Mais cet élément le colombophile ne peut le supprimer?’

Victor:
Les ménagères savent que le linge ne sèche pas dans un lieu fermé, surtout si celui-ci est petit. Il sèche très vite dans le vent. Le colombophile doit y songer. Sans circulation d’air pas de colombier sec… car le pigeon aussi dégage de l’humidité!

Débutant:
Oui… mais qui dit « circulation » d’air dit « courant d’air ». Or tous les colombophiles sont d’accord pour dire que le courant d’air est le pire ennemi du pigeon. Je ne vois donc pas comment solutionner le problème de l’humidité dans un colombier.

Victor:
Et tout d’abord ne crois-tu pas qu’un pigeon, volant à 100 km à l’heure, ne subit pas un courant d’air?
Le pigeon est bien plus armé que nous le croyons contre les courants d’air. Ce qui attaque sa résistance, c’est le refroidissement et l’humidité. Dans une volière complètement ouverte au vent les pigeons se portent à merveille: narines blanches, yeux secs. Contre l’humidité, il y a un moyen infaillible: faire entrer de l’air sec par le plancher du colombier, un air qui circule en remontant… et diminue fortement l’humidité dans le colombier. Je ne vois pas d’autre solution. Et toi?

Débutant:
Si la forme prime la classe nous devons néanmoins admettre que la forme est une fée fragile…

Victor:
Nous poursuivrons le dialogue encore assez longtemps!

Noël De Scheemaecker


Notices:

  1. Le pigeon est, contrairement à ce que nous pensons, bien armé contre les courants d’air. Lorsqu’il se déplace à 80 ou 100 km à l’heure dans l’air, il a à affronter un courant d’air très important qui ne le gène nullement. Cela vaut d’ailleurs pour tous les oiseaux.
  2. Des glissières en triplex dans le plafond du colombier sont le moyen idéal, utilisé d’ailleurs par de très nombreux colombophiles, pour empêcher un refroidissement trop rapide du colombier durant la nuit. Elles permettent aussi de limiter les grandes différences de températures… surtout au mois d’avril et de mai entre le jour et la nuit.
  3. Je crois que le colombophile qui désire mettre ses pigeons en forme, et maintenir celle-ci, se m’eût sur une corde raide.
  4. Le temps peut basculer à droite ou à gauche à la suite d’un phénomène quasi imperceptible. Je crois qu’il en est de même pour la forme chez nos pigeons.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]

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