8 novembre 2022 Par admin

La mue chez les pigeons

Celui qui élève une tournée de jeunes pigeons à la fin de l’été et qui n’est pas satisfait de la qualité des pipants dans les plateaux, doit être inquiet en ce qui concerne la période de mue. Lorsque les pigeons ont à leur disposition des minéraux vitaminés, du grit et un mélange d’élevage adéquat, la croissance des pipants doit se dérouler de manière harmonieuse à cette époque de l’année. Par contre, si quelque chose « cloche » au niveau des éleveurs, qu’ils soient voyageurs ou « producteurs » à temps plein, il est grand temps alors de rechercher la cause de cet élevage raté. Cela est vite effectué avec un examen microscopique des fientes et de la salive, aussi bien des vieux que des jeunes. Cette année pendant la saison des concours, nous avons observé beaucoup de trichomonose et surtout des trichomonas particulièrement résistants.
Mes clients (à qui je rends régulièrement visite) et moi avons constaté que cette longue période de temps chaud et sec était favorable à une persistance des trichomonas dans les fontaines et les abreuvoirs des paniers. Il a fallu traiter plus fort et plus régulièrement. Donc, maintenant, il est uniquement question d’avoir des pigeons au repos et aussi sains que possible avant la période de mue. Ceci permettra de ne pas donner beaucoup de médicaments pendant la période de mue. En effet, de fortes doses de certains médicaments contre la coccidiose et les vers occasionnent des dégâts aux plumes en formation et surtout aux rémiges. Il est donc conseillé de servir autant que possible de l’eau pure aux pigeons qui muent, sauf toutefois les vitamines, une fois par semaine. Il en va de même pour la levure de bière sur les graines. Cette dernière est recommandée et précieuse pour le plumage. Cet ancien système est pratiqué par beaucoup de colombophiles. Ces dix dernières années ont vu l’apparition d’un arsenal pharmaceutique pour les pigeons qui d’un point de vue scientifique se justifie peu, voire pas du tout.
Le Professeur Van Grembergen a écrit un article en 1994, simplement parce que cet état de choses l’exaspérait. Il avait pris pour cible une publicité agressive qui devait faire perdre le nord à l’amateur moyen alors qu’en matière d’alimentation, de récupération et de besoins en acides aminés, pratiquement aucun essai n’a été effectué chez le pigeon. Tout au moins en ce qui concerne la littérature scientifique sérieuse, il n’y a rien à trouver sur le sujet.
Les pigeons sont trop souvent comparés aux sportifs humains ou aux poules. Pourtant la réalité est tout autre, dit l’éminent professeur. C’est ainsi que l’on s’égare et perd tout contact avec la réalité. Avec l’arrivée de toutes ces histoires pseudoscientifiques, c’est un peu comme s’il n’était plus possible d’arriver à quelque chose avec les vieux mélanges traditionnels pour pigeons. Nous ne nous étendrons plus guère sur le sujet et laisserons conclure le professeur de manière courte et précise: il faut mettre à la disposition des pigeons un mélange varié. Ces derniers pourront ainsi composer eux-mêmes leur ration.
« Plein bac » n’est pas seulement la manière la plus simple de nourrir, mais souvent aussi la meilleure. Et ce système est le plus approprié pendant la mue. Les acides aminés et les minéraux constituent les matériaux (utilisés au cours d’un processus physiologique compliqué) pour le follicule plumifère. La fourniture et la qualité jouent donc un rôle capital tout comme la condition du follicule. Des acides aminés soufrés sont nécessaires pour former la kératine de la plume. Il est également important que les graines oléagineuses fassent partie de la ration; aussi bien pour la fourniture de ces acides aminés spécifiques que d’acides gras insaturés. Ces acides gras insaturés sont essentiels dans la biochimie de la peau, des plumes, des cheveux. Donc plus riche est le mélange, meilleure sera la condition pour passer le cap de la mue. Donnons de l’eau claire aux pigeons pendant cette période. Ils vous en remercieront, d’autant plus qu’ils n’ont pas souvent l’occasion d’en boire.

Dr. L. Mathijs

Notices:

« Plein bac » n’est pas seulement une manière simple de nourrir mais le plus souvent le meilleur système, surtout pendant la mue. Il est également important qu’une certaine diversité de graines apportées par le mélange soit mise à la disposition des pigeons.
Lorsque les jeunes tardifs ont une mauvaise croissance, cela témoigne d’un état de santé déficient des pigeons éleveurs et constitue donc un signal d’alarme avant la mue.

[ Source: Article édité par Dr. L. Mathijs – Revue PIGEON RIT ]