La mue des grandes rémiges – pigeon voyageur
On appelle souvent les 4 dernières plumes de l’aile de pigeons les « plumes de combat ». C’est une expression imagée, mais exacte. Il est certain que ce sont elles qui effectuent le plus gros travail dans le vol et il n’est qu’à voir leur déformation au retour d’un concours de fond pour comprendre l’extraordinaire résistance mécanique qu’il leur faut pour assurer un travail optimum.
C’est dans cet esprit que les tenants de la théorie alaire attachent une importance primordiale à leurs formes et malgré des exceptions célèbres. la pratique semble leur donner raison sur ce point. Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, chaque amateur, quelle que soit son opinion, cherche, par tous les moyens, à assurer au plumage de ses pigeons et en particulier aux rémiges la qualité la meilleure. Si la mue des pigeonneaux de printemps est pratiquement terminée fin octobre (et même avant bien souvent et selon qu’ils ont été joués ou non, plus ou moins, célibataires ou accouplés, qu’ils ont élevé ou non), celle des vieux ne finira qu’au début décembre. Les deux derniers mois ont donc une importance primordiale en ce qui concerne la qualité de ces grandes rémiges. Les plumes se forment dans un follicule dont l’anatomie est assez mal connue, et dont l’organe essentiel est une glande qui puise dans le sang qui l’irrigue les différents constituants de la plume et les transforme en… plume.
C’est une synthèse fort complexe évidemment et on peut dire que la formation de la meilleure plume est sous la dépendance de:
– la présence dans le sang de tous les constituants nécessaires en quantité suffisante.
– la bonne irrigation de la glande, donc l’absence de lésions quelconques dans la région.
La plume se compose chimiquement de kératines, protéines très riches en soufre organique (environ 5%) et de minéraux (silicium – fluor – zinc -cuivre – calcium). La glande devra donc trouver tout cela en abondance dans le sang qui l’irrigue. Cela pose le problème de la qualité de la ration à cette époque de la mue et aussi -comme toujours – le problème de l’assimilation parfaite de cette ration équilibrée apte à apporter tout le nécessaire à la plume en formation.
Cette bonne assimilation dépend en premier lieu du bon état de l’intestin qui « filtre » les principes alimentaires issus de la digestion de la ration (acides aminés – graisses – minéraux – vitamines) et du bon état du foie qui en assure les premières transformations.
Les pigeons ayant souffert d’une affection intestinale parasitaire ou microbienne. d’une affection hépatique d’origine toxique (empoisonnement), parasitaire, microbienne ou virale sont donc automatiquement handicapés dans leur mue: il convient donc d’agir en conséquence le plus tôt possible. La qualité de la ration est primordiale puisque le pigeon doit y trouver tous les constituants nécessaires (acides aminés divers pour la synthèse des kératines, des pigments (couleur) – minéraux – vitamines intervenant dans les processus de synthèse).
La ration classique contient en suffisance tous les acides aminés nécessaires à la formation convenable des kératines sauf les acides aminés soufrés (cystine – méthionine).
En effet les légumineuses (féveroles – pois – vesces) apportent l’arginine en quantité beaucoup plus importante que les céréales. Mais pour la cystine et la méthionine on peut dire que les besoins ne sont couverts qu’au détriment de l’utilisation rationnelle du mélange de grains sur le plan musculaire, génital, etc. C’est une des raisons pour lesquelles toute reproduction s’arrête pendant la grande mue. L’adjonction de graines comme le tournesol, le cardy, qui sont les plus riches en méthionine est donc très souhaitable mais les besoins ne sont toujours pas complètement couverts. C’est pourquoi les suppléments vitaminés enrichis en méthionine ou en méthionine + cystine sont indispensables au plein développement du plumage et des grandes rémiges en particulier.
Un certain nombre de vitamines participent en effet à la formation du plumage (vitamines A-D3-K-B6-PP) et sa coloration (vitamine Bc ou acide folique). En ce qui concerne les minéraux, les pigeons doivent avoir à leur disposition un bon grit mais aussi un composé minéral riche en oligo éléments indispensables à la « construction » de la plume (zinc – cuivre – fluor). Signalons à ce propos que l’apport de fleur de soufre, totalement inassimilable par l’organisme, dans la ration ne présente strictement aucun intérêt.
L’état physique et physiologique de l’aile, et en particulier de la région de la main (métacarpe) où naissent et croissent les grandes rémiges doit être parfait. En effet toute anomalie anatomique ou physiologique (en particulier la circulation sanguine dans cette région) provoque une anomalie dans la croissance donc la forme et la qualité de la plume. Tout le monde connaît la « marque » que laisse sur la rémige en croissance un concours pénible qui ne dure pourtant que quelques heures, ou tout au plus quelques jours de fatigue et de sous-alimentation si le pigeon a quelque peu découché. Des marques différentes (bout « échevelé » – plume plus courte, moins colorée, etc.) apparaissent sur la plume en croissance au moment où le pigeon a été malade et cela quelle que soit la maladie. Ces anomalies sont la conséquence directe de bouleversements dans la composition sanguine: diminution du taux des principes nutritifs dans le sang, augmentation du taux d’acide lactique, de gaz carbonique, diminution de l’oxygène, des globules rouges, etc.
Un accident local y ajoute la possibilité d’anomalies tenant à la déformation de la « matrice » de la plume et à une modification de son irrigation sanguine. Ainsi s’expliquent les « pennes de sang » apparaissant dans la région de la main (donc les grandes rémiges) lorsqu’elle est inflammée par de petites arthrites dues à la paratyphose. Il s’agit de lésions souvent discrètes et il faut être bien exercé pour déceler un léger épaississement des petites articulations du bout de l’aile. Lorsqu’un pigeon a une penne de sang, il faut faire cette petite enquête, même si on décide de le supprimer: c’est une maladie très contagieuse. S’il y en a plusieurs, cela devient presque une certitude. Bien sûr, il peut s’agir d’un choc, mais c’est plus rare qu’on ne le pense et de toute façon, l’enquête s’impose.
Doct. Vét. J.P.Stosskopf
Notices :
- L’amateur doit attacher une attention toute particulière à la mue des grandes rémiges. Celles-ci effectuent le plus dur travail dans le vol d’un pigeon et sont mises à très dure épreuve lorsque le pigeon doit voler longtemps.
Une déformation au retour d’un concours de fond en est par ex. la meilleure preuve. - Une plume se compose chimiquement de kératine (= protéines très riches en soufre organique) et de minéraux. La glande devra trouver toujours tout cela en abondance dans le sang qui l’irrige pour la formation parfaite d’une nouvelle plume.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
La mue du duvet chez les pigeons