La mue – pigeon voyageur
12 avril 2020 Par admin

La mue – pigeon voyageur

La mue – pigeon voyageur

Rythme de la mue.
La mue est un phénomène physiologique normal chez le pigeon en bonne santé.
Le pigeon mue insensiblement toute l’année.
Mais l’amateur colombophile est surtout préoccupé par la réussite de la « grande mue » de la fin de l’été car il s’agit du remplacement complet de la livrée de l’oiseau.
Le pigeon adulte mue suivant un rythme bien établi.
Il commence par muer la première rémige et lorsque celle-ci est bien avancée dans sa croissance, la deuxième rémige sera muée et ainsi de suite…
A partir de la troisième rémige primaire, les plumes tectrices vont progressivement tomber.
Lorsque la cinquième rémige primaire sera muée, la « grande mue » va se déclencher.
Il n’y a pas de date bien fixe pour la mue de la première rémige, car celle-ci est influencée par certains facteurs comme l’élevage qui met en branle toute une série de mécanismes hormonaux.
C’est ainsi que chez le pigeon non accouplé la mue des rémiges primaires se déclenche plus tardivement. Les joueurs dé fond intéressés par ces pigeons qui muent lentement retiennent souvent ce critère dans leur sélection et obtiennent ainsi certaines souches de pigeons muant moins vite.
Les conditions d’environnement (lumière, nourriture, température…ont également une influence sur la mue.
Quoi qu’il en soit, la grande mue » a toujours un côté remarquable: le pigeon va laisser tomber en quantité ses plumes de couverture et bientôt des zones cutanées au niveau du cou, de la tête et des ailes vont se déplumer et laisser apparaître les gaines épidermiques (« picots ») des nouvelles plumes en formation. C’est également à la chute de la sixième rémige primaire que le renouvellement, souvent partiel, de l’arrière-aile va commencer.
Généralement la première rémige secondaire située au centre de l’aile sera la première à muer.
Les colombophiles accordent souvent une importance exagérée à la mue de l’arrière-aile qui serait, selon leurs dires, garante des succès futurs.
Les nombreux bons pigeons que j’ai eus en mains m’ont permis de constater d’une part, la fantaisie de ces dires et d’autre part, que la mue de l’arrière-aile est souvent fort irrégulière.
Les rectrices (plumes de la queue) commenceront à muer lors de la chute de la septième rémige primaire. Les douze rectrices vont successivement muer deux par deux. Normalement les rectrices situées au centre tombent et la mue progresse ensuite de proche en proche vers l’extérieur avec une petite exception puisque l’avant dernière paire-mue généralement en dernier lieu.
Les choses se passent de la sorte chez les sujets en bonne santé et bien nourris, c’est-à-dire recevant une ration alimentaire adaptée et de qualité. Il faut cependant être attentif car la mue a lieu après l’époque des concours et les pigeons ont souvent été soumis à un régime intensif de voyages e parfois ils ont fortement puisé dans Leurs réserves.

 

Composition de la plume.
La kératine est un des composants majeurs de la plume. C’est une protéine qui se caractérise par sa grande résistance. La plume est . fortement minéralisée: elle contient de 3 à 5% de souffre et de nombreux minéraux (fluor, zinc, cuivre, calcium, silice…).
La nouvelle plume sera de couleur plus vive et plus soyeuse et luisante que l’ancienne.
Les plumes « marquent » également les périodes de souffrance du pigeon.
Diverses maladies ou parasitoses (vers, coccidioses, trichomonose), jeûne prolongé, voyage fatigant, emploi abusif de médicaments ont un retentissement néfaste sur la qualité de la plume. Mais ces tares (rainures, stries…) ‘disparaissent à l’occasion de la mue suivante si la cause qui les a provoquées a elle-même disparu. En cas de mauvaise mue il faut donc rechercher les causes et y remédier le plus vite possible.
Il en va de même pour les « plumes de sang » qui sont de jeunes plumes congestionnées qui n’arrivent pas à se libérer du fourreau épidermique. Isolées, elles peuvent être considérées comme un « accident », mais si de nombreux pigeons de la colonie en présentent. il faudra suspecter un mauvais équilibre de la ration alimentaire ou une infection microbienne ou parasitaire (cutanée ou intestinale).

Les facteurs qui influencent la mue.
Un changement ou une carence alimentaire interrompront le déroulement de la mue car la demande énergétique et protéique du pigeon est beaucoup plus importante pendant la mue.
C’est ainsi que la quantité de protéines de la ration peut être un facteur limitant de la mue, La valeur énergétique de la ration doit également être élevée pour assurer la formation des plumes, d’autant plus que la diminution de la température extérieure (fin de l’été, début de l’automne) augmente la demande en chaleur pour le maintien de la température corporelle, En considérant que ta quantité de plumage est réduite et que par conséquent l’isolation thermique l’est également, le colombophile doit être attentif à la froideur de la nuit et refermer les châssis , pour donner un maximum de . confort aux pigeons.
L’amateur doit être vigilant et trouver un compromis entre aération et confort thermique.
En période de mue, l’aliment doit non seulement apporter les acides aminés nécessaires au renouvellement des plumés mais aussi des minéraux dont du soufre. C’est pourquoi l’administration régulière de levure de bière sur les graines est recommandée. La levure de bière ‘est riche en protéines (52%), en matières minérales (9,8%) . et en vitamines, surtout en r vitamines du groupe B.
Elle apporte aussi les acides aminés soufrés, méthionine et cystine. Afin d’éviter toute carence, un complexe vitaminique comprenant des oligo-éléments peut être servi deux fois par semaine dans l’eau de boisson.
De même il faut s’assurer du bon fonctionnement des organes internes, des reins et surtout du foie, (éviter toute surcharge graisseuse) car les rations de ‘ mue (hautement énergétiques) comportent souvent une plus grande quantité de graines oléagineuses (comme par exemple le tournesol) et donc de lipides.
Tous les colombophiles savent qu’il existe une relation étroite entre la mue et l’élevage;
cependant l’action des sécrétions hormonales sur la mue est difficile à préciser… De même d’ailleurs que le mécanisme d’inhibition de la mue par la cortisone. ‘ Il existe de nombreuses données parfois contradictoires dans la littérature au sujet de l’action des hormones sexuelles. Mais il ne faut pas confondre le renouvellement dans l’élevage avec la « grande mue ». De l’expérience acquise dans l’élevage du pigeon de chair (voilà bientôt dix ans que je contrôle près de 350 couples), j’ai constaté que lors de la grande mue, il se produit toujours une régression de l’activité sexuelle des deux partenaires. Il s’agit là d’un mécanisme d’épargne de l’énergie. La prolactine, une hormone sécrétée par le lobe antérieur de l’hypophyse (une petite glande située à la base du cerveau) du pigeon, stimule l’activité du jabot et la formation du « lait » et est le principal facteur inhibiteur de la mue.
Cette dernière action permet donc de dissocier deux phénomènes nécessitant un apport important d’énergie: la mue et le gavage des jeunes. Pour en être persuadé il ne faut pas seulement penser à nos pigeons voyageurs bien nourris à l’endroit où se produit l’élevage, mais surtout à leur ancêtre, le pigeon biset, obligé d’aller quérir la nourriture des jeunes dans la campagne et donc de parcourir plusieurs kilomètres…Par contre, les hormones thyroïdiennes et en particulier la thyroxine, ont une action directe sur la croissance du follicule et laisse penser que le déroulement de la mue est également lié à une certaine activité de la glande thyroïde.
Un traitement par la thyroxine provoque immédiatement la mue chez le pigeon.
Cependant, l’activité de la thyroïde s’autorégule et est réprimée également lorsque les stéroïdes sont produits par les gonades.
Certains colombophiles utilisent l’iode (Lugol, ou divers élixirs) comme moyen de mise en forme des pigeons.
Les dérivés d’iode ont en général une action sur le métabolisme de type thyroxinique, donc une augmentation du métabolisme et. une stimulation des organes sexuels, ce qui peut expliquer les résultats obtenus surtout dans les concours de vitesse.
Par contre, l’administration de 2-amino-5-nitrothiazol, une des premières substances ‘utilisées pour traiter la trichomonose, avait une action antithyroïdienne et provoquait donc une baisse de forme. Dans nos régions tempérées, les changements de saison règlent le cycle annuel des pigeons et la lumière joue un rôle important. En effet, la lumière excite le système hypothalamus hypophyse via l’œil.

 

L’hypothalamus étant un centre régulateur, contrôlant entre autres le système nerveux, la production des hormones par l’hypophyse. Ce système hypothalamo-hypophysaire influence donc le fonctionnement de la thyroïde et des gonades.
L’action de la lumière sur la mue est très complexe. Toutes ces glandes endocrines secrètent différentes hormones qui sont en quelque sorte des « messages » chimiques qui contrôlent diverses fonctions de l’organisme ou qui stimulent ou inhibent la production d’hormones par d’autres glandes. Le système endocrinien est ainsi autorégulé par des facteurs stimulants, des facteurs inhibiteurs ou des hormones antagonistes (hormones ayant des effets opposés).
La lumière est donc un facteur intéressant à contrôler par le colombophile.
Ainsi en période de mue. cette dernière s’accélère si on diminue expérimentalement la période d’éclairement.
Par contre, la mue sera retardée pour les pigeonneaux précoces qui seront maintenus artificiellement dans un système nuit longue (18 à 20 heures d’obscurité) et jour court (6 à 4 heures de lumière):
C’est un système fastidieux qui demande du temps et de l’énergie. Les pigeonniers ne doivent pas être surpeuplés car le fait d’empêcher la lumière d’entrer réduit considérablement la possibilité d’aération.
Toutefois les avantages sont nombreux: non seulement la mue sera plus tardive, ce qui permet d’éviter l’utilisation de cortisone.
De plus, j’ai pu constater que des pigeonneaux qui avaient été . soumis à ce système possédaient un développement physique supérieur aux pigeonneaux du même âge élevés selon une méthode classique. Or on sait que chez l’homme, l’hormone de croissance est surtout sécrétée pendant le sommeil, peut-être faut-il trouver là « explication de cette maturité plus avancée. Au contraire, éclairer continuellement accélérera la mue des pigeonneaux qui pourront alors être engagés dans les concours de fin de saison déjà replumé.
La mue est donc un phénomène physiologique naturel qui requiert une bonne santé de la part des pigeons. Le colombophile doit être attentif: il faut savoir que certains médicaments ne peuvent pas être donnés pendant la mue, que la ration alimentaire doit être équilibrée et doit apporter tous les éléments nécessaires à la formation des plumes. La mue n’est donc pas une époque de repos pour les colombophiles qui doivent prodiguer le plus grand soin à leur colonie.

[ Source: Article édité par Ing. J.P.Duchatel – Revue PIGEON RIT ]

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