L’orientation visuelle, par repérage topographique (paysages) semble reposer sur la vue panoramique depuis le haut du ciel, sur un territoire étendu plutôt que sur le repérage de particularités du paysage (maisons, villages, forêts, arbres etc.) que les pigeons auraient enregistrées individuellement.
Dans « Pigeon Rit » j’ai consacré trois articles à l’orientation des oiseaux et à l’actualité des théories divulguées à ce sujet. J’en étais arrivé à conclure que la théorie de l’olfaction (basée sur l’odorat) dominait (Wallraff ).
Cette constatation a suscité une réelle surprise, car jusque-là tout le monde s’accordait à considérer l’odorat comme très peu développé chez les oiseaux en général. On revient donc à prétendre que les pigeons peuvent rentrer à la maison en s’inspirant des gaz de l’atmosphère (même en quantités minimes) qu’ils perçoivent par leur odorat. Des pigeons, dont on a tranché le nerf olfactif, libérés dans une région inconnue et très éloignée, franchiront bien des grandes distances, mais ils ne parviendront pas à rentrer à la maison.
Les époux Willtsko qui « bataillent » pour la théorie du magnétisme ont critiqué Wallraff. Mais le professeur poursuit posément ses expériences et ses remarques (nouvelle publication ). C’est ainsi qu’il a démontré par les martinets et les étourneaux que la navigation olfactive est également d’application chez les oiseaux sauvages. Il suggère également que ces méthodes (intégrées) s’appliquent dans l’orientation en cas de migration sur de longues distances.
Wallraff a été soutenu par un groupe de chercheurs de Pise (Italie). Ils avaient emporté des jeunes pigeons voyageurs d’Italie vers un colombier sur la côte atlantique du Maroc.
L’endroit est très spécial en ce sens qu’il y souffle continuellement un vent de NordEst et ce du début du printemps à la fin de l’été. S’étendre sur ce détail ne nous apporterait rien.
Je vous dirai seulement que les résultats des expériences cadrent avec ce qu’en attendait le défenseur de la théorie de la navigation par olfaction.
Wallraff s’est aussi demandé si des oiseaux volant au-dessus de l’océan se laissaient également guider par leur odorat, sensible aux gaz atmosphériques en qualité très réduites et s’ils naviguaient donc de manière olfactive. A peine la question posée, la réponse lui fut fournie suite à une enquête menée sur des pétrels par les Français F. Bonadonna et V. Bretagnolle . Ceux- ci estiment qu’il existe deux groupes de pétrels sur les petites îles de l’océan et que nombre d’entre eux doivent franchir d’énormes distances au-dessus de l’eau pour aller chercher leur nourriture. Au premier groupe appartiennent ceux qui peuvent rejoindre leur nid (dans les cavités des petites îles) dans l’obscurité.
Leur sens olfactif est très développé. On a remarqué qu’ils pouvaient rentrer à la maison sur des distances d’environ 800 kilomètres, dans l’obscurité totale et avec une précision étonnante.
Constatations qui plaident pour la navigation olfactive. L’élimination des gaz inhalés par des filtres de charbon de bois avant l’envol, accompagnée de l’anesthésie des nerfs olfactifs (rendus insensibles) contrarie la bonne orientation à l’envol. Si on s’en tient à l’euthanasie du nez sans s’attaquer à l’air inhalé, l’envol se déroule normalement. Le deuxième groupe de pétrels est doté d’un sens olfactif beaucoup moins développé. Il vit également sur les petites îles de l’océan, mais niche en surface. Ces pétrels ne sont pas capables de repérer leur nid dans l’obscurité, mais bien par temps clair, grâce à leur vue.
Localisation du terrain – Repérage de paysages.
Parlant des enquêtes sur la navigation du pigeon voyageur il faut mettre en évidence le rôle de l’exploration locale. Le sujet a été maintes fois controversé dans les années écoulées: la réaction des scientifiques était soit positive, soit négative et ils changeaient assez souvent d’avis.
Personnellement, je ne pouvais admettre le point de vue de Wallraff.
Qui a dressé ses pigeonneaux et a pu les suivre quelque peu, ou qui de son côté a pu suivre la fin de parcours et l’arrivée d’un pigeon de tête en sait d’avantage.
Le pigeon approchant de son colombier survole de plus en plus de régions connues; il repérera aussi de plus en plus d’endroits connus dans le paysage; cela participera efficacement au repérage de son colombier. Une fois arrivé en territoire vraiment familier, le pigeon accentuera sa cadence de vol (scientifiquement établi à 12 % d’augmentation de la vitesse par Chappel et Guilford en 1995). Découverte scientifique que nos colombophiles connaissent depuis longtemps.
Ils savent aussi que si des pigeons (par exemple des pigeonneaux au dressage) peuvent observer le paysage en un lieu familier, ne fut-ce que pendant cinq minutes avant l’envol (en levant le dessus du panier pour permettre un plus large contact avec le monde extérieur, par la vue et tout autant par l’odorat) ils rentreront plus rapidement à la maison.
Le prof Wallraff avoue avoir été incrédule jadis au sujet du rôle du repérage du paysage. Il s’est rangé de l’autre côté de la barrière depuis. Wallraff présente la juste définition du problème et l’exprime comme suit: « L’orientation visuelle par repérages topographiques (paysages), semble reposer sur la vue panoramique du haut du ciel, par delà un domaine étendu, plutôt que sur le repérage de caractéristiques de paysages à petite échelle (maisons, villages, rivières, forêts, arbres etc.) ».
Il évoque à peine la reconnaissance des paysages.
C’est compréhensible: il n’y a jamais attaché une grande importance et il n’y a même pas cru tout un temps. Je me réjouis bien sûr du revirement de Wallraff. J’ai déjà publié mon point de vue, dans mon livre (publié en 1972 avec G. Smedts) intitulé « Duif en Wetenschap » (Le Pigeon et la Science). Point de vue basé sur une longue expérience pratique, rejoint par celui d’un scientifique réputé et qui repose sur des enquêtes scientifiques sur la navigation du pigeon voyageur.
[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van GREMBERGEN – Revue PIGEON RIT ]
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La navigation magnétique du pigeon
La navigation (Orientation) du Pigeon Voyageur {1}