L’orientation visuelle de pigeon au moyen de données topographiques (paysages) semble reposer sur la vue panoramique, du haut du ciel, par delà une région étendue, plutôt que sur l’expérience individuelle de petits détails du paysage (maisons, villages, rivières, bois, routes, etc.) acquise à l’occasion des entraînements.
Désastres.
Je veux révéler quelques observations personnelles pour poursuivre.
1. A mon avis les amateurs qualifient trop vite de désastreux un concours au déroulement très difficile et lent. Il suffit qu’un chroniqueur écrit le mot (désastre) pour que les perdants (et ils sont toujours nombreux) emboîtent le pas parce qu’il leur permet de justifier leurs déboires.
2. Ayant pratiqué activement le sport colombophile de 1955 à 1975 et m’en tenant principalement aux étapes de fond je n’ai pourtant vécu qu’un seul concours méritant le qualificatif « désastreux » en l’espace de vingt ans.
J’en ai toujours gardé quelques données comme pièces à conviction.
Il s’agit du concours sur Angoulême (650 km pour Gand) du 6 septembre 1959 avec 5.453 pigeons au départ. Il se mua en un désastre sans précédent, au point que de nombreux prix durent être attribués par tirage au sort. Un seul pigeon pour tout le pays put atteindre au but le premier (ou deuxième) jour de vol.
Mon premier pigeon (premier marqué heureusement) se présenta le mercredi et se classa premier au régional. Le concours fut clôturé après quatre semaines alors qu’il n’était pas rentré neuf cents pigeons au total.
Personnellement je pus me classer (de 24 engagés) 41 e, 390e, 452e, 793e et 896e, soit un des derniers, arrivé le dimanche après-midi quatre semaines après l’envol.
Nous devions apprendre rapidement comment cela s’était passé. Le convoyeur en chef responsable (membre du Comité directeur de la R.F.C.B. à l’époque) avait ordonné le lâcher « par temps sombre » disait-on.
Mais nous allions découvrir ensuite – et j’ai pu lire l’information dans le quotidien « Le Journal d’Angoulême » que l’envol avait eu lieu « sous un ciel complètement bouché ».
Cela n’avait donc rien du ciel sombre annoncé officiellement. En complément d’information fut révélé par la suite que le responsable avait agi de la sorte parce qu’il avait un rendez-vous à Angoulême.
Exploration locale identification paysage.
Il faut que je vous parle encore de la théorie de l’orientation du pigeon voyageur par la vue et plus spécialement du rôle et de l’importance de l’exploration locale. Le sujet a suscité bien des controverses au fil des années.
Les scientifiques se disaient alternativement d’accord (positifs) ou non (négatifs). On changeait assez bien le fusil d’épaule.
Je comprenais malles avis négatifs (P.R. 8/94). Quelqu’un qui a pu suivre quelque peu le vol de ses pigeonneaux au dressage et qui a eu la chance de pouvoir accompagner l’un ou l’autre d’entre eux sur une certaine distance en sait bien davantage.
Le pigeon qui s’approche de son colombier et survole ainsi de plus en plus de sites connus, repérera de plus en plus d’endroits . familiers et cela favorisera sérieusement la localisation de son colombier. Sa vitesse de vol augmentera sensiblement dès qu’il abordera une région connue (accélération de 12%, scientifiquement établi par Chappel et Guilford – 1995). Je puis dire que nos amateurs connaissaient depuis longtemps cette accélération; comme il savent, tout aussi longtemps que des pigeons (par exemple des pigeonneaux au dressage) rejoindront plus rapidement leur colombier s’ils peuvent reconnaître le paysage d’une région connue, ne fut-ce que durant cinq minutes, en levant par exemple le couvercle du panier afin de leur accorder plus de contact avec l’extérieur, par la vue et probablement par l’odorat également.
Le professeur Wallraff avoue qu’il jugeait jadis négatif le rôle de la connaissance des lieux. Il s’est rangé du côté positif depuis.
«L’orientation visuelle au moyen de données topographiques (paysages) semble reposer sur la vue panoramique, du haut du ciel, par delà une région étendue, plutôt que sur l’expérience individuelle de petits détails du paysage (maisons, villages, rivières, bois, routes, etc.) acquise à l’occasion des entraînements.
Risques.
Je traiterai uniquement pour suivre du risque de perdre des pigeons à l’occasion des concours ou des entraînements.
On a constaté que les risques augmentent au prorata des distances. C’est une des causes qui engendrent la crainte des amateurs pour s’engager dans les étapes de fond. Je veux tenter de prouver que cette crainte ne se justifie pas en racontant comment j’ai fait le grand pas personnellement.
Lorsque j’avais décidé de m’engager sérieusement dans le sport colombophile aux côtés de Jules De Raedt, je m’étais fixé pour but de créer une petite souche en vue de la participation aux étapes de fond.
Les dimensions du colombier étant plus que réduites (place pour 20 à 25 veufs au plus) – j’ai pu heureusement monter un colombier d’élevage sous le toit de ma maison d’habitation – je me proposai de m’intéresser particulièrement aux pigeonneaux. Je ne pouvais attendre deux ans pour entamer l’éducation de sujets adultes.
Il fallait aussi, vu les circonstances, sélectionner les pigeonneaux de bonne heure.
Il fallait donc qu’ils montrent des qualités réelles dès l’année de leur naissance: endurance, volonté, récupération rapide et bon sens d’orientation.
Mes pigeonneaux n’auraient donc pas la vie facile. Ils devraient surmonter certains handicaps.
Je n’élèverais que des pigeons de printemps pour mon usage (nés au mois de mars de parents accouplés au début de février.) Ils étaient de ce fait deux mois plus jeunes que la grande majorité de leurs concurrents.
Je m’en tenais à un traitement strictement naturel: aucun produit spécial, aucune intervention pour influencer le déroulement de la mue. Ils devaient participer aux concours alors qu’ils étaient déjà en mue. Rien de spécial non plus pour les motiver. Je leur réservais simplement une vie sans stress et sans soucis. Pour le reste leur était imposé un schéma de vie classique: volées journalières, étapes d’entraînement, participation à des concours à grands effectifs des provinciaux ou nationaux – pour toute la troupe sans exception. Je ne visais pas spécialement de remporter de nombreux prix, mais bien de les former et d’affiner leur sens de l’orientation. Je vous cite, pour information le bilan de ma colonie pour la saison de 1961 (après six années d’activité).
J’avais élevé 65 jeunes (un maximum parce que je m’en tenais régulièrement à une cinquantaine) qui furent logés dans le petit colombier de 1,5 m x 3 m et 2 m de haut; trois fois trop réduit selon la théorie de l’hébergement. Je pouvais assurer une ventilation active, sans courant d’air, de jour comme de nuit.
Après 2x Breteuil, 2x Dourdan et 1 x Orléans, cinquante pigeonneaux partirent pour Bourges. Il en restait sept à la maison, dont deux sérieusement blessés. Je ne dus regretter aucune perte et 34 se classèrent au national ce qui me valut de remporter le Prix du Ministre de la Défense nationale. Ils furent encore 40 à participer à Angoulême national. Malgré des conditions de navigation extrêmement pénibles 24 se classèrent au national et cinq (parmi lesquels 4 derniers passés) ne rentrèrent plus. Les résultats furent égaux les saisons suivantes. Je crois pouvoir conclure que mes pertes ne dépassaient celles d’un joueur de vitesse après quelques dressages.
[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van. Grembergen – Revue PIGEON RIT ]
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La navigation (Orientation) du Pigeon Voyageur {3}
La navigation magnétique du pigeon