La Navigation Orientation Du Pigeon Voyageur 1
14 avril 2020 Par admin

La navigation (Orientation) du Pigeon Voyageur {1}

La Navigation Orientation Du Pigeon Voyageur 1

Selon un article paru dans un magazine flamand les avions supersoniques entraveraient l’orientation du pigeon voyageur. En cause les ondes sonores supersoniques qui gêneraient les pigeons dans la réception des infra-sons et les désorienteraient complètement. De cette manière un Concorde aurait provoqué le déroulement désastreux d’un national anglais avec 60.000 pigeons au départ de Nantes le 29 juin 1997. Une enquête scientifique menée en 2000 a taillée en pièces cette information qui se voulait sensationnelle.

Chocs terrestres.

Le fidèle lecteur de « Pigeon Rit » aura remarqué que je présente de temps à autres un aperçu scientifique sur les informations au sujet de la navigation du pigeon voyageur. J’insiste sur le mot scientifique pour faire la distinction avec les nombreux bobards qui n’apportent rien à cette étude. L’année dernière a paru le récit des énormes pertes de pigeons en Allemagne (les 12 et 13 mai 2001), présenté en certains milieux comme conséquence directe d’un léger choc terrestre au sud de Leipzig, le jeudi 7 mai (soit cinq jours avant les concours).
Le raisonnement va jusqu’à prétendre que, même très légères les secousses terrestres peuvent provoquer une perturbation du magnétisme terrestre et par corollaire une perturbation du sens d’orientation des pigeons, vu que les pigeons s’appuieraient principalement sur le champ magnétique pour s’orienter! Je ne m’attarderai pas davantage sur cet exemple frappant de la manière de propager des ragots. Toutes les autres perturbations, tels par exemple la pluie, la grêle, le brouillard etc. sont tout bonnement ignorés, sans la moindre explication.

 

Le Concorde.

Un autre commentaire traite du Concorde, l’avion supersonique français (qui vole plus vite que le son). Un quotidien flamand avait fait paraître un article accusant les avions supersoniques d’avoir provoqué de nombreuses pertes de pigeons en perturbant le magnétisme terrestre par lequel ceux ci s’orientent. Les ondes soniques étant aussi des ondes de chocs j’ai réagi prudemment lorsque la rédaction de « Pigeon Rit » m’a demandé d’exprimer mon avis à ce sujet. Je préférais attendre que paraisse l’un ou l’autre rapport scientifique à ce sujet. Il en est paru un dans le prestigieux « The Journal of Experimental Biology 2000 ». Il est écrit par un certain J. Hagstrum attaché au service géologique aux U.SA L’auteur commence son article par une description du mécanisme de l’orientation du pigeon voyageur. Lisons ensemble ce qu’il raconte. Kramer (1953) a été le premier à suggérer que les oiseaux doivent disposer d’une carte et d’un compas pour pouvoir survoler de grandes distances. Il prouvait d’autre part que le soleil fait office de compas la journée. De son côté W.T. Keeton (1971) concluait, après avoir chargé des pigeons de magnétite, qu’en l’absence d’un soleil lumineux ils passaient à l’orientation magnétique. Dommage, mais je dois opposer un autre son de cloche à l’auteur. Il émane de B. R. Moore (1988) proche collaborateur de W.T. Keeton, le créateur de la théorie du magnétisme (qui était décédé subitement en 1980). Moore dut constater que plusieurs autres chercheurs n’avaient pu conclure à la confirmation de la théorie du magnétisme et que Keeton même n’avait répété aucune de ces expériences de 1971 par la suite. Moore a pu vérifier cela à la lecture des documents de Keeton. La théorie du magnétisme s’en trouva anéantie. A mes yeux, Hagstrum a commis une grossière erreur en signalant pas l’existence d’une publication si importante. Il s’ajoute une deuxième erreur en ce sens que Hagstrum persiste à prétendre que la vue n’est plus admise comme compas pour l’orientation. Déjà avancée par Schmidt-Konig et Schlichte (1972) cette prise de position prétendait que si on recouvre les yeux des pigeons de verres de contacts mats ils engagent toujours un bon début d’orientation malgré la forte difficulté qu’ils éprouvent pour voir. Dommage encore pour Hagstrum que le duo Streng et Wallraff (1992) dut relever au cours de ses expériences sur le sujet que demeuraient bien des imprécisions. Pour s’en convaincre ils se mirent à travailler sur des pigeons privés provisoirement de la vue par des lunettes en papier spécial (une sorte de carbone). Il apparut que ces lunettes de papier aveuglaient nettement plus fort que les verres de contact employés par Schmidt-Konig et Schlichte. Les pigeons de Streng et Wallraff étaient mieux privés de la lumière du jour et leur comportement était tout autre aussi. Ils demeuraient complètement inactifs et refusaient de prendre l’air lorsqu’on les libérait. Il fallait les jeter en l’air et encore, la majorité ne volait pas plus que 200 mètres. L’orientation par la vue était donc remise à l’honneur à mon sens suite à cette série d’expériences et il ne reste rien de la théorie visant à affirmer que les pigeons peuvent se débrouiller sans voir pour s’orienter. J’ajouterai que les pigeons ne doivent pas nécessairement voir le soleil. Cela fonctionne lorsqu’il est caché par des nuages, à condition que l’on puisse repérer des petits coins de ciel clair. Je puis ajouter pour appuyer cette affirmation que nos amateurs qui ont un tant soit peu d’expérience savent qu’on ne peut pas plus mal faire qu’en lançant des pigeons sous de grosses averses de pluie ou de grêle ‘et surtout dans la brume ou le brouillard. Après la négation de deux publications importantes Hagstrum veut absolument trouver une déclaration au vu de quelques concours de pigeons mystérieusement désastreux et plus spécialement celui qui aurait subi l’action du Concorde: un national anglais au départ de Nantes (F) à quelques 300 kilomètres de la Manche. Plus de 60.000 pigeons furent libérés à 6h.30 et quelques-uns seulement (on ne dit pas combien) étaient arrivés le dimanche (aucun détail utile à ce sujet). Ne trouvant pas d’issue l’auteur formule l’hypothèse que l’on pourrait appeler la théorie de l’acoustique dans l’orientation du pigeon. Lors du retour au colombier les pigeons adopteraient un tout autre mécanisme qui repose sur les infra-sons (de basse fréquence), des sons que nous ne pouvons capter mais que les pigeons perçoivent bien. Ces vibrations soniques (qui n’ont rien de commun avec l’électricité ou le magnétisme) peuvent porter très loin. Dans ce cas ce serait le Concorde qui gênerait la réception des infra-sons, dérouterait complètement les pigeons, occasionnerait de grands retards dans le déroulement du concours et provoquerait d’énormes pertes. Il faudra analyser d’autres cas et présenter beaucoup de preuves avant de pouvoir parler d’une théorie confirmée. Il est toujours une grosse anguille sous roche, car l’auteur a passé un fait capital sans le commenter. Cela ne doit pas étonner de la part de Hagstrum. Il a prouvé ne rien connaître à l’orientation par la vue (lire ci avant), il n’accorde aucune importance à la possibilité de voir le soleil et il passe outre une petite phrase de sa propre prose qui dit textuellement: « Après enquête, la Royale Fédération Colombophile Anglaise a impliqué la responsabilité du désastre aux mauvaises conditions climatiques ». Il ne faut pas chercher plus loin. La cause du mystérieux désastre colombophile est bien là. Les associations ont qualifié le lâcher d’irresponsable et ont blâmé sévèrement ceux qui en ont donné l’ordre. Hagstrum n’a pas fait d’autres enquêtes ou suggestions. J’ajouterai un petit détail pour ma part. On suggère les lignes de vol du Concorde et des pigeons en cause se croisaient au-dessus de la Manche. S’il en est réellement ainsi, il est évident que de nombreux pigeons doivent avoir été frappés par l’énorme turbulence de l’avion supersonique. Quelques petits ajouts pour conclure. Dans l’intention de s’en servir pour la formulation de la théorie de l’acoustique dans l’orientation du pigeon et en raison de la perception des sons très légers, certains chroniqueurs veulent supposer que les pigeons pourraient percevoir l’approche d’un orage. D’autre part, on rappellera que Hagstrum a reçu la note « insuffisant » de la part du professeur Wallraff. Dans sa grande publication de 2001 , celui-ci relate que l’hypothèse selon laquelle les ondes infra soniques longues aideraient les pigeons à définir leur position sont très spéculatives. Que bien trop peu d’expériences ont été menées et que peu de détails ont été mentionnés concernant les évènements en cause. Il signale aussi que se sont produits des vols désastreux bien avant que volaient les Concordes; que les expériences sur l’intérieur de l’oreille du pigeon (qui capte les ondes) sont demeurées sans effet sur l’orientation etc.
Et il conclut: « Je ne vois aucune indication, ni aucune possibilité autorisant de prétendre que les infrasons pourraient être associés à l’orientation du pigeon voyageur »

[ Source: Article édité par Prof. Dr.G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]

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