La prévention des maladies au pigeonnier
C’est en plein été que je reçois de plus en plus de lettres d’amateurs qui se plaignent de toutes sortes de maux dont souffrent leurs pigeons après qu’ils ont été enlogés, même pour de simples dressages déjà. La promiscuité des paniers d’abord et ensuite les mauvais temps : brume, brouillard, pluie, rencontrés en cours de route malgré le service fédéral de renseignements colombophiles et la circonspection des bons convoyeurs sont les causes principales des concours désastreux que nous connaissons chaque année et qui provoquent trop souvent des pertes sensibles, à toutes les distances.
S’il n’y avait que les pertes dont sont les vic-times les sujets mal préparés pour affronter de grosses difficultés au retour des épreuves que nous leur imposons, ce serait déjà sérieux mais non catastrophique. Par malheur, il y a, en plus, les cas, bien plus nombreux, d’oiseaux qui rentrent, parfois en figurant en place honorable aux palmarès, totalement épuisés ou bien avec des yeux larmoyants, des nez grisâtres, un plumage sans lustre, des iris en partie décolorés après avoir volé contre un vent debout ou par une chaleur anormalement lourde. D’autres volatiles enhottés en apparente condition irréprochable semblent revenir trop à leur aise et comme on le dit « sans goût ».
Tous ne sont pas vraiment malades en apparence, mais il faut bien se dire qu’il y a presque toujours quelque chose qui cloche du côté de la santé quand les oiseaux ne donnent pas ce que leur manager en attend. Avant la guerre, on disait que ces voiliers souffraient du « mal invisible », ce qui pouvait signifier aussi bien un « coryza dit sec » qu’un dérangement intestinal, une trichomonose ou une anémie pernicieuse. La plupart des signes que le moins avisé des observateurs finit par déceler quand la forme ne vient pas visiter son équipe de vol, proviennent d’un manque à tout le moins partiel d’hygiène au colombier.
Dans mon article précédent celui-ci, j’ai évoqué les précautions à prendre pour assurer la santé des hôtes de nos installations. J’appronfondirai la question en étudiant avec vous, les maux qui sont susceptibles de rendre impossible la bonne tenue des oiseaux appelés à disputer avec succès les concours figurant au programme de nos sociétés.
LA VERMINOSE
Un des premiers sera la verminose et plus spécialement les vers ronds et les capillaires. Les vers ronds ou ascaris sont les plus facilement repérables car on les aperçoit à l’oeil nu, dans les fientes. Ils sont blancs ou jaunâtres et longs de deux à cinq centimètres. Une fois adultes, ils donnent de nombreux oeufs qui sont expulsés par les fientes également. Embryonnés, ces oeufs absorbés avec les graines entrées en contact avec les excréments non enlevés à temps du plancher et du fond des cases, donnent en 17 jours des larves qui deviennent des vers adultes en deux mois environ. On les retrouve dans les fientes en grand nombre, surtout au printemps et à l’automne. Quelques vers en petit nombre à l’époque des concours n’empêchent pas de beaux résultats sportifs.
Mais, à toute époque de l’année, il est indispensable de combattre l’ascardiose avec énergie car elle se fait très facilement virulente et peut provoquer ainsi de redoutables dégâts. Dans les fientes explusées en 24 heures par un pigeon atteint, on a pu dénombrer jusqu’à 12.000 de ces vers ronds. Un seul sujet malade est donc capable de provoquer d’énormes ravages dans un colombier mal entretenu et surtout dans une volière. Il n’y a pas de cure préventive contre l’ascardiose. On, guérit les sujets malades au moyen de pilules ou de tablettes à base de pipérazine ou de phénothiazine. Il faut les donner le matin à jeûne, après avoir enlevé l’abreuvoir jusqu’à la soirée et servi un repas léger.
La prévention consiste à gratter à fond les plan-chers et les fonds de casiers qui seront, en plus, nettoyés avec une solution sodique à 5 %. Les paniers seront également soumis à un tel nettoyage. L’idéal serait que les paniers de voyage seraient aussi désinfectés. Le sable sec répandu sur le plancher est un excellent moyen de com-battre l’ascardiose, à condition de le renouveler au moins une fois par semaine, si le colombier est humide.
A noter qu’en visitant un colombier infesté, il est possible de transporter le mal à la semelle de ses souliers.
Une solution bouillante à 2 % de carbonate de soude est à conseiller pour nettoyer le plancher et les accessoires, avant de réaccoupler au printemps et après avoir séparé en fin de campagne.
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Je ne parlerai pas du ver solitaire qui est rarissime chez le pigeon. Je ne connais guère de colombophiles qui en ont vu un seul dans toute une carrière sportive. Si par hasard, vous auriez un sujet atteint, tuez-le à moins que ce ne soit un oiseau de grande valeur. Dan ce cas, demandez à votre pharmacien une pilule à base de « staniol ». Elle suffira pour expulser le ver solitaire.
Mais une affection dangereuse est la capillariose, due à un parasite fin comme un cheveux qui mesure 8 à 20 mm et qu’on peut malaisément apercevoir sans l’aide d’un microscope. Les capillaires sont si minuscules qu’on ne s’aperçoit pas de leur présence dans les fientes des sujets qui en sont porteur. Leurs oeufs ne peuvent être dé-couverts qu’avec le microscope. Ils mesurent environ 50 X 30 millièmes d’un millimètre. Dans le corps du pigeon qui absorbe ces oeufs embryon-nés ceux-ci donnent une vingtaine de jours plus tard, des capillaires adultes.
Ce qui rend la capillariose très difficile à com-battre, c’est la très grande résistance des oeufs de cette sorte de vers. Ils restent contagieux durant près d’une année, même par une température inférieure à zéro. Par contre, ils ne résistent pas à une exposition en plein soleil où à l’eau bouillante (à partir de 60″ déjà).
Les oiseaux porteurs de capillaires. même bien nourris, perdent du poids, leur vitalité diminue, leur plumage devient terne et leur forme est vite anéantie dès qu’ils contractent la maladie.
Pour éliminer cette dangereuse affection, il faut commencer par sacrifier les sujets devenus incurables qui sont dangereux pour leurs congénères. On s’en aperçoit par leur amaigrissement rapide et leur dégoût pour les graines et la boisson.
On combat la capillariose par les mêmes moyens que ceux qu’on utilise pour lutter contre l’ascaridiose. Le plus sûr serait de laisser entrer le soleil, chaque fois que c’est possible, de manière à inonder le colombier entier et d’obtenir ainsi une extermination rapide et totale des vers et de leurs oeufs.
LES EMPOISONNEMENTS
On peut considérer comme poison tout ce qui est susceptible de nuire par absorption dans le corps. Le poison exerce communément son action sur l’estomac et l’intestin. Egalement sur les annexes du tube digestif, principalement sur le foie dont une des activités principales est la destruction des poisons .Le poison a des actions localisées sur différents organes mais également des actions éloignées qui suscitent des modifications du sang et du systèmes nerveux.
Les poisons sont d’origine minérale (engrais par exemple), végétale ( nielle des blés dont on trouve parfois des graines dans les céréales non nettoyées) et animale.
En dehors des engrais chimiques qui ne sont absorbés que par les oiseaux qui ont des jeunes à nourrir, les pigeons qui ont du sel de cuisine en permanence au colombier peuvent en prendre trop, ce qui nuit aux muqueuses et peut provoquer un épaississement du sang. Car cinq grammes peuvent déjà être une dose mortelle. J’ai toujours été adversaire de donner du sel aux pigeons, sauf en quantité très minime qui existe déjà dans les grits commerciaux. Ou bien une pincée de temps à autre, dans un abreuvoir con-tenant cinq litres d’eau. Certains amateurs rem-placent le sel de cuisine par du sel pour diabétiques mais je n’ai jamais tenté l’expérience. Le badigeonnage du plancher, des murs et des cases au moyen de lait de chaux présente aussi du danger si la couche est épaisse ou si le lait de chaux est additionné d’eau de javel (chlore) ou de creoline. Combien de fois n’ai-je pas vu des pigeons mal en point après avoir picoré de la chaux créolinée qui se détache facilement des murs !
A l’automne d’excellents amateurs anciens plongeaient les plateaux en bois ou en terre cuite dans un lait de chaux épais… mais après les avoir enlevés du colombier pour les y remettre après l’hiver, non sans les avoir soigneusement grattés pour enlever, la chaux et plongés ensuite dans de l’eau bouillante.
Les amateurs qui aiment de servir à leurs oiseaux en période de repos des déchets de battage ou des graines dites de moulin, s’exposent à des déboires sérieux s’il y a des graines de nielle des blés parmi ces déchets. Sans parler de graines de froment, de seigle, de pois, de féveroles, de vesces ou de maïs endommagés par les calandres ou la bruche du pois.
Même si les insectes sont sortis des graines avariées, il y reste leurs excréments qui sont extrêmement toxiques pour nos oiseaux.
[ Source: Article édité par M. Henry Landercy – Revue PIGEON RIT ]
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