La santé des pigeons
Débutant:
Mes pigeons ne « marchent » pas. Quelques petits prix, et cela me déçoit. Je ne sais vraiment pas quoi faire… Je me suis rendu chez mon vétérinaire qui m’a dit que la « tête » de mes pigeons était malade. Il m’a donné une poudre et m’a dit qu’après une semaine de repos mes pigeons remporteraient les succès que j’attendais d’eux… J’ai suivi son conseil. J’ai laissé mes pigeons une semaine au repos… mais voilà deux semaines de suite que ceux-ci savent à peine se classer en fin du concours.
Et la « science » dans tout cela… tu y crois encore? Est-elle capable de rétablir la santé de mes pigeons?
Victor:
Parmi les scientifiques il y en a qui disent qu’ils « savent », d’autres qui disent qu’ils savent qu’ils ne savent pas. Ces derniers sont rares. et les colombophiles ne rencontrent jamais, tant que je sache. un homme de la science qui dit au colombophile: « Je ne sais pas ce qu’ont tes pigeons. La seule chose à faire c’est de laisser tes pigeons se reposer pendant une semaine ou deux… »
Débutant:
Mais si mes pigeons ne se classent pas bien, c’est quand même la preuve qu’ils ne sont pas en bonne santé. Qu’en penses-tu?
Victor:
Au sujet de la santé, voyons un peu ce que feu le Dr. Carrel, prix Nobel de médecine et chercheur à l’Institut Rockfeller de New-York en pense. D’après lui, il y a deux sortes de santé: la santé naturelle et la santé artificielle.
Nous désirons la santé naturelle, celle qui vient de la résistance des tissus aux maladies infectieuses. Et non pas la santé artificielle, qui repose sur des vaccins, des serums, certains produits, des vitamines, des examens médicaux périodiques, et sur la protection coûteuse des docteurs. L’organisme doit être construit de telle sorte qu’il n’ait pas besoin de ces soins. La médecine moderne tend vers la production de la santé artificielle. Le colombophile doit comprendre que la simple administration au pigeon malade des substances chimiques dont il a besoin ne lui apporte pas la véritable santé. Il faut rendre les organes capables de se défendre par leurs propres moyens.
Débutant:
Mais comment?
Victor:
Par une sélection plus sévère, comme ce fut le cas il y a quelques dizaines d’années encore. Lorsqu’on voit la moyenne actuelle des pigeons par colombophile on doit bien se rendre compte que la sélection n’est plus ce qu’elle était alors. Notre santé à nous repose pour une part sur la santé naturelle de nos ancêtres.
Ils n’avaient, eux, pas l’aide de la science, comme nous la connaissons maintenant, pour réparer les carences du manque de résistance naturelle. Le nombre de produits pharmaceutiques et le nombre croissant d’hommes de la science ne font qu’augmenter, de même que le nombre de lits dans les hôpitaux… et les visites chez le vétérinaire.
Débutant:
Nos pigeons actuels auraient-ils moins de « vitalité » que leurs ancêtres?
Victor:
Je le pense. Et Ernest Duray m’a dit un jour: « il faut baser tout son espoir en n’élevant que de la race des pigeons qui ont une longue carrière sportive.
Les pigeons qui après un an ou deux ans de succès sont « finis », il faut s’en méfier comme de la peste. » Je crois qu’Ernest Duray a dit là une grande vérité. Quand on parcourt les résultats on y trouve de moins en moins des pigeons de quatre, cinq ou six ans. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques dizaines d’années.
Débutant:
C’est peut-être parce qu’on joue beaucoup trop les pigeonneaux et les pigeons d’un an…
Victor:
Cela est vrai en partie seulement. Mais je suis persuadé qu’avec tous les moyens artificiels utilisés pour « tenir les pigeons en bonne santé », on ne fait que diminuer la santé naturelle pour la remplacer par une santé artificielle. Charles Verbist me dit un jour qu’il devait ses beaux succès au fait que dans les ventes il achetait parfois un très vieux pigeon qui s’était bien défendu pendant de longues saisons. C’étaient d’après lui des pigeons avec une résistance naturelle extraordinaire.
Débutant:
Très vieux pigeons… me dis-tu. Mais toi, qui es un très vieux colombophile, dis-moi un peu comment les colombophiles faisaient quand un pigeon était malade… car il y a tant de maladies chez les pigeons.
Victor:
Halte là!
Primo, à cette époque déjà lointaine on ne parlait que de deux ou trois maladies, surtout du mal d’aile, du coryza ou du mal jaune. Secundo, la sélection était beaucoup plus sévère. Les « grands colombiers » Bricoux, Duray. Havenith, Fabry… dépassaient rarement le nombre de cent pigeons en hiver. Actuellement il faut doubler ou tripler ce chiffre comme s’il y avait plus de bons pigeons maintenant qu’à cette époque!
Non… mais toutes sortes de virus et autres ennemis de nos pigeons n’avaient aucune chance d’avoir la suprématie sur le pigeon. parce que la résistance naturelle, c.-à-d. la santé naturelle n’était pas tant handicapée qu’actuellement par une assistance outrée de nos pigeons.
Débutant:
Si on applique ton raisonnement au genre humain, on pourrait presque dire qu’à l’avenir la plus grande pollution du genre humain consistera dans le remplacement de la santé naturelle par une santé artificielle… comme le prévoyait déjà Alexis Carrel!
Victor:
Peut-être… et même probablement!
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
Le bain, la poudre et le duvet – pigeon voyageur