La sélection annuelle de pigeons
Débutant:
Aurais-je tort de prétendre que, pour devenir champion de pigeons et pour se maintenir à un haut niveau, la sélection est le facteur le plus important?
Victor:
Non, tu n’as pas tort, tu as raison, parce que tout ce qui a survécu sur terre doit son existence à sa victoire dans la lutte sélective réglée à la perfection par la nature.
Débutant:
Si nous connaissons donc les principes de sélection dans la nature, nous nous approcherions de la perfection en matière de sélection de nos pigeons.
Victor:
En effet… mais nous ne connaissons que quelques principes de la sélection naturelle, pas tous, car la nature est un grand mystère dont nous n’avons pu dévoiler que quelques aspects.
Pourtant nous allons tâcher, ensemble, de les appliquer à la sélection de nos pigeons.
Il y a un premier principe: ce ne sont pas les plus forts qui survivent mais ceux qui savent le mieux s’adapter. Et là l’intelligence vient jouer un rôle. Si d’ailleurs il n’en était pas ainsi, il n’y aurait pas de progression possible, car on ne progresse pas vraiment par la force, mais par l’intelligence. Plus on peut embrasser de son regard une situation complexe (intelligence), plus on pourra s’y adapter et survivre. On pourra dominer son milieu au lieu d’en être l’esclave. Le pigeon qui est doué de cette qualité s’orientera mieux et s’adaptera à un milieu qui n’est pas son milieu naturel.
Il sera plus facilement « domestiqué ». Ce sont d’ailleurs les animaux les plus intelligents qui se prêtent le mieux à la domestication.
Débutant:
Mais comment juger du fait que tel pigeon est plus intelligent que tel autre.
Victor:
A leur comportement. L’observation du comportement d’un pigeon est ce qu’il y a de plus passionnant en colombophilie.
Sais-tu que feu Georges De Jaeger, le fameux champion de Melden, me disait un jour que dans la sélection de ses pigeonneaux il écartait ceux qui changeaient toujours de place au colombier.
Il n’avait confiance qu’en ces pigeonneaux qui étaient fidèles à leur petite place au colombier, toujours la même.
Eh bien, cher ami, cela s’appelle de la sélection sur l’intelligence du pigeon. Et il y a ainsi d’innombrables comportements du pigeon qui peuvent nous guider dans cette sélection spécifique.
Il n’y a pas à dire: il y a des pigeons qui sont bêtes… et d’autres qui le sont moins. C’est un point capital dans la sélection que de les départager en les observant dès le sevrage. Je dirai autre chose: il y a surtout des races intelligentes à l’instinct éveillé, et d’autres qui ne le sont pas. C’est là la différence entre les bons et les mauvais pigeons, si, physiquement, ils sont également doués.
Débutant:
Je suis d’accord avec ces principes, mais, dans la pratique, comment voir la différence?
Oui, en consacrant beaucoup de temps à l’observation de ses pigeons, on doit pouvoir faire une certaine sélection, mais encore à condition de n’avoir pas trop de pigeons!
Victor:
Là tu donnes la réponse complète: beaucoup de temps pour observer, et peu de pigeons.
Débutant:
… et un peu d’intelligence dans la tête du colombophile!
Victor:
L’intelligence, cher ami, est, plus souvent qu’on le croit, aussi une question de volonté, et la volonté vient avec l’amour de ce qu’on fait.
Débutant:
Voilà une belle conclusion. Mais quel est, à ton avis, le second principe dans la sélection?
Victor:
C’est la vitalité du pigeon.
Débutant:
Là je n’ai pas de problème, car tous mes pigeons sont en excellente santé – et je ne pourrais donc en éliminer aucun. Car je suppose que vitalité et santé sont synonymes.
Victor:
En es-tu si sûr?
Car si santé et vitalité ont « à peu près » le même sens, il n’en est pas de même si on fait une petite expérience sur des pigeons paraissant en excellente santé.
Il y a un système pour tester la vitalité d’un pigeon. Et j’entends ici par vitalité, cette énergie, ce dynamisme de l’organisme à conserver le plus longtemps possible ses forces vitales. Ce système consiste à laisser les pigeons jeûner complètement pendant trois ou quatre jours après la mue, et de les examiner alors, pour les comparer avec ce qu’ils étaient au moment où on a cessé de les nourrir.
Il faudrait faire cette cure plusieurs fois par an… J’en ai déjà parlé très souvent.
Débutant:
Tu parles de nous… ou de nos pigeons?
Victor:
Des deux! Mais revenons à la sélection: il est évident que le pigeon qui a relativement perdu le moins de poids après 4 jours sans nourriture possède l’organisme qui est capable de fonctionner avec le plus d’économie, donc les organes les plus sains et les plus résistants. Cela a une importance capitale quand on réfléchit au fait que nos pigeons ne s’alimentent pas en cours de vol, et que l’économie, avec laquelle fonctionne leur organisme, va donc conditionner leur puissance de vol au fur et à mesure que l’effort se poursuit.
Débutant:
Cela me semble parfaitement logique. Mais à part l’intelligence et la vitalité il y a encore certaines qualités physiques qui facilitent le vol, et dont nous devons tenir compte dans la sélection de nos pigeons.
Victor:
Nous avons parlé des grands principes de base qui régissent la sélection qui s’opère dans la nature. Nous en tenons souvent trop peu compte quand nous parlons de la sélection de nos pigeons.
Nous parlerons une prochaine fois des qualités physiques extérieurement décelables.
Noël De Scheemaecker
Notices:
- Il y a des pigeons qui sont bêtes… et d’autres qui le sont moins.
- Ce ne sont pas les plus forts qui survivent mais ceux qui savent le mieux s’adapter.
- Il ne faut pas avoir peur de laisser jeûner ses pigeons pendant quatre jours. C’est d’ailleurs une excellente cure – la meilleure de toutes – car cette cure élimine les toxines de l’organisme et fait déguerpir la plupart des parasites.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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