La vague de chaleur sur les pigeons
12 mars 2021 Par admin

La vague de chaleur 1991 sur les pigeons

La vague de chaleur sur les pigeons

A l’heure où paraîtront ces lignes, beaucoup parmi vous auront déjà oublié la saison sportive 1991. Et pourtant il me paraît très important de faire un bilan qui va nous permettre d’en tirer sur différents plans, des renseignements utiles. Cela fait 3 ans que nos pigeons ont à affronter un été torride. Tout le monde sait que le « zéro thermique » du pigeon se situe aux alentours de 25°C. C’est-à-dire qu’à cette température ambiante, le pigeon ne doit ni « faire de la chaleur » pour conserver sa température corporelle (environ 40°C) ni lutter contre un excès de chaleur en augmentant, en particulier, sa ventilation respiratoire. Donc lorsqu’il fait nettement plus de 25 – 30°C, le pigeon doit faire baisser sa température corporelle de manière à la maintenir autour de 40°C, sachant que le mouvement et en particulier le vol, produisent une chaleur supplémentaire (le travail ça donne chaud). Pour cela le pigeon va accélérer son rythme respiratoire, c’est-à-dire augmenter sa consommation d’air, donc d’oxygène. Cette consommation d’oxygène qui diminuait lentement quand la température montait de O à 25 -30°C, augmente brutalement et énormément au-dessus de cette température. C’est dire si l’aération dynamique des colombiers prend encore plus d’importance par fortes chaleurs. Le problème de l’agencement des camions de transport se pose alors également avec acuité. Dans quel état physique et physiologique se trouvent les 3 ou 4.000 pigeons d’un camion mal aéré après 35 ou 48h de séjour en panier?
Savez-vous que 4.000 pigeons exigent déjà, par température normale, 93 m° d’air pulsé par minute, je dis bien, par minute. Combien répondent à ces normes?
Si au niveau de la peau, l’évaporation est assez faible du fait des propriétés isolantes du plumage, la ventilation intense de tout l’appareil respiratoire provoque l’évaporation accélérée de l’eau corporelle.



Les échanges gazeux se font sur toute la – très grande – surface de l’appareil respiratoire: un pigeon de 400 g a une surface respiratoire (celles des capillaires aériens et sanguins) de 1.600 cm: soit celle de 3 pages de ce journal.
L’élimination de l’eau corporelle sur une telle surface et ce, au moins 40 à 60 fois par minute est donc intense. Malgré la formation de l’eau organique, comme nous l’a expliqué récemment le professeur Van Grembergen, au cours du travail musculaire, et les réserves circulantes (sang), la déshydratation va frapper les pigeons. Il n’est que de constater le doublement, voire le triplement de la consommation au colombier par temps très chaud, pour estimer ce que cela va être lors du vol de retour. Si l’abreuvement au cours de ce vol de retour est affaire du pigeon lui-même et de son métier, la consommation pendant le transport vers le lieu de lâcher est une autre histoire.
Par delà les plus ou moins bonnes installations d’abreuvement dans les camions, l’aptitude à boire au panier doit être cultivée par l’amateur lui-même. C’est un enseignement au moins aussi indispensable que l’entraînement, et maints désastres en pigeonneaux par temps chaud n’ont pas d’autres causes qu’une débandade immédiate après le lâcher, à la recherche d’un point d’eau. Avant d’entraîner les pipants, un séjour de plusieurs jours au panier avec mangeoire et abreuvoir extérieurs s’impose absolument.
Les grosses chaleurs provoquent donc des bouleversements physiologiques importants. Les installations pigeonnières qui répondent habituellement et par temps normal aux besoins physiologiques du pigeon (aération – sécheresse -régularité convenable de la température etc.) peuvent ne plus y répondre aussi bien et l’amateur n’en ayant pas conscience, ne va pas y remédier. Ainsi se trouvent réunies les conditions d’une chute de santé avec apparition de divers malaises plus ou moins caractéristiques.
Le premier en fréquence est tout simplement la trichomonose. Nombre de pigeons, adultes ou jeunes, font une crise et l’on voit la tristesse apparaître, les volées baisser. Puis les éternuements, les baîllements, les yeux humides, les plumes des jeunes se soulever (tête de hibou ). C’est le cortège du coryza virus, microbes, trichomonose. L’un ou l’autre pipant se met à haleter et meurt en quelques heures: mycoplasmose des sacs aériens, voire cardiaque. Un vieux ou un pipant plus avancé râle un peu: même origine. Et cela alors que tout avait bien été depuis le début de saison. Comme toujours, le milieu, devenu défavorable au pigeon, a permis l’explosion des microbismes latents.



Et maintenant il faut rétablir la situation. Les traitements existent bien sûr, et ils vont donner très vite de bons résultats s’ils mettent en oeuvre des remèdes bien adaptés et s’ils sont complets. L’homme de l’art est là pour organiser. Mais le bon résultat ne sera solide que si on a remédié aussi à l’environnement défavorable. Bien sûr, si le temps change et se rafraîchit, tout va bien. Mais si la chaleur persiste, les installations devront être adaptées à cet état de choses.
Un ventilateur électrique, quelques pannes surélevées, une fenêtre ouverte de l’autre côté, assurant un petit courant d’air régulier peuvent apporter la solution. Comme toujours, l’amateur est seul juge chez lui. Encore faut-il qu’il accepte le principe du changement utile et quelques vérités.

Doct. Vét. J.P.Stosskopf


Notices :

  • Il est très, très important que ceux qui accompagnent les pigeons. en train ou en camion, aient conscience de la quantité d’air dont ont besoin les pigeons dans le wagon ou le camion. Et plus il fait chaud, plus le pigeon a besoin d’air parce que son rythme respiratoire augmente. 4.000 pigeons transportés par un camion par exemple ont besoin de 93 m3 d’air par minute. Les contrôles devraient être très sévères et fréquents surtout pendant un été comme on a connu cette année.
  • L’aération au colombier doit être adaptée à la chaleur.
  • Le zéro thermique du pigeon se situe aux alentours de 25°C.
  • L’aptitude à boire au panier doit être cultivée par l’amateur lui-même. C’est un enseignement au moins aussi indispensable que [‘entraînement. Maints désastres en pigeonneaux par temps chaud n’ont pas d’autres causes qu’une débandade immédiate après le lâcher, à la recherche d’un point d’eau.

[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ] 

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