Lâchers reportés – pigeon voyageur
Le temps qu’il fait au moment du lâcher étant tout à fait aléatoire, les lâchers reportés de pigeons voyageurs sont relativement fréquents. Les convoyeurs sont alors mis à contribution supplémentaire et reçoivent l’ordre de nourrir les pigeons.
Le dernier repas des pigeons pour les concours de vitesse et 1/2 fond à 1 ou 2 nuits de panier date habituellement de 36 h. Par exemple du vendredi soir pour enlogement vendredi soir ou samedi matin et lâcher le dimanche matin. Remarquons au passage l’erreur de donner à manger (hormis une pincée de dessert peut-être) 24 h ou moins avant le lâcher: des pigeons n’ont pas assez bu et ou boiront trop tard et n’auront pas le jabot vide au moment du lâcher. Et de toute façon, les principes nutritifs issus de la digestion de ce dernier repas n’auront pas le temps d’être métabolisés, donc seront inutiles (et le pigeon, n’ayant pas faim, rentrera…. s’il en a envie à l’arrivée). La plupart des dirigeants donnent aux convoyeurs de quoi nourrir à volonté dès l’annonce du report du lâcher.
Est-ce la bonne méthode? Et quelles graines sont les plus adaptées à ces circonstances?
Devant la multiplicité des opinions et me souvenant des sérieux ennuis constatés il y a bien des années à un lâcher de Perpignan reporté plusieurs jours pour n’être effectué que le mercredi (une bonne vingtaine de pigeons incapables de s’envoler et quelques accidentés au départ), j’ai entrepris un essai sur 10 jours avec 3 équipes de 6 pigeons tenus en panier de voyage. Bien sûr, quand le lâcher est effectué le lendemain du jour prévu, et même le surlendemain, le problème n’est pas très grave. Les pigeons ne risquent pas grand chose. Mais reconnaissons qu’il n’appartient pas aux organisateurs et aux convoyeurs de modifier l’état de corps des pigeons par une ration surabondante ou au contraire très congrue. Mais, quand, comme lors de ce Perpignan, on est contraint d’attendre plusieurs jours pour lâcher, portant ainsi le séjour en panier à 8 jours pleins, des désordres physiologiques sont à craindre: l’inaction et la richesse de la ration font apparaitre de l’acidose: troubles locomoteurs, muscles bleus, atteinte hépatorénale. De là les incidents constatés, frappant plusieurs pigeons de grande valeur.
J’ai toujours conseillé une ration d’entretien de 15 à 20 g par pigeon et par jour d’attente. Cela est évidemment valable pour les concours de fond et grand fond avec plusieurs jours de panier. Mais je voulais depuis longtemps confirmer – ou infirmer – cette opinion.
La première partie de l’expérimentation consiste à voir de combien maigrissent les pigeons soumis à la diète totale, étant bien entendu qu’en aucun cas ils ne sont privés d’eau à volonté. L’essai dure 6 jours. Les pigeons (femelles) sont pesés chaque jour, à la même heure (10 h.). A partir du 3e jour, chaque pigeon maigrit de 10 à 15 g par jour, de façon irrégulière (par ex. un jour il a perdu 10 g, le lendemain il en a perdu 15, le surlendemain 10 etc.). Dois-je ajouter que la pesée est effectuée avec une balance de précision (au gramme près)? Pour la 2e partie de l’essai, nous devons donc fixer la ration nécessaire et suffisante pour que les pigeons gardent leur poids d’enlogement.
Les 18 pigeons de l’essai sont répartis en 3 bandes: 6 recevront 15 g de nourriture par jour, 6 recevront 20 g, 6 recevront 30 grammes. Dans chaque bande, 2 reçoivent du mélange classique (30% de légumineuses, froment, maïs, orge, 3% colza), 2 reçoivent maïs pur, 2 reçoivent pois verts purs.
Parmi les 18 pigeons d’expérience, il y a 4 demi tardifs qui n’ont pas connu le panier de société ou la case individuelle. Ceux-là sont très désorientés et ne se mettront à manger que le 3e jour, malgré la présence « sous leur nez » de la mangeoire. C’est une notion utile quand on enloge par temps douteux.
Première constatation: tous les pigeons ont maigri, quelle que soit la ration, sauf deux: l’un a gardé son poids (avec 20 g/jour de mélange), l’autre a gagné… 4 grammes (avec 30 g de mélange).
Deuxième constatation: avec 30 g/jour, les pigeons gâchent un tiers voire la moitié de la ration. Evidemment surtout froment et orge.
Troisième constatation: c’est avec 20 g/jour que les poids d’enlogement diminuent le moins en moyenne.
Quatrième constatation: c’est avec 20 g de mais/jour que les pigeons de la série ont le plus maigri (25 et 30 g). C’est avec le mélange (25% pois, 25% maïs 25% froment, 25% orge) qu’ils se sont le mieux maintenus.
Remarquons cependant que la petite taille des grains de froment et d’orge font qu’ils s’infiltrent facilement dans la paille ou les copeaux.
Nous en sommes là. Remarquons qu’avec les rations distribuées (15-20-30 g) pendant 6 jours consécutifs, aucun trouble, en particulier locomoteur (paralysie des muscles du vol), n’a été constaté à la remise en liberté des pigeons de l’essai.
Doct. Vét. J.P. Stosskopf
Notices:
- Selon le Dr. Stosskopf c’est une erreur de donner à manger 24 heures ou moins avant le lâcher: les pigeons n’ont pas assez bu et ou boiront trop tard et n’auront pas le jabot vide au moment du lâcher. De toute façon, les principes nutritifs issus de la digestion de ce dernier repas n’auront pas le temps d’être métabolisés, donc seront inutiles…
- Pour des pigeons enlogés le Dr. Stosskopf recommande une ration d’entretien de 15 à 20 g par pigeon et par jour d’attente. 30 g est trop, les pigeons gâchent un tiers voire la moitié de la ration.
[ Source: Article édité par Dr. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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