Lacher pigeon voyageur
30 septembre 2020 Par admin

Lâchers retardés de pigeons voyageurs

Lacher pigeon voyageur

La responsabilité des lâchers des pigeons est toujours lourde. Je l’ai connue pendant 25 ans en tant que président de 1.800 amateurs. Mais heureusement, il y a le beau temps, sans problème, et le mauvais, sans problème non plus (on attend). C’est entre les deux que ça se gâte. Faut-il, ne faut-il pas? Premier point sur le plan intellectuel: consulter les différents responsables (à des titres divers: météo – administrateurs – responsables sportifs) discuter avec eux, puis savoir résister aux pressions qu’elles soient positives ou négatives. Ce n’est pas facile. Dans la décision finale, la météo joue un rôle primordial. Mais ce qu’ignorent la plupart des amateurs, c’est que la météo « pigeons » n’est pas la météo de tout le monde. Nous nous adressons à des météorologistes de champ d’aviation, maritimes, voire simplement touristiques. Aucun ne répond absolument à nos besoins, tout cela faute d’un travail en commun. J’ai connu un problème un peu semblable en ce qui concerne les recherches médicales. Il faut orienter les recherches, au risque de diagnostics aberrants ou sans intérêt. Les tentatives faites il y a quelques années en Belgique ont échoué pour des raisons non scientifiques que – en toute indépendance – nous ne pouvons que regretter. Mais les responsables doivent savoir que seuls des travaux de longue haleine donc coûteux, pourront donner des résultats et éviter les hécatombes qu’ont connu certains concours récents.
Les éléments en présence dans la décision de lâcher ou ne pas lâcher sont de quatre ordres: température – vitesse et orientation du vent – visibilité -hygrométrie.
Les pigeons s’orientent mal à des températures inférieures à 7-8°C. En début de saison, on a intérêt à attendre la mi-matinée tant que cette température minimale n’est pas atteinte.



Les durées comparées des concours lâchés au même lieu à une ou deux heures de différence en avril, sont très significatives. Mais actuellement c’est de grosses chaleurs qu’il s’agit. Ces grosses chaleurs ont deux incidences liées entre elles: déshydratation rapide des pigeons, nécessité de boire souvent. La déshydratation crée la soif. Au panier, cela s’arrange à la condition expresse que le pigeon sache y boire. Si les vieux routiers n’ont aucun problème, il n’en va pas de même des débutants. Un de mes amis m’a conté sa tristesse lors d’un lâcher-spectacle à 9h du matin à Rouen de 20.000 pigeonneaux hollandais en ’76: « Nous avons inondé les abreuvoirs, charrié des centaines d’arrosoirs d’eau et quasi aucun ne buvait. Nous avons appris par la suite que cela avait été un désastre ». L’entraînement à « boire au panier » est donc aussi important que l’entraînement au vol et à l’orientation. Ensuite il y a la déshydratation normale pendant le vol qui, pour les longues étapes de fond, exige l’abreuvement dans les mares ou les rivières survolées. Ce qui n’est pas toujours facile et sans danger.
La vitesse et l’orientation du vent conditionnent la rapidité du vol de retour. Par vent contraire, le pigeon vole bas (d’où des dangers physiques: fils- voitures etc…) et « tire des bords » -comme les voiliers – ce qui allonge la distance parcourue, et toutes ses conséquences. La conjonction « température élevée + vent contraire » est une donnée négative et contient en puissance une grande difficulté du concours. Si on y ajoute la pluie, tous les facteurs du désastre sont réunis. La pluie, même intermittente, sous forme d’averses passagères, est alors un facteur aggravant. Par contre, on peut affirmer qu’elle n’a pratiquement pas d’incidence par vent poussant. Une des rares certitudes qu’on ait. Il n’y a jamais de mauvais concours par vent de queue. La journée du 4 juillet en a été une illustration tout à fait caractéristique: tous les lâchers effectués malgré les menaces d’averses (qui sont tombées comme prévu) se sont parfaitement déroulés et à des vitesses oscillant entre 14 et 1700 m/minute. Ceux effectués le 7 ou le 8, malgré un temps apparemment plus dégagé mais avec un fort vent N-NE très chaud, ont été très pénibles et quelques-uns catastrophiques. Reste la visibilité. Elle est conditionnée par la vapeur d’eau de l’atmosphère. Lorsque cette vapeur d’eau émane du sol humide (brume de beau temps), elle n’a aucune incidence sur le vol des pigeons. Je me souviens, dans les années 50, avoir vu tomber chez mon ami, feu le Commandant Vanderlinden, son « phénomène » d’un St-Vincent, vers 6h du matin, surgissant d’un brouillard d’une telle épaisseur qu’on n’y voyait pas à 15 m. Le pigeon y remportait le 8e national.



La couche de brume n’a alors que faible épaisseur et les pigeons volent au-dessus sans difficultés. Le report pose le problème de l’entretien des pigeons sur le lieu de lâcher. Tout d’abord le camion. Quiconque est monté dans un camion de paniers de pigeons sait que la température y devient intenable très rapidement. Si la température extérieure est élevée, cela va encore plus vite. L’aération dynamique du camion est donc une obligation absolue. Le mouvement d’air doit être, pour un bon camion de 4.000 pigeons de 93m3 par minute. Cela suppose plusieurs ventilateurs de 35-40 cm de diamètre en activité permanente. Combien de camions – pourtant agréés par nos instances nationales – sont ainsi équipés? Il va sans dire que l’abreuvement doit être renouvelé plusieurs fois par jour. En ce qui concerne la nourriture, les responsables ne doivent jamais oublier que le pigeon n’ayant pratiquement aucune activité physique dans l’attente du lâcher, il importe de ne lui apporter que le nécessaire, c’est-à-dire 15 à 20 g. par jour de mélange, soit 1/2 boîte de conserve (1/2 I) pour un panier de 20 pigeons. Sinon, si l’attente se prolonge, on risque l’apparition de phénomènes d’acidose avec incapacité de voler, paralysies etc. qui éliminent des concurrents qui n’y sont pour rien. Alors, quand on voit revenir des paniers vides avec des centaines de graines de mais mêlées aux fientes et à la paille de litière, on peut dire que les pigeons y ont été soignés généreusement mais en dépit du bon sens.

Doct. Vét. J.P. Stosskopf


Notices :

  • L’entraînement à boire au panier pour les jeunes pigeons est aussi important que l’entraînement au vol et à l’orientation. Le problème de la soif peut devenir dramatique par grosses chaleurs pour des pigeons transportés en masse dans un espace réduit. Il faut alors que le pigeon boive souvent car la déshydratation est très rapide.
  • La météo « pigeons » n’est pas la météo de tout le monde.
  • Les pigeons s’orientent mal à des températures inférieures à 7-8°C.

[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ] 

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