L’adénovirose et les pigeons
L’adénovirose devient « à la mode ». En fait cela tient à ce que les laboratoires posant un diagnostic complet depuis un pigeon vivant, effectuent d’abord une prise de sang qui leur sert à préciser tout le tableau pathologique du pigeon. Le sang est la matière première des « séroagglutinations », techniques employées en particulier pour diagnostiquer une ornithose, une paramyxo, une adénovirose éventuelles. Le virus laisse des tracés sanguines de son passage ou de sa présence mais on peut rarement (et à quel prix de revient! l) le mettre lui-même en évidence.
L’existence des adénovirus a été précisée pour la première fois sur de jeunes soldats atteints de symptômes épidermiques de trachéite, bronchite, diarrhée inexpliquées et résistant aux traitements classiques. En fait, ça n’était qu’un épisode dans le problème des virus dont on ne connaît pas encore grand chose. Car il en est des virus comme des microbes. A côté du virus particulièrement actif (poliomyélite- sida-paramyxo) s’attaquant au système nerveux ou au sang, d’autres bien connus sont beaucoup moins graves (rougeole- coqueluche- variole du pigeon- herpes virus) et ne sont que rarement mortels. D’autres enfin « passent », créant des troubles plus ou moins nets puis disparaissent sans laisser d’autres traces que sanguines: les anticorps que l’organisme a fabriqués pour se défendre. Ce sont eux que la séro-agglutination met en évidence. Ils sont dits « spécifiques », c’est-à-dire qu’ils ne s’adressent qu’à un seul virus (ou microbe) et à aucun autre même très proche.
Voilà comment on apprend que ses pigeons ont l’adénovirose. Il faut se réjouir du fait que des diagnostics aussi détaillés peuvent être posés pour nos pigeons. Mais il faut aussi que l’amateur, sur les conseils et après explication de son vétérinaire, puisse faire la part des choses.
Dans ce diagnostic, apparaissent aussi plusieurs souches de microbes (staphylocoque-colibacille- klebsielle-salmonelle) possibles, tout comme mycoplasmes, chlarmydies (ornithose, elle aussi diagnostiquée par séroagglutination) paramyxo etc. etc. Tout est possible. Mais aucun pigeon ne présente que de l’adénovirose. Alors quelle est la part du virus et celle des germes associés (de sortie- de circonstance) dans l’apparition des symptômes? Tout ce qu’on peut dire à coup sûr, c’est que le virus « fait le lit » des microbes de sortie, jusque là inoffensifs parce que tenus en respect par l’organisme sain. C’est une notion médicale tout à fait classique: on connaît le même processus dans la grippe humaine (virus puis complications pulmonaires par te pneumocoque, intestinales par le colibacille etc.)
Nous sommes actuellement sans médicament curatif de la plupart des maladies à virus. Si nous avons, à titre préventif, de bons vaccins contre la variole (poquettes), la paramyxo, il n’existe aucun vaccin contre les adénovirus tant en médecine humaine que vétérinaire, colombophile entre autres. Et puis, pourquoi faire? Un jour, Jef De Scheemaecker me raconte: « X a eu un bon coup d’adénovirose dans ses pigeonneaux. Il a employé un certain nombre d’antibiotiques, sans résultats, jusqu’au jour où on lui a indiqué le Bactrim et l’affaire a été guérie en 3 jours ». J’éclate de rire parce que le Bactrim est un sulfamide moderne potentialisé par une « antivitamine » (vitamine à la croissance et à la multiplication de certains microbes) appelée Trimethoprim. C’est un bon anticolibacille, antisalmonellique entre autres. Mais d’activité nulle contre les virus. En fait les pigeonneaux avaient eu une crise d’adénovirose compliquée d’une colibacillose aiguë, probablement (tristesse- diarrhée-amaigrissement) que le Bactrim avait résolue, aucun des antibiotiques précédemment utilisés n’étant actifs contre le colibacille (ou autre germe) surajouté.
Que conclure de tout cela?
Lorsque le diagnostic d’adénovirose est posé, il faut s’enquérir de la nature des germes associés mis en évidence en même temps, et à quels produits ces germes se sont révélés sensibles (antibiogramme).
C’est sur ces bases que le traitement sera fait, suffisamment longtemps, et jusqu’à disparition totale des symptômes et retour à la santé (volées, appétit, état de corps, mue etc.).
Après le traitement, une cure de vitamines favorisera la convalescence et en particulier l’élimination naturelle du virus. Comme d’habitude, une désinfection (après nettoyage minutieux) par pulvérisation d’un antiseptique liquide non odorant, en fin de traitement, est absolument nécessaire. Cette adénovirose, dans ses symptômes, n’a rien à voir avec la paramyxo. S’il y a souvent de mauvaises fientes, comme nous l’avons vu plus haut, plus ou moins vertes, tristesse, manque d’appétit, ces symptômes n’ont rien à voir avec la diarrhée inondante (et le torticolis et paralysies) de la paramyxo. Alors du calme s’il vous plait.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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L’adénovirose – pigeon voyageur
Le courrier des lecteurs n°8– pigeon voyageur