17 octobre 2020 Par admin

Le bain, la poudre et le duvet – pigeon voyageur

Tous les amateurs savent combien les pigeons aiment à se baigner. Ils y vont – à bain libre -ou moins une fois par semaine -deux si le temps est très chaud, mais guère plus.
Première constatation. Quels sont les effets du bain? Généralement froid, il mobilise les fragments de l’épiderme desquamé (l’épiderme se renouvelle « par en dessous » et les fragments morts s’en détachent), les houppes du duvet prêt à tomber; les barbes et barbules usées des plumes de couvertures et autres. Enfin, il provoque par sa température une réaction nerveuse (sensation de fraicheur au niveau de la peau) qui provoque d’abord la diminution du diamètre des vaisseaux sanguins cutanés (dans le derme) – on dit une vasoconstriction – pour lutter contre cette brutale déperdition de chaleur, puis une vasodilation (les vaisseaux augmentent leur diamètre donc leur débit sanguin ) pour compenser la perte locale de chaleur. C’est ce choc nerveux qui est recherché sur le plan sportif.

Lorsque le bain est chaud (30° C environ), cet effet thermique est très diminué évidemment, et on constate plutôt une simple relaxation au niveau organique. Ce bain chaud, à peu près toujours forcé, est surtout donné au retour du concours. Mais quelle qu’en soit la température, ce bain a toujours un effet lessivant sur le plumage. Tout le monde sait que le pigeon en bonne santé, imprègne son plumage d’un liquide qu’il prend sur la face supérieure de son croupion (« l’as de pique ») au sortir d’une glande appelée glande uropygienne dont l’orifice apparaît comme un petit bouton saillant d’1/3 de cm de la peau. Cette glande, formée de deux parties coiffées d’une citerne de réserve, produit un liquide chimiquement très complexe formé de graisses, de phospholipides, de sucres, de diastases. C’est ce liquide imperméabilisant que le pigeon prélève avec son bec à l’orifice de la glande uropygienne et dépose peu à peu sur tout son plumage. Ce liquide sèche sur la plume, lui donnant le « vernis » brillant du pigeon en bonne santé (le pigeon malade ne s’entretient pas, la production de la glande diminue…). Le liquide uropygien n’est pas la seule source du « vernis » mais aussi diverses productions épidermiques de desquamation plus ou moins grasses. La teneur de la ration en matières grasses y joue un rôle important. Si ce vernis est peu soluble dans l’eau mais il l’est quand même, et a fortiori dans l’eau tiède. Résultat: au sortir du bain, le pigeon s’est nettoyé – il n’y a qu’à voir la couche de pellicules qui surnage – mais il n’a plus beaucoup de sa « poudre » qui provenait du vernis uropygien desséché et des différentes productions transcutanées. Autant dire tout de suite qu’il est plus perméable à la pluie. Alors posons le problème: faut-il baigner les pigeons de concours la veille ou le matin de l’enlogement?

Tout d’abord, relativisons. Si une partie du vernis est partie, il en reste pas mal. Sinon les canards couleraient. – C’est d’ailleurs ce qu’ils font quand on met dans l’eau de la mare un détergent (type liquide à vaisselle) qui, lui, lessive totalement le plumage. Ensuite, entre le bain et le lâcher, le délai permet au pigeon de reconstituer la totale protection de son plumage. Il n’est qu’à voir d’ailleurs comment les pigeons soignent leur plumage, alors qu’ils sont au toit: ils commencent par se prélasser au soleil, couchés sur un flanc, une aile étendue, puis l’autre. Et ensuite, ils commencent à fourrager dans leur plumage avec leur bec. Ils remettent du liquide uropygien sur leur plumage, tout simplement.
Bien sûr, on a cherché à encore améliorer la nature par l’emploi de produits pour le bain. Les uns sont à base de borates alcalins et cicatrisants, les autres à base de talc (souvent additionné d’antiparasitaires -poux – etc.) qui forme sur le plumage un poudrage immédiat. Leur usage ne saurait être déconseillé.
L’enthousiasme des pigeons en bonne santé à pénétrer dans l’eau du bain doit nous rassurer. La plupart des réactions animales sont instinctives.
J’ai vu au hasard de mes pérégrinations vétérinaires dans la plaine, de nombreuses fois, des pigeons ( sauvages, domestiques ou voyageurs) se baigner dans les larges flaques d’eau de pluie des chemins creux.
Je sais bien que l’exploitation sportive du pigeon voyageur est contre nature, mais sûrement pas au chapitre « Bain ».

Doct. Vét. J.P.Stosskopf

Notices :

Au sortir du bain, le pigeon s’est nettoyé mais il n’a plus sa « poudre » provenant du » vernis » du plumage. Il est à ce moment plus perméable à la pluie. On peut dès lors se poser la question si pour un concours de vitesse avec enlogement la veille au soir, il est souhaitable de donner un bain le jour de l’enlogement. Mieux vaut en fait le donner la veille ou mieux encore, le lendemain du retour.
Un pigeon en bonne santé, imprègne son plumage d’un liquide imperméabilisant. Ce liquide est pris sur la face supérieure du croupion, au sortir de la glande uropygienne qui produit un liquide chimiquement très complexe formé de graisses, de phospholipides, de sucres et de diastases.

[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]